En DVD et Blu-ray : C'est aujourd'hui dimanche et que vous ayez l'intention d'aller à l'église ou pas, ou que vous soyez croyant ou pas, si vous voulez vivre une expérience spirituelle qui va vous remuer - dans tous les sens du terme -, vous devez regarder Amazing Grace, la captation longtemps cachée de l'enregistrement public du mythique album de gospel d'Aretha Franklin. Un pur moment de grâce enfin visible, et désormais disponible en vidéo.
Au début des années 1970, la Diva de la Soul décide d'enregistrer un album de gospel. Un retour aux sources pour cette fille de révérend baptiste, qui a développé son talent vocal et révélé son don dans les églises de Chicago. Accompagnée par sa section rythmique, son mentor James Cleveland et le Southern California Community Choir, Aretha interprète une sélection de chants lors de deux sessions d'enregistrements publics, dans une petite église de Los Angeles. Warner, propriétaire d'Atlantic Records (le label de la chanteuse), a dépêché sur place une équipe de cinéma, dirigée par Sydney Pollack. L'idée est qu'un documentaire accompagne la sortie du double album.
Si le disque est un immense succès (l'album de gospel le plus vendu de tous les temps), le film ne sort pas en salles. D'abord, pour des raisons techniques : son et images n'ont pas été synchronisés, ce qui rend leur exploitation impossible pendant plus de trente ans. Puis, alors que les outils numériques permettent enfin d'exploiter pellicules et bande sonore, parce qu'Aretha Franklin interdit leur diffusion. Questions d'art, d'argent, d'ego... Ce n'est qu'après le décès de la star, en août 2018, que son héritière permet enfin au miracle d'avoir lieu.
Car le film d'Alan Elliott, qui a restauré et monté les rushs puis bataillé pendant des décennies pour les faire découvrir au public, est un sommet d'émotions. Pendant près de 90 minutes, le spectateur prend part à ces deux soirées mythiques, communiant avec les artistes et le public. Chacune des interprétations d'Aretha nous transporte haut, très haut. Les frissons nous gagnent et les pleurs jaillissent à plusieurs reprises devant tant de beauté, de force et de foi incarnée. Nous partageons alors la vive émotion ressentie par les participants de cet enregistrement mémorable, leur transe comme leurs larmes. Même James Cleveland est pris de sanglots à l'écoute de l'interprétation d'Amazing Grace par Sister Aretha. Il quitte alors le piano pour aller pleurer de bonheur sur un banc.
Elliott a su condenser le meilleur de ces vingt heures de rushs, mettant en avant le joyeux bordel de l'époque : la mise en place des enregistrements, les propos malicieux de Cleveland, le speech émouvant du père d'Aretha, les danses improvisées du public, dans lequel on reconnaît Mick Jagger et Charlie Watts, les Amen trépidants des choristes, les va-et-vient de Pollack et son équipe... Autant d'éléments qu'il intègre également pendant les chansons, nous donnant l'impression d'assister en direct à ce concert mémorable. Pour autant, la caméra ne quitte jamais longtemps la reine Aretha. Elle rayonne et nous fait ressentir toute la spiritualité de ses chants bouleversants, indissociables de l'identité afro-américaine. Aretha Franklin les rend universels.
Metropolitan Films nous gâte avec cette superbe édition Blu-ray.
Pour en savoir plus sur le destin incroyable d'Amazing Grace, je vous recommande la lecture des articles du Monde et de Vanity Fair.
Anderton
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