mercredi 15 juin 2016

John Huston et la littérature : les échecs (3/4)

Artistes : Projetée à la Cinémathèque, la filmographie de John Huston fait la part belle aux adaptations littéraires. La troisième partie de notre rétro est consacrée à celles qui furent des échecs.




Moulin Rouge (1952)

Pour le cinéaste, cette évocation de Toulouse-Lautrec lui tenait beaucoup à cœur. Publié en 1950, Moulin Rouge est d’abord un roman composé par Pierre La Mure, un Niçois installé aux Etats-Unis, qui écrira par la suite des biographies consacrées à Debussy et Mendelssohn. Mais en raison d’un tournage en Technicolor, John Huston privilégie la technique au détriment des personnages. D’où une succession de tableaux, somptueux, qui redonnent vie aux quartiers de Paris. Mais en raison de la censure, John Huston regrette de n’avoir pu aller aussi loin qu’il aurait dû dans la peinture des émotions et des relations qu’entretenait le peintre avec les femmes : "C’était une honte que nous ne puissions pas raconter la véritable histoire de Lautrec". Reste une éblouissante interprétation de Jose Ferrer que Huston voulait pour le rôle.



Les Racines du ciel (The Roots of Heaven, 1958)
Passionné par le roman de Romain Gary – comment pouvait-il en être autrement ? – John Huston se trouve confronté à tous les écueils possibles. Son producteur, d’abord, Darryl F. Zanuck, qui avait d’abord acheté les droits du livre, et qui souhaitait en faire un véhicule pour l’actrice qu’il guignait alors, Juliette Greco. Les conditions climatiques, ensuite : terribles, avec des chaleurs atteignant les 60°, des maladies frappant fortement les équipes. L’alcool, enfin, dont se rassasiaient les deux acteurs principaux, Errol Flynn et Trevor Howard, avec la complicité du cinéaste, aussi... Résultat : de l’aveu même de John Huston, un film raté, dont il voulut faire à maintes reprises un remake. Pourtant, force est de reconnaître que sa peinture de l’Afrique coloniale française en pleine déliquescence, gangrenée par la corruption et la lâcheté, tient très bien la route. 



La Bible (The Bible, 1966)
Avec ce projet, on mesure combien la figure du capitaine Achab a hanté l’existence de John Huston. Car de quelle témérité fallait-il donc faire preuve pour filmer le Livre – du moins la Genèse ?! Vogue du film à sketches oblige, à l’origine, ce projet était également destiné, outre à John Huston, à  4 autres cinéastes – Robert Bresson, Orson Welles, Luchino Visconti, Federico Fellini. Avant que son producteur, le fameux Dino de Laurentiis, ne le confie intégralement au réalisateur américain. Au final, malgré un énorme succès commercial et d’évidentes qualités plastiques, un film bien fade et bien sage, très illustratif, et dans lequel il s’est attribué le rôle de Noé. La faute à l’impossibilité d’apporter un réel point de vue sur un tel sujet ? A la mode du peplum ? A l’envergure du projet ?




Travis Bickle

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