En DVD et Blu-ray : Un jeu et des pains. Avec Rollerball (1975), Norman Jewison montre que le patin à roulettes n'est pas seulement destiné à nous faire trémousser sur du disco, comme le fera le film Roller Boogie (1979), mais qu'il offre aussi la possibilité à des gros musclés de se foutre des beignes à 60 km/h. Mais si le cinéaste avait la volonté de dénoncer la violence dans le sport, il est allé beaucoup plus loin. Au point que, plus de 40 ans après sa sortie, le film s'avère d'une brûlante actualité. Cela tombe bien, il est disponible pour la première fois en Blu-ray et dans un magnifique master haute définition.
Jonathan E. est une star du Rollerball, un sport où deux équipes s'affrontent sur une piste circulaire. Il représente Houston, la ville de l'énergie. Car en 2018, année où se déroule l'action du film, les Etats ont disparu au profit de quelques grandes entreprises qui dirigent désormais le monde. Les habitants de la planète ont perdu leur statut de citoyen mais bénéficient d'une vie confortable, sans problème, ponctuée par les matchs de leur sport-roi. Or la popularité de Jonathan remet en cause la devise du Rollerball : "Le jeu est plus grand que le joueur". Bartholomew, qui préside le club de Houston et le cartel de la ville, annonce à la star qu'il doit prendre sa retraite avant la finale du championnat.
Inspiré d'une nouvelle écrite par William Harrison (qui cosigne le scénario avec Jewison), Rollerball nous présente un monde aseptisé, apolitique, où les rôles de chacun sont scrupuleusement définis. La liberté est étouffée par un bien-être matériel imposé par des grandes corporations. La violence a disparu (on apprend qu'il y a eu des guerres entre nations puis entre corporations), ou plutôt elle est strictement circonscrite aux stades de Rollerball. Un sport érigé au rang de religion, comme le souligne l'usage de la toccata et fugue en ré mineur de Bach (associé pour beaucoup d'entre nous au générique d'Il était une fois l'homme).
On est pile poil dans l'actu. A l'époque de la sortie du film, Exxon & co affichaient des chiffres d'affaires supérieurs à bien des PIB. Aujourd'hui, les Gafa sont allés plus loin, contournant l'impôt, se jouant des législations locales. Quant au sport, il a également évolué vers une violence accrue - en témoignent les combats d'Ultimate Fight.
Au-delà de cette vision prophétique, Rollerball a plutôt bien vieilli. Certes, il y a un côté très 70's dans les costumes ou la déco, et surtout pour tout ce qui touche à la technologie, notamment lorsqu'il s'agit des ordinateurs et des grandes salles avec des machines pleines de boutons. Mais il y a aussi des téléviseurs grand écran dans les salons (de la science-fiction à l'époque). Et l'architecture des lieux fait futuriste sans jamais être ringarde.
Un film de combat
James Caan joue de manière un peu éteinte, marmonnant ses répliques. Une sorte de non-jeu complètement adapté à son personnage, un sportif d'abord obéissant qui va progressivement se révolter contre l'ordre établi. Face à lui, John Houseman (Les trois jours du Condor, Fog) est écrasant de suffisance et de morgue dans le rôle de Batholomew. Egalement au générique : Maud Adams (Octopussy et Dangereusement vôtre), Ralph Richardson (Docteur Jivago, Greystoke), John Beck, Moses Gunn (Ragtime, Le Maître de guerre) et Shane Rimmer (L'Espion qui m'aimait, Superman 2 et 3, Out of Africa).
Norman Jewison signe un film au message fort, lui qui a réalisé de nombreuses oeuvres engagées (Dans la chaleur de la nuit, Justice pour tous, A Soldier's story). Et si certaines séquences évoquent davantage le cinéma européen, le réalisateur n'en oublie pas pour autant le spectacle : les séquences dans les arènes sont impressionnantes et très "graphiques", alors que le sang est peu présent à l'écran. Car pour dénoncer la violence, il la montre de manière très crue. D'ailleurs, ce sport improbable (du roller et des motos sur un vélodrome !) n'a rien de ridicule. Lui aussi tient bien la route.
L'Atelier d'images propose une magnifique édition. Splendide master haute définition accompagné de multiples bonus passionnants qui reviennent notamment sur le tournage du film à Munich (les bâtiments "futuristes" avaient été construits pour les Jeux Olympiques de 1974) et les cascades. C'est d'ailleurs le premier film à faire apparaître le nom des cascadeurs au générique. Oubliez le remake raté pourtant signé John McTiernan et redécouvrez Rollerball de toute urgence.
On est pile poil dans l'actu. A l'époque de la sortie du film, Exxon & co affichaient des chiffres d'affaires supérieurs à bien des PIB. Aujourd'hui, les Gafa sont allés plus loin, contournant l'impôt, se jouant des législations locales. Quant au sport, il a également évolué vers une violence accrue - en témoignent les combats d'Ultimate Fight.
Au-delà de cette vision prophétique, Rollerball a plutôt bien vieilli. Certes, il y a un côté très 70's dans les costumes ou la déco, et surtout pour tout ce qui touche à la technologie, notamment lorsqu'il s'agit des ordinateurs et des grandes salles avec des machines pleines de boutons. Mais il y a aussi des téléviseurs grand écran dans les salons (de la science-fiction à l'époque). Et l'architecture des lieux fait futuriste sans jamais être ringarde.
Un film de combat
James Caan joue de manière un peu éteinte, marmonnant ses répliques. Une sorte de non-jeu complètement adapté à son personnage, un sportif d'abord obéissant qui va progressivement se révolter contre l'ordre établi. Face à lui, John Houseman (Les trois jours du Condor, Fog) est écrasant de suffisance et de morgue dans le rôle de Batholomew. Egalement au générique : Maud Adams (Octopussy et Dangereusement vôtre), Ralph Richardson (Docteur Jivago, Greystoke), John Beck, Moses Gunn (Ragtime, Le Maître de guerre) et Shane Rimmer (L'Espion qui m'aimait, Superman 2 et 3, Out of Africa).
Norman Jewison signe un film au message fort, lui qui a réalisé de nombreuses oeuvres engagées (Dans la chaleur de la nuit, Justice pour tous, A Soldier's story). Et si certaines séquences évoquent davantage le cinéma européen, le réalisateur n'en oublie pas pour autant le spectacle : les séquences dans les arènes sont impressionnantes et très "graphiques", alors que le sang est peu présent à l'écran. Car pour dénoncer la violence, il la montre de manière très crue. D'ailleurs, ce sport improbable (du roller et des motos sur un vélodrome !) n'a rien de ridicule. Lui aussi tient bien la route.
L'Atelier d'images propose une magnifique édition. Splendide master haute définition accompagné de multiples bonus passionnants qui reviennent notamment sur le tournage du film à Munich (les bâtiments "futuristes" avaient été construits pour les Jeux Olympiques de 1974) et les cascades. C'est d'ailleurs le premier film à faire apparaître le nom des cascadeurs au générique. Oubliez le remake raté pourtant signé John McTiernan et redécouvrez Rollerball de toute urgence.
Anderton
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