En Blu-ray et DVD (le 26 octobre) : Lorsque Un Justicier dans la ville (Death Wish), réalisé par Michael Winner, sort sur les écrans en 1974, il provoque un triple impact : il relance la carrière de Charles Bronson, pose les bases du film de vengeance en tant que genre et suscite un vif débat de société. A l'occasion de la commercialisation d'un combo Blu-ray + DVD + livre par Sidonis Calysta, refaisons le point sur un film qui sent toujours autant la poudre, plus de 40 ans plus tard.
Paul Kersey revient à New York après des vacances passées avec son épouse à Hawaï. Le choc n'est pas que thermique. Les collègues de Paul ne se privent pas de lui faire le décompte des crimes qui ont explosé dans la métropole. Le ver est dans la Grosse Pomme pourrie. Si Paul refuse de se laisser inquiéter par le climat ambiant, il s'y trouve brutalement plongé après l'agression violente de sa femme et de sa fille. Sa vie bascule. Pour ne pas sombrer, il se réfugie dans le travail. Lors d'un déplacement en Arizona, un client lui offre un pistolet et une boîte de munitions. Animé par un désir de vengeance autant qu'une envie de mourir (le death wish du titre), il déambule dans la ville la nuit, son flingue dans la poche...
Charles Bronson est âgé de 52 ans quand il accepte le rôle de Paul Kersey. Son visage minéral, troué par un regard bleu acier, ne laisse rien entrevoir d'une vie marquée par une jeunesse très pauvre (il est le fils d'une famille de mineurs d'origine lituanienne), un remariage (avec l'actrice Jill Ireland) et une carrière en dents de scie qui l'a empêché de devenir la grande star hollywoodienne qu'il rêve d'être. Après un exil réussi en Europe, il revient aux States où il tourne quelques films, dont trois sous la direction de Michael Winner - parmi lesquels Le Flingueur (The Mechanic, 1972).
Du brutal
Du brutal
Le cinéaste britannique est doué pour mettre en scène des thrillers tendus et rythmés. Un Justicier dans la ville ne déroge pas à la règle. Par son art du cadrage, Winner met en place une atmosphère inquiétante dès le retour du couple à New York. Embouteillages, murs et métro tagués, froid polaire, types patibulaires... la mégalopole, filmée comme un personnage à part entière, dégage des ondes négatives qui imprègnent le film. Arthur J. Ornitz (à qui l'on doit la photo de Serpico) l'enveloppe dans des couleurs ternes où dominent le gris, le marron et le bleu.
L'agression de la mère et de la fille est filmée de manière très crue et fait vive impression. En revanche, j'ai trouvé que la réaction de Paul Kersey n'est pas à la hauteur du drame qui a frappé sa famille. Charles Bronson la joue de manière un peu trop détachée - lui qui a pourtant su fendre l'armure à plusieurs reprises, comme dans cette émouvante scène dans La Grande évasion (1963), où Danny est atteint d'une crise de claustrophobie.
Ce jeu trop impassible de la star pénalise un peu le début du film mais au fur et à mesure que progresse l'histoire, Bronson semble plus à l'aise dans le rôle de l'homme traumatisé, que ses premières attaques rendent littéralement malade, avant de se transformer en tueur implacable. De Central Park aux ruelles douteuses, en passant par le métro, le père et mari éploré prend son pied à flinguer les délinquants. Et voici que les médias portent à la Une ce vengeur mystérieux, qu'une partie de la population glorifie et que les autorités recherchent sans grande conviction, tout le monde étant bien content que le taux de criminalité baisse à la suite de ces meurtres. Le film donne la parole aux citoyens adeptes de la justice expéditive et attachés à leurs armes à feu. "This is gun country", déclare l'un d'eux. Des propos terribles qui annoncent l'Amérique de Trump.
A noter, la toute première apparition à l'écran de Jeff Goldblum, dans le rôle d'un voyou sadique (baptisé Freak #1 au générique). Un mot également sur la bande originale : Herbie Hancock signe une partition funk et soul, emmenée par une basse ronde associée à un clavier vagabondant auxquels se mêlent des envolées de violons et des éclats de cuivres.
En bonus, Sidonis Calysta propose un bon entretien avec le spécialiste ès-polars François Guérif ainsi qu'un documentaire qui revient sur la vie et la carrière de Charles Bronson.
Dérangeant, Un Justicier dans la ville n'en demeure pas moins un film culte, en ce sens qu'il a donné défini la figure moderne du "vigilante", inspirant de nombreux films de Death Sentence à Death Wish (le remake avec Bruce Willis), et dans une moindre mesure la saga John Wick. Son écho se fait sentir jusque dans Joker.
L'agression de la mère et de la fille est filmée de manière très crue et fait vive impression. En revanche, j'ai trouvé que la réaction de Paul Kersey n'est pas à la hauteur du drame qui a frappé sa famille. Charles Bronson la joue de manière un peu trop détachée - lui qui a pourtant su fendre l'armure à plusieurs reprises, comme dans cette émouvante scène dans La Grande évasion (1963), où Danny est atteint d'une crise de claustrophobie.
Ce jeu trop impassible de la star pénalise un peu le début du film mais au fur et à mesure que progresse l'histoire, Bronson semble plus à l'aise dans le rôle de l'homme traumatisé, que ses premières attaques rendent littéralement malade, avant de se transformer en tueur implacable. De Central Park aux ruelles douteuses, en passant par le métro, le père et mari éploré prend son pied à flinguer les délinquants. Et voici que les médias portent à la Une ce vengeur mystérieux, qu'une partie de la population glorifie et que les autorités recherchent sans grande conviction, tout le monde étant bien content que le taux de criminalité baisse à la suite de ces meurtres. Le film donne la parole aux citoyens adeptes de la justice expéditive et attachés à leurs armes à feu. "This is gun country", déclare l'un d'eux. Des propos terribles qui annoncent l'Amérique de Trump.
A noter, la toute première apparition à l'écran de Jeff Goldblum, dans le rôle d'un voyou sadique (baptisé Freak #1 au générique). Un mot également sur la bande originale : Herbie Hancock signe une partition funk et soul, emmenée par une basse ronde associée à un clavier vagabondant auxquels se mêlent des envolées de violons et des éclats de cuivres.
En bonus, Sidonis Calysta propose un bon entretien avec le spécialiste ès-polars François Guérif ainsi qu'un documentaire qui revient sur la vie et la carrière de Charles Bronson.
Dérangeant, Un Justicier dans la ville n'en demeure pas moins un film culte, en ce sens qu'il a donné défini la figure moderne du "vigilante", inspirant de nombreux films de Death Sentence à Death Wish (le remake avec Bruce Willis), et dans une moindre mesure la saga John Wick. Son écho se fait sentir jusque dans Joker.
Anderton
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