lundi 17 février 2020

Winter kills : culte du complot et trou de lapin

En DVD et Blu-ray : On attend avec impatience chaque nouvelle sortie vidéo de la collection Make my day! tant Jean-Baptiste Thoret sait nous réserver des surprises qui se transforment en plaisirs de cinéphile. Nouvelle illustration avec Winter kills (1979), sorti en France sous le titre Qui a tué le président ? mais également connu sous le titre Les Magnats du pouvoir. Le film de William Richert, qui réunit Jeff Bridges, John Huston et une pléiade de stars, s'annonce comme un pré-JFK avant d'emprunter de déroutants chemins de traverse.



Dix-neuf ans après l'assassinat du président Tim Keegan, son frère Nick est confronté à un mourant qui lui affirme qu'il était le deuxième tireur de l'attentat et que le meurtre a été commandité par un mafieux. Nick mène l'enquête avec la bénédiction de son père, un patriarche au coeur de tous les réseaux. 


Je m'attendais à un thriller parano dans la veine des Trois jours du Condor mais très rapidement, le film est parti en vrille. Les rebondissements débouchent sur des chausse-trapes, des impasses ou de nouvelles pistes qui complexifient un récit que l'on pensait connaître puisqu'il semblait calqué sur l'histoire de l'assassinat de John F. Kennedy. Opposants, mafieux, Cubains... les commanditaires sont passés en revue dans le film mais ça ne colle jamais tout à fait. Nick est paumé, le spectateur perd un peu pied. D'autant que William Richert s'éloigne d'un réalisme classique pour baigner son long-métrage dans une atmosphère étrange, un peu baroque, à l'image de sa mise en scène. 

Jeune et innocent

Les traits des personnages sont grossis. Les acteurs surjouent certains sentiments quand d'autres émotions semblent glisser sur eux dans la plus totale indifférence. Et c'est bien le choix du metteur en scène car le casting comprend plus d'un cador. Jeff Bridges (qui n'a alors pas pas 20 ans) incarne un Nick largué, manipulé, à la fois innocent et un peu con... le spectateur, qui passe par les mêmes états, n'a aucun mal à s'identifier à lui ! Face à lui, se tient John Huston, parfait  dans le rôle du paternel rusé et retors. On croise également Eli Wallach, Anthony Perkins, Sterling Hayden, Liz Taylor et Toshiro Mifune !


Winter kills a de quoi déconcerter et c'est tout l'intérêt du support physique de proposer des bonus qui vont éclairer l'oeuvre. Il y a d'abord la préface de Jean-Baptiste Thoret, toujours éclairante, complétée par une deuxième intervention du critique pour analyser le film et le comparer avec l'assassinat de Kennedy. Il faut interpréter cette oeuvre labyrinthique, indique-t-il, comme le voyage d'Alice au pays des merveilles, dans lequel chaque trou de lapin emmène l'héroïne vers une autre réalité. D'autres suppléments reviennent pour leur part sur la production chaotique de Winter kills. Les retrouvailles entre Bridges et Richert sont d'ailleurs très sympa. A noter que StudioCanal propose le film dans une version restaurée qui met en valeur la belle photo du grand Vilmos Zsigmond. Autant de raisons de ne pas passer à côté de cet Objet cinématographique non identifié.

Anderton

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