Buzz : Dave Chappelle revient sur Netflix avec un nouveau spectacle de stand-up intitulé Sticks & Stones. Des bâtons et des pierres, le comique américain en lance autant qu'il en reçoit. Il faut dire qu'il tape fort. Très fort.
En cette période où chaque parole donne lieu à un flot de réactions, souvent vives, la comédie relève de plus en plus de l'art du funambule. Avec pour conséquence chez ceux qui la pratiquent, une prudence extrême, qui frise parfois l'autocensure. Ce à quoi Dave Chappelle répond par un gros "fuck". Le bonhomme sait qu'il a un métier très exposé mais que c'est la règle du jeu. Si tu l'ouvres grand, tu dois être prêt à t'en prendre plein la figure. Il assume.
Jugez-en plutôt. Au cours de son show, enregistré à Atlanta, il évoque les récentes émissions sur Michael Jackson et R. Kelly, dans lesquelles des personnes accusent les artistes de pédophilie. Chappelle aborde également les affaires Louie C.K. (accusé de harcèlement sexuel) et Jussie Smollett (qui a déclaré avoir été victime d'une agression homophobe et raciste). Et il n'en reste pas là : l'avortement, l'usage des armes à feu, les ravages de l'héroïne sont au programme de sa "causerie". Et à chaque fois, Chappelle a des opinions bien tranchées, qu'il expose librement. Y compris sur les communautés LGBTQ.
Avec son ton si particulier, un peu détaché, et un plaisir non dissimulé, il enchaîne les vannes, crues et cash, qu'il balance à un public - dans la salle ou devant l'écran - à la fois hilare et choqué. Pas de filtre, pas de gants, Chappelle atomise. Pas étonnant que certains de ses propos aient suscité l'indignation ou la fureur (lire l'article du Guardian). Il ne faudrait toutefois pas réduire le comique à un vanneur irresponsable qui se délecte des polémiques. Si ses saillies font autant mouche, c'est qu'elles touchent souvent des points sensibles. Dave Chappelle est un fin observateur de la société américaine, dont il a pigé les incohérences et les injustices. Noirs ou blancs, gays ou hétéros, progressistes ou conservateurs... il confronte chaque communauté à ses propres démons. Et ne s'épargne pas au passage, ni sa famille ! Alors oui, c'est brutal mais c'est aussi brillant. Et putain que c'est drôle !
Anderton
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