samedi 6 décembre 2008

L’Esprit de la Ruche : la matrice du Labyrinthe de Pan

En DVD : A CineBlogywood, on aime tous les cinémas – sauf Rohmer, quoique, je persiste, je signe ! En tout cas, on adore le cinéma hispanique. Buñuel, Almodovar, Saura, bien sûr. Et plus récemment Amenabar ou Bayona – qui ça ? L’Orphelinat, courez-y. Et bien sûr, l’immense Victor Erice.
L’étrange señor Victor
Un cas, cet étrange señor Victor
: 3 films en 30 ans – qui dit mieux ? Et 3 chefs-d’œuvre, pas moins. Dont un suspense métaphysique haletant : Le Songe de la Lumière (El Sol del Membrillo, 1992), narrant la course à la montre que mène un peintre pour saisir en pleine luminosité naturelle déclinante des coings sur le point de tomber de leurs cognassiers... Si, si je vous assure : une de mes plus grandioses expériences de cinéma.
Mais là n’est pas le propos. Carlotta nous permet de redécouvrir son 1er film, L’Esprit de la Ruche (El Espíritu de la colmena), tourné en 1973. Nous sommes en 1940, dans l’aridité hivernale des plaines castillanes. Le cinéma itinérant projette un beau jour Frankenstein – oui, le Boris Karloff – sous les yeux des habitants du village. Dont ceux de la jeune Ana, incarnée par Ana Torent, future interprète de Cria Cuervos, dont la rengaine de Janette Porque te vas a dû bercer – soûler, peut-être ? – toute votre enfance.
Univers sensoriel
Tourments de l’enfance, fantômes du passé, mystères des adultes, innocence des rencontres, cette oeuvre contemplative n’occulte aucune des peurs enfantines. Par la précision de sa mise en scène, le cinéaste parvient à filmer cette chronique à hauteur d’enfant, sans jamais tomber dans la mièvrerie ou la compassion. Espaces immenses bercés par le vent et les nuages, ombres noctournes qui viennent s’imprimer sur l’écran blanc d’une chambre hantée par la solitude et l’ennui, Victor Erice compose un univers sensoriel qui imprime durablement nos mémoires.
Bon, j’avoue, on est plus près de Kiarostami que de Spielberg. Mais franchement, pour ceux qui ont adoré Le Labyrinthe de Pan ou L’Orphelinat, un film indispensable pour en découvrir la matrice. Et pour les autres, un film rare et précieux. Le trailer est à voir ci-dessous et dans notre playlist Wat.
Pour juger de l’impact durable de cette oeuvre, Carlotta propose également une édition comprenant le magnifique Cria Cuervos. Autre conseil : (re)visionnez Le Labyrinthe de Pan. Et vous découvrirez, stupéfait, l’influence des rayons Erice sur le cinéma hispanique, notamment celui de Guillermo del Toro
Travis Bickle


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