En salles : Depuis la création de Borat à la télé anglaise, Sacha Baron Cohen ne s'est pas fait que des amis au Kazakhstan. Et c'est vrai que son personnage de journaliste à grosse moustache, ignare, antisémite, homophobe, misogyne, masochiste, grossier, etc. ne contribue pas à donner une image reluisante des habitants de cette contrée d'Asie centrale. Même s'il nous fait bien marrer.
Pour la sortie du film, le gouvernement kazakh a d'abord menacé le comédien britannique d'un procès. Puis, changement de ton, il l'a invité à venir sur place pour découvrir les charmes du pays, par ailleurs vantés dans une pub de 4 pages dans la presse américaine. Enfin, coup de théâtre, Erlan Idrissov, l'ambassadeur du Kazakhstan au Royaume-Uni, a déclaré au Times après avoir vu le film : "Beaucoup de blagues m'ont sincèrement fait rire mais en même temps, j'ai toujours eu l'impression de me sentir un peu insulté".
Je reviens d'un séjour à Londres et j'ai vu le reportage d'un envoyé spécial de la BBC du côté d'Almaty. Une personne n'a reconnu qu'une seule caractéristique kazakh chez Borat : la moustache. Un jeune a admis en souriant que si Sacha Baron Cohen venait sur place, il se ferait probablement fusiller... Un papy édenté, que le reporter de la BBC est allé chercher au fin fond de la steppe, a admis être d'accord avec Borat pour déclarer qu'il traitait mieux son cheval que sa femme ! La preuve que les Kazakh ont de l'humour... ou que Borat n'est pas si caricatural que cela.
Paradoxalement, en Occident, Sacha Baron Cohen fait un peu moins rire. Les Anglais trouvent qu'il commence à en faire trop. Son humour antisémite fait grincer les dents des Américains (notons au passage que Borat "version TV britannique" ne s'en prenait pas aux juifs). Quant aux journalistes australiens, ils se sont plaints de devoir soumettre à l'acteur leurs questions à l'avance. Une pratique paradoxale pour quelqu'un qui a construit son succès en piégeant les gens avec ses interviews bidons sous la moustache de Borat, le bonnet d'Ali G ou la tignasse blonde de Bruno, l'icône gay autrichienne.
Ce personnage sera d'ailleurs le 3e à être transposé à l'écran : Universal Pictures produira le film pour 42 millions de dollars. Ce sont les Autrichiens qui vont être contents. En attendant, les Français pourront pester contre "SBC" pour son interprétation de pilote de course français et homosexuel dans Ricky Bobby, roi du circuit (Talladega Nights).
PS : il y a pire que le Kazakhstan, la Molvanie !
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