A la TV : La fièvre du samedi soir dès le vendredi, merci Canal+ ! La chaîne cryptée propose une soirée spéciale biopics musicaux à partir de 21h. Au programme : A Star is born de Bradley Cooper et Bohemian Rhapsody de Bryan Singer, avec en interlude un documentaire complet et enlevé : Biopic Rhapsody. Envoyez la musique.
Ecrit et réalisé par Sophie Pagès, le doc revient sur l'association du cinéma et de la chanson qui, comme l'ébène et l'ivoire, vivent en parfaite harmonie. Le biopic musical est en effet devenu un genre cinématographique en soi qui attire souvent les foules en salles, à l'image de Bohemian Rhapsody, qui a rapporté plus de 900 millions de dollars de recettes. Si le phénomène a pris de l'ampleur récemment, avec Rocketman ou A Star is born, Sophie Pagès rappelle qu'il n'est pas nouveau puisque le premier film parlant est The Jazz Singer (1927).
Les vies des stars de la chanson fascinent et leurs adaptations cinématographiques semblent répondre à un même déroulement, finalement très codifié, comme le fait remarquer le journaliste Renan Cros : l'enfance plus ou moins heureuse, la vocation, les premiers succès, les excès et enfin, le triomphe, souvent associé à une fin tragique. Le public est d'autant plus réceptif au film que le chanteur ou la chanteuse est devenu(e) un icône et que ses refrains sont sur toutes les lèvres. Selon Cros, le biopic musical, qui mêle cinéma et concert filmé, constitue un grand spectacle qui peut être la réponse des studios à la concurrence des plateformes VoD. Et son succès s'accompagne en général d'un déluge de prix, notamment pour les acteurs. Un professeur de UCLA explique même la recette pour récolter des Oscars : sortir à Noël un film qui se déroule dans l'industrie du divertissement et qui évoque une stigmatisation. Autant dire que le filon n'est pas prêt de se tarir. D'ailleurs, attendez-vous à retrouver prochainement à l'écran : David Bowie, Marvin Gaye, Aretha Franklin, Judy Garland...
Immersion et pression
Pour éclairer son propos, Sophie Pagès a ressorti des interviews de Rami Malek, Joaquin Phoenix ou Lady Gaga mais elle est surtout allée s'entretenir avec des talents ayant participé à des biopics musicaux : Oliver Stone (The Doors, 1991), Bertrand Tavernier (Autour de minuit, 1986), Olivier Dahan (La Môme, 2007), Florent-Emilio Siri et Jérémie Rénier (Cloclo, 2012), Lisa Azuelos et Sveva Alviti (Dalida, 2016)... Ils abordent avec beaucoup de franchise l'expérience parfois quasi mystique de faire revivre à l'écran une personnalité hors norme mais aussi la pression qu'ils ont subi, de la part de sa famille ou des fans. Antoine de Caunes vient également mettre son grain de sel, avec l'intelligence et la malice qu'on lui connaît.
En 48 minutes, le doc fait un (33) tour de la question, avec style. Normal, c'est une prod Black Dynamite, avec Eric Hannezo et Frédéric Benudis aux platines. Générique original, images léchées, entretiens rondement menées de Paris à Los Angeles et une foultitude d'extraits de films qui donnent du rythme à l'ensemble. On applaudit des deux mains en tapant du pied.
Walk Hard : le biopic culte
Bien sûr, Biopic Rhapsody laisse quelques titres de côté. Je pense notamment à Gainsbourg (Vie héroïque) mais surtout à Walk Hard The Dewey Cox Story (2007). Le film de Jake Kasdan est un sous-genre du biopic musical, à savoir le faux biopic musical. Cette production Judd Apatow raconte la vie de Dewey Cox, un chanteur passé par tous les genres musicaux, toutes les modes et toutes les addictions (alcool, drogue, sexe... Cox oblige) et qui a connu les feux de la gloire, jusqu'à s'y brûler les ailes. Emmené par un John C. Reilly au top, Walk Hard pompe des anecdotes réelles de l'histoire du rock, pique des plans vus dans d'autres biopics musicaux (Ray et Walk The Line notamment), se moque plus ou moins gentiment de vraies stars (il faut voir Jack Black, Paul Rudd, Justin Long et Jason Schwartzman en Beatles !) tout en balançant des chansons catchy qui auraient pu figurer au top des charts. Culte et hilarant.
Anderton
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