Artistes : Ami cinéphile, jusqu’au 2 août, tu as rendez-vous avec l’intégrale de Luis Buñuel à la Cinémathèque. Pour te rendre compte que le cinéma espagnol ne se limite pas à Almodovar.
A priori, je te l’accorde, comme beaucoup d’ancêtres, Buñuel, ça sent le ranci et la naphtaline. Détrompe-toi : marqué par le surréalisme et la subversion, le désir et l’humour, l’anticléricalisme et la critique des valeurs bourgeoises, les songes et la rêverie, son cinéma est l’un des plus passionnants qui soient. 32 films d’une œuvre qui parcourt le XXe siècle, qui commence en France pour s’y achever, en passant par les Etats-Unis et le Mexique, avec quelques incursions par son pays natal, l’Espagne.
Petite sélection – forcément subjective – dans l’œuvre de cet admirateur de Sade :
- Un chien andalou (1928) : son 1er film, écrit en collaboration avec Salvador Dali. Si vous n’aimez ni les scalpels, ni les yeux filmés en gros plan, ce film est pour vous !
- L’Age d’or (1930) : le 1er film scandale digne de son nom : déchaînement des ligues antisémites, interdiction par la préfecture de police en France. Quasiment jamais distribué jusqu’en 1980. Subversif, poétique, expérimental.
- Los Olvidados (1951) : contes cruels de la jeunesse. Les Beaux gosses version Goya. Indispensable. Prix de la mise en scène Cannes en 1951.
- El (1953) : étude quasi-clinique d’un cas de jalousie paranoïaque. Toujours aussi moderne.
- Viridiana (1961) : Palme d’Or à Cannes. Le film du retour de Bunuel en Espagne. Nouveau scandale, nouvelle interdiction– cette fois-ci, en Espagne, jusqu’à la mort de Franco. Puissant et blasphématoire.
- Belle de jour (1966) : les jours et les nuits de China Blue sans Kathleen Turner, mais avec Catherine Deneuve, dans le rôle culte de Séverine.
- Tristana (1969) : Catherine Deneuve amputée, Tolède en noir et blanc, musique de Chopin. Beau, cruel et triste à pleurer.
- Le Charme discret de la bourgeoisie (1972) : satire féroce et drôlissime de la bourgeoisie que l’on qualifiait alors en France de pompidolienne. Oscar du meilleur film étranger.
- Cet obscur objet du désir (1977) : son ultime œuvre, qui révéle Carole Bouquet, aux côtés d’Angela Molina, dans le même rôle.
Egalement quelques curiosités : une adaptation de Robinson Crusoe et des Hauts de Hurlevent ; ses collaborations avec Simone Signoret – La mort en ce jardin – et Gérard Philipe – La fièvre monte à El Pao. Enfin, je ne peux évoquer Buñuel sans évoquer sans fabuleux livre de souvenirs, Mon dernier soupir, co-écrit avec le scénariste Jean-Claude Carrière : sans doute l’un des témoignages les plus importants sur le bouillonnement culturel du XXe siècle.
Travis Bickle
A priori, je te l’accorde, comme beaucoup d’ancêtres, Buñuel, ça sent le ranci et la naphtaline. Détrompe-toi : marqué par le surréalisme et la subversion, le désir et l’humour, l’anticléricalisme et la critique des valeurs bourgeoises, les songes et la rêverie, son cinéma est l’un des plus passionnants qui soient. 32 films d’une œuvre qui parcourt le XXe siècle, qui commence en France pour s’y achever, en passant par les Etats-Unis et le Mexique, avec quelques incursions par son pays natal, l’Espagne.
Petite sélection – forcément subjective – dans l’œuvre de cet admirateur de Sade :
- Un chien andalou (1928) : son 1er film, écrit en collaboration avec Salvador Dali. Si vous n’aimez ni les scalpels, ni les yeux filmés en gros plan, ce film est pour vous !
- L’Age d’or (1930) : le 1er film scandale digne de son nom : déchaînement des ligues antisémites, interdiction par la préfecture de police en France. Quasiment jamais distribué jusqu’en 1980. Subversif, poétique, expérimental.
- Los Olvidados (1951) : contes cruels de la jeunesse. Les Beaux gosses version Goya. Indispensable. Prix de la mise en scène Cannes en 1951.
- El (1953) : étude quasi-clinique d’un cas de jalousie paranoïaque. Toujours aussi moderne.
- Viridiana (1961) : Palme d’Or à Cannes. Le film du retour de Bunuel en Espagne. Nouveau scandale, nouvelle interdiction– cette fois-ci, en Espagne, jusqu’à la mort de Franco. Puissant et blasphématoire.
- Belle de jour (1966) : les jours et les nuits de China Blue sans Kathleen Turner, mais avec Catherine Deneuve, dans le rôle culte de Séverine.
- Tristana (1969) : Catherine Deneuve amputée, Tolède en noir et blanc, musique de Chopin. Beau, cruel et triste à pleurer.
- Le Charme discret de la bourgeoisie (1972) : satire féroce et drôlissime de la bourgeoisie que l’on qualifiait alors en France de pompidolienne. Oscar du meilleur film étranger.
- Cet obscur objet du désir (1977) : son ultime œuvre, qui révéle Carole Bouquet, aux côtés d’Angela Molina, dans le même rôle.
Egalement quelques curiosités : une adaptation de Robinson Crusoe et des Hauts de Hurlevent ; ses collaborations avec Simone Signoret – La mort en ce jardin – et Gérard Philipe – La fièvre monte à El Pao. Enfin, je ne peux évoquer Buñuel sans évoquer sans fabuleux livre de souvenirs, Mon dernier soupir, co-écrit avec le scénariste Jean-Claude Carrière : sans doute l’un des témoignages les plus importants sur le bouillonnement culturel du XXe siècle.
Travis Bickle
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