C'est pas l'homme qui prend la mer, c'est la mer qui prend la femme. On ne sait pas si la mer a pris Florence Arthaud un mâârdi mais la jeune femme a entretenu une relation passionnée avec l'océan. Désormais disponible en vidéo, Flo, l'émouvant et beau film de Géraldine Danon, avec une formidable Stéphane Caillard dans le rôle-titre, revient sur la vie au grand large de la navigatrice.
C'est probablement son père médecin (Charles Berling, épatant) qui a donné à Florence l'envie de larguer les amarres. Son frère aussi (Pierre Deladonchamps, tout en délicatesse), avec lequel elle barrait au large de la demeure familiale. En femme libre, Flo a chéri la mer, s'affranchissant des conventions sociales comme de l'autorité paternelle. Après avoir échappé à la mort lors d'un accident de voiture, qui lui a laissé une cicatrice au visage, la jeune femme a bourlingué, affrontant les embruns et le machisme des marins. Elle a mené sa barque au point de s'imposer dans un milieu masculin très fermé, jusqu'à remporter la Route du Rhum.
Inspiré de La Mer et au-delà, l'ouvrage de Yann Queffélec, Flo romance la vie de "la fiancée de l'Atlantique". Le générique de fin révèle que sa liaison avec Olivier de Kersauzon (Alexis Michalik, complètement dans l'esprit du personnage, poète au langage fleuri, gentleman odieux) a été exagérée, ou amplifiée. C'est donc la légende qui prévaut. Florence Arthaud y apparaît dans toute sa joie de vivre, avec son flot de contradictions et d'emportements. Elle mène une vie d'excès mais à l'instar des autres voileux qu'elle fréquente, aime et avec lesquels elle navigue et lève le coude en chantant. Ce que le film donne à voir, c'est la personnalité attachante d'une femme libre, qui choisit son cap et n'en dévie pas, quitte à affronter les bourrasques et les interdits. A travers son portrait et celui de sa meilleure amie (interprétée par Alison Wheeler), c'est l'émancipation souvent difficile des femmes qu'il nous est donné à voir.
Flo est incarnée par Stéphane Caillard, qui bouffe l'écran à chacune de ses apparitions. La comédienne est solaire, entière, tout en offrant des nuances à une personnalité éclatante. Elle est comme la mer qui ondule et miroite avant de se soulever et de tout emporter. Voilà que je m'emballe, moi qui n'ai pas le pied marin. Pour son premier film, Géraldine Danon fait mouche. Elle parvient à nous faire voyager au plus près de la navigatrice tout réalisant des images de toute beauté (photo de Pierre Milon) qu'elle met en scène avec un bel entrain sur l'envoûtante musique d'Adrien Bekerman et une bande-son pop-rock.
L'édition vidéo, concoctée par Metropolitan Filmexport, révèle dans le making of que les scènes en mer ont été tournées en comité restreint. Il faut dire que Géraldine Danon, qui est mariée à Jacques Poupon, a participé à bien des traversées et des expéditions, dont elle a tiré des documentaires. Elle connaît l'océan et le monde de la voile, ça se sent, ça se voit à l'écran. Belle odyssée que ce Flo.
Anderton
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