En DVD et Blu-ray : Cela fait quelques semaines que Gaumont a sorti en vidéo L'Amour est un crime parfait des frères Larrieu. En cette période étouffante, l'occasion est trop belle de se (re)plonger dans ce thriller glaçant. Pour au moins cinq raisons.
Une mise en scène inspirée. Arnaud et Jean-Marie Larrieu connaissent leurs classiques. Leurs cadrages qui font la part belle aux courbes et aux lignes, les mouvements de caméra élégants, le rythme des séquences, la somptueuse photo sont autant d'évocations des univers d'Alfred Hitchcock, David Lynch ou Claude Chabrol. Chez les Larrieu comme chez leurs prestigieux aînés, même tension instaurée par des plans qui "durent", qui donnent à voir, et dont se dégage une étrangeté qui contribue à instaurer le climat particulier du film.
Une histoire glauque. Quelque part dans les Alpes, une étudiante disparaît. Sa dernière nuit, elle l'a passée avec son professeur d'université. Celui-ci vit retranché dans un chalet avec sa sœur, et on comprend bien vite qu'ils entretiennent une relation pour le moins ambiguë. Cette disparition est l'occasion d'entrer dans le monde de cet écrivain raté qui enseigne l'écriture, de cet asocial qui est aussi un baiseur compulsif d'étudiantes. Victime ou monstre ? L'histoire, tirée d'un roman de Philippe Djian, revisite le mythe du loup-garou. Avec sexe et sang à la clé.
Un acteur halluciné et hallucinant. Et cet acteur, c'est Mathieu Amalric. Il impose une folie douce qui évolue assez vite vers un comportement franchement inquiétant. Sa prestation fascine, subjugue, emballe le spectateur. Ses partenaires - Denis Podalydès, Karin Viard, Maïwenn, Sara Forestier - sont tout autant décalés. Les Larrieu prouvent à nouveau qu'ils sont de formidables directeurs d'acteurs et la diction, très littéraire, qu'ils imposent à leur troupe ajoute à l'ambiance décidément déconcertante du film.
Une bande son enivrante. Le groupe Caravaggio distille tout au long du film une musique minimaliste qui fait planer une menace permanente. Christophe est aussi appelé en renfort à quelques reprises. Le Beau bizarre... deux adjectifs qui collent parfaitement à cette bande originale et au film.
Des décors impressionnants. Le récit a pour cadre la montagne. Oubliez les reliefs alpestres des Bronzés font du ski : les parois escarpées, les gouffres sans fonds, la neige mortifère, qui étouffe un paysage désolé rappellent ceux de Shining ou des Rivières Pourpres. Ils sont le cadre d'une sauvagerie qui ne demande qu'à exploser. A cette nature hostile, s'oppose le cadre déroutant de l'Université : un bâtiment tout en longueur et en transparence, au plancher vallonné, percé de puits de lumière. Une vague de béton entre les Alpes et le Lac Léman. Il s'agit en l'occurrence du splendide Rolex Learning Center de l'école Polytechnique de Lausanne.
L'amour est un crime parfait et il serait criminel de passer à côté de cette pépite à l'éclat si particulier.
Anderton
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