Buzz : Faire l'ouverture du Festival de Cannes. C'est sans doute l'honneur suprême pour un film... si l'on fait exception de la remise de la Palme d'or. Et c'est un film français sur lequel tous les projecteurs seront braqués ce soir. Cocorico, bordel !
Et attention, on ne parle pas d'un ressac de Nouvelle Vague, avec trois comédiens neurasthéniques aux cheveux gras qui enchaînent les bouts de dialogue sans se regarder (comment ça, je caricature ?). On parle d'un film sur une star adulée devenue princesse malheureuse, d'un film avec une putain d'ambition artistique interprété par des putains d'acteurs (je sais, je deviens vulgaire sous le coup de l'émotion). On parle évidemment de Grace de Monaco, réalisé par Olivier Dahan, interprété par Nicole Kidman, Tim Roth et Frank Langella, produit par Pierre-Ange Le Pogam, coproduit et distribué par Gaumont. Et pour la firme à la marguerite, c'est une putain de consécration (bon, promis, j'arrête avec les jurons).
Marguerite rafraîchie
Cette ouverture du plus prestigieux festival de cinéma du monde, c'est une forme de récompense. La récompense d'une stratégie menée par Sidonie Dumas et ses équipes : faire des films populaires de qualité. Complètement dans l'esprit de la maison mais avec la volonté de renouveler cette qualité à la française trop souvent décriée. Gaumont a apporté un supplément d'âme à la comédie, les succès d'Intouchables ou de Les Garçons et Guillaume à table ! en témoignent. Un supplément d'originalité aussi, loin du politiquement correct, la preuve avec les OSS 117, Les Kairas ou même Paulette. La firme a aussi apporté un supplément de noirceur et de punch au polar, la réussite de 36 Quai des Orfèvres ou de A Bout portant l'atteste.
Certes, il y a eu des échecs, des semi-succès, mais globalement, Sidonie et cie ont redonné vivacité à une fleur qui commençait à perdre quelques pétales. Et on n'est pas obligé d'apprécier toutes les sorties Gaumont pour approuver la démarche : c'est bon pour le cinéma français dont on se complaît ici et là à détailler l'inéluctable décadence. Harvey Weinstein ne s'y est pas trompé, qui a signé un deal pour distribuer les prods Gaumont aux States.
Attendus au virage
Thierry Frémaux a donc soutenu une démarche exigeante mais pas élitiste. Il avait d'ailleurs présenté en projection off Les Kairas. Les Kairas... Cannes... Frémaux... Une association loin d'être évidente et qui prouve pourtant toute l'ouverture d'esprit de Monsieur le délégué général. Frémaux apporte par ailleurs son soutien au cinéaste, en l'occurrence Olivier Dahan, qui avait fait part à Libé de sa lassitude face à l'envie de Weinstein d'imposer sa version du film. Enfin, la projection de Grace de Monaco ce soir, c'est aussi un soutien appuyé à Pierre-Ange Le Pogam, parti d'EuropaCorp dans la douleur, et dont ce biopic représente un sacrée pierre dans le jardin de Stone Angels, sa boîte de prod.
Inutile de dire que Sidonie, Olivier et Pierre-Ange sont attendus au virage, surtout en France où le succès et l'ambition attisent les jalousies. Et les festivaliers ne connaissent pas la pitié. Gare à l'effet de meute. Donc Gaumont en état de Grace, mais aussi aussi en état de stress. D'autant que la famille Grimaldi ne cautionne pas l'oeuvre. Et ce, malgré les efforts consentis par l'équipe pendant toute la durée du tournage : selon une source qui m'a assuré qu'elle était bien informée, l'iPod d'Olivier Dahan contenait l'intégrale de Stéphanie de Monaco (dont les remix Tecktonik et musette de Comme un Ouragan) et Nicole Kidman était tenue contractuellement de regarder Les Mystères de l'amour sur TMC (je précise que j'ai appelé Gaumont pour me faire confirmer ces informations ; la personne au bout du fil s'est contentée de soupirer longuement avant de me raccrocher au nez, la preuve que j'ai raison).
Je n'ai pas vu Grace de Monaco donc je ne sais pas s'il est bien ; la bande-annonce m'a plu, c'est déjà ça. Et j'ajoute que ceci n'est pas un post sponso. Juste l'expression d'un cinéphile heureux que le cinéma français continue de faire rayonner son ambition et sa diversité jusqu'au sommet de l'Olympe cannois. Putain.
photo : David Koskas / Stone Angels
Anderton
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