En Blu-ray et DVD : En 1991, Oliver Stone, alors au faîte de sa gloire, sort en salle JFK, un film-fleuve, un film fou, qui remet en cause la thèse officielle sur l’assassinat du président John F. Kennedy à Dallas, en 1963. L’Atelier d’images propose une version collector complète qui met en valeur cette œuvre clé à bien des égards et l’accompagne de compléments passionnants.
Le 22 novembre 1963, JFK est assassiné à Dallas. Un suspect,
Lee Harvey Oswald, est rapidement arrêté. Le fusil qui a tiré les trois balles
sur le président a été retrouvé sur son lieu de travail, un immeuble qui donne
sur le parcours emprunté par le cortège officiel. Oswald crie son innocence
mais n’aura pas le temps de s’expliquer : il est abattu par Jack Ruby
alors qu’il sortait du commissariat, encadré par de nombreux policiers. Dans
l’avion qui ramène la dépouille de Kennedy, sa famille et des officiels, le
vice-président Lyndon Johnson prête serment. Arrivé à Washington, alors que
certains journalistes et témoins oculaires doutent qu’il y ait pu avoir un seul
tireur, le nouveau chef de l’Etat nomme une commission d’enquête, dirigée par
le juge Warren : après de longs mois d’investigation, les sages confirment
la responsabilité d’Oswald, qui a fait un séjour en Union soviétique.
Voilà pour la thèse officielle qu’Oliver Stone va
méthodiquement faire voler en éclats pendant plus de trois heures. JFK débute
par un discours prononcé par le président Eisenhower qui, à la veille de
terminer son mandat, alerte ses compatriotes sur l’existence d’un complexe
militaro-industriel et des dangers qu’il fait courir à la démocratie. L’ennemi
est désigné. Stone assure que John Fitzgerald Kennedy a été assassiné dans le
cadre d’un vaste complot, impliquant la CIA, le FBI, l’Armée, la police de
Dallas et jusqu’à Lyndon Johnson. Motif : tous ces complices ont voulu
empêcher Kennedy de se rapprocher de l’URSS et de mettre un terme à la
profitable guerre du Vietnam.
Le cinéaste s’appuie principalement sur l’enquête menée par
Jim Garrison, procureur à La Nouvelle-Orléans. Son film associe étroitement reconstitution et
images d’archives, en couleurs comme en noir et blanc. Les plans
s’interpénètrent, se fondent en un déluge visuel frénétique. Il devient parfois
difficile de distinguer la fiction de la réalité. Cette confusion est
voulue : elle n’est pas là que pour servir le message de Stone, elle
illustre la masse d’informations qu’a suscité cet événement historique dès sa
survenue. Des informations parfois contradictoires, parfois convergentes qui
ont étourdi les Américains, permettant aux conspirationnistes d’imposer leur
"vérité".
La vérité est ailleurs
La forme sert le fond. Oliver Stone va ainsi utiliser à de
nombreuses reprises les mêmes séquences, pour les étirer, les condenser ou les
illustrer à travers des angles différents, obligeant en permanence le
spectateur à faire évoluer son point de vue. Le célèbre film super-8 d'Abraham Zapruder, le seul à montrer clairement l’assassinat de Kennedy, ne sera ainsi
dévoilé dans son intégralité, et toute son horreur, qu’à la fin du film, dans
une séquence de procès culte, comme le cinéma américain sait si bien en faire.
La liste des comédiens au casting fait, elle aussi, tourner
la tête. Au pic de sa carrière, Kevin Costner incarne Jim Garrison. La droiture qu’il
imprime à son personnage, l’habitant d’un désir absolu de justice, quitte à
mettre en péril sa vie de famille et même sa vie tout court, nous incite à
prendre fait et cause pour cet homme en lutte contre un système occulte mais
puissant. Sa plaidoirie finale est un moment fort du film, émouvant même. C’est
l’un des meilleurs rôles du comédien. Gary Oldman impressionne en Lee Harvey
Oswald : il en fait un pantin dépassé par les événements et finalement
broyé par la machine dont il a été un rouage important. Joe Pesci et Tommy Lee Jones incarnent pour leurs parts deux individus aussi louches que malsains. On
retrouve également au générique Sissy Spacek, John Candy, Wayne Knight (le Newman dans
Seinfeld), Donald Sutherland, Walter Matthau, Jack Lemmon, Ed Asner... Seul bémol à cette grande réussite narrative et
visuelle : la musique de John Williams – tambours et trompette militaire,
piano dissonant – est plus qu’attendue et peine à s’imposer face au tourbillon
visuel.
L’Atelier d’images nous permet d’apprécier le long-métrage dans sa director's cut et dans un magnifique master. Outre des bonus comprenant notamment des scènes inédites, le coffret propose une formidable analyse du film par le toujours excellent Jean-Baptiste Thoret, qui revient notamment sur l’impact du film Zapruder sur le cinéma américain des années 1970 mais aussi sur l’invention du gore. Un documentaire, également réalisé par Oliver Stone, complète le film, avec de nombreuses interventions de témoins et d’experts. Enfin, la série JFK est également proposée sur un troisième Blu-ray. Culte.
Anderton
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