En salle et en Blu-ray : Apocalypse Now est à juste titre, le plus célèbre des films de Francis Ford Coppola. Et son plus pessimiste. Le plus simple, et le plus complexe. En adaptant le court récit de Joseph Conrad – adapté à la radio dans les années 30 par Orson Welles, tiens, tiens... - FFC décroche sa seconde Palme d'Or après Conversation secrète en 1974. Opéra funèbre, apologie de la destruction, cauchemar sur le Vietnam, œuvre totale et visionnaire qui emprunte aux mythes pour mieux les transformer et leur redonner vie, Apocalypse Now appartient à cette catégorie de films très rares qui constituent autant un trip narratif qu'un trip visuel, une expérience unique de cinéaste – racontée par sa femme Eleanor dans un passionnant documentaire Heart of Darkness – et de spectateur. Rien que pour ce film, FFC a sa place dans l'histoire du cinéma. 5 raisons de revoir le film de Coppola, dans une version restaurée et dans un montage inédit – ce qui en fait la troisième version, après celles de 1979 et 2001.
Pour son nouveau montage
Tel un chef d’orchestre qui procède par interprétations à partir d’une partition, Coppola livre pour le 40e anniversaire de la sortie de son film une troisième interprétation de son titre-phare, d’une durée de 3 heures, au lieu de 2h20 pour celle de 1979, et 3h15 pour celle de 2001. Non content de recomposer son ouvrage, il procède à une restauration sonore et visuelle absolument somptueuse. C’est incontestablement la version la plus équilibrée – notamment avec la scène de la plantation française, paradoxalement fantomatique et politique à la fois.
Pour son approche unique de la guerre du Vietnam
Adapté d’une nouvelle de Joseph Conrad dont l’action se déroule en Afrique coloniale, Apocalypse Now occupe une place à part dans l’imposante filmographie consacrée au Vietnam – composée, entre autres, de 5 pièces maîtresses : Voyage au bout de l’enfer, Retour, Full Metal Jacket, Platoon, Né un 4 juillet. Il rompt résolument avec un arc narratif classique et opte pour une approche métaphorique, d’ordre onirique, voire quasi mystique. Des images aux sonorités, en passant par la voix off, tout concourt à embarquer le spectateur dans un véritable trip à travers les horreurs de la guerre, celle du Vietnam, mais aussi des tréfonds de l’âme humaine. Une expérience unique, à vivre sur grand écran, bien évidemment. Car, pour reprendre les propos de son réalisateur, "Apocalypse Now n’est pas un film sur le Vietnam, c’est le Vietnam !"
Pour l’apparition de Marlon Brando
Construit sur l’attente de l’apparition de l’acteur, Apocalypse Now s’achève sur un apogée d’acting. 20 minutes finales, centrées sur un seul élément graphique : le visage de l’acteur, en gros plan, crâne rasé, dans la pénombre. Film-cerveau ? Cachet monstre pour l’époque, un mois de présence sur deux ans de tournage, deux pages de dialogues maugréés. Résultat : Coppola transforme Brando en bouddha démiurge, et le fait entrer définitivement dans la légende du cinéma. L’horreur, l’horreur – vraiment ? Et dire que le rôle avait été proposé à Steve McQueen...
Pour son prestige cannois
Peut-être l’une des dernières Palmes d’or, avec Pulp Fiction, dont le triomphe public et critique participe à la légende du Festival : plus de 4,5 millions d’entrées France en 1979. Pourtant, le jury présidé à l’époque par Françoise Sagan, s’est déchiré et a doublé la Palme en la décernant ex-aequo au Tambour, de Volker Schlöndorff. Ce qui avait quelque peu irrité Coppola...
Pour ses bonus gargantuesques
En complément de l’édition inédite qui ressort en salles le 21 août, le Blu-ray en édition limitée Steelbook ou en UHD 4K, en vente à partir du 18 septembre, contient deux disques de bonus. Outre la version originale et la version redux restaurées, on y trouvera des inédits, des scènes coupées au montage, des témoignages rares... Véritablement, l’édition ultime.
Travis Bickle
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