mardi 25 février 2020

Les Sous-doués dépassent le gag

En Blu-ray et DVD : Alors qu'on reparle de Claude Zidi, qui a tourné la page du cinéma après avoir tout de même attiré 80 millions de spectateurs en salle au cours de sa carrière, Gaumont sort le 26 février en Blu-ray une belle version des Sous-doués (1980). Quarante ans après sa sortie, cette comédie avec Daniel Auteuil en cancre malin mérite la mention Bien.



C'est Claude Berri qui a trouvé le titre de ce qui s'appelait alors sur le scénario La Boîte à bac. Et le producteur a vu juste : sa proposition dit tout du film. Des lycéens, qui ont opté pour la glande comme matière principale, intègrent une boîte à bac versaillaise au taux de réussite calamiteux. Sa directrice décide donc d'instaurer une discipline de fer qui n'empêche pas les jeunes chevelus de foutre le bordel. Jusqu'à la blague de trop : une juge les menace de les envoyer en prison s'ils ne décrochent pas leur bac à la fin de l'année. Du coup, toute la classe s'applique... à mettre au point des antisèches très élaborées pour obtenir le précieux diplôme.


Sur une idée de sa fille, qui lui racontait d'incroyables histoires de boîtes à bac bancales, Claude Zidi et ses compères Didier Kaminka et Michel Fabre pondent un script truffé de gags pour un film qui s'annonce sans prétention, après quelques grosses productions comme L'Aile ou la cuisse (1976) ou L'Animal (1977). Et ça se ressent : la photo est beaucoup moins soignée que celle de La Course à l'échalote par exemple. Et certains mouvements de caméra sont parfois approximatifs. Pour autant, ces petits défauts sont largement compensés par le savoir-faire de Claude Zidi en matière de mise en scène : le cinéaste sait où placer sa caméra et comment rendre ses plans efficaces pour obtenir le meilleur effet comique. 

Idem pour le scénar, qui souffre ici ou là de quelques maladresses et de certaines facilités, mais qui passe avec mention l'épreuve du temps. La double force du film, c'est sa fraîcheur et sa drôlerie. Zidi a réalisé une comédie légère et (baba) cool, qui met en avant l'insouciance d'une jeunesse qui se prépare à une vie active pas drôle - il est plusieurs fois fait référence au chômage ou à l'absence de débouchés post-bac. Alors on déconne, on drague, on fait chier les adultes. Sans méchanceté. Juste pour le plaisir de s'amuser.

Une bande de jeunes qui se fend la gueule

Cette joie de vivre est portée par un casting de comédiens qui nous offrent leur vitalité et leur jeunesse. Evidemment, Daniel Auteuil sort du lot. Il faut dire qu'il a alors derrière lui une bonne expérience théâtrale et une dizaine de films à son actif. Dans le rôle de Bébel, il excelle : ce personnage de branleur grande gueule qui ne pense qu'aux filles et aux blagues lui collera d'ailleurs aux basques, y compris lorsqu'il travaillera avec d'autres metteurs en scène, comme Gérard Lauzier. Le reste des lycéens comprend des têtes nouvelles, que l'on recroisera sur petit et grand écrans (Patrick Laurent, Gaëtan Bloom, Patrick Zard, Catherine Erhardy ou Françoise Michaud) tandis que d'autres ne poursuivront pas dans la carrière. Face à eux, une brochette de comédiens confirmés, qui jouent leur rôle à fond : Maria Pacôme en inflexible dirlo, Michel Galabru qui cabotine comme on l'aime, Raymond Bussières émouvant en papy lycéen, Hubert Deschamps ni jeune ni à jeun. On croise également Tonie Marshall, Richard Bohringer, Féodor Atkine et Henri Attal, l'éternel compère de Dominique Zardi dans Fantômas et ailleurs. Il y a même le gigantesque Dominique Hullin, "pâté en croûte" dans Inspecteur la bavure, film de Zidi sorti la même année et dans lequel une partie du cast se retrouvera d'ailleurs.

Cette opposition générationnelle fonctionne à merveille grâce à une noria de gags et de situations burlesques. Bien sûr, il y a un peu de déchets, d'hénaurmités ou de trucs un peu datés, mais on continue de se marrer de bon coeur devant les trouvailles des lycéens (et des scénaristes et des "truquistes" comme on disait alors). La machine à apprendre qui file des claques ou offre des sucettes ; la "meule" (mobylette) volée, repeinte et revendue plusieurs fois de suite à son proprio ; l'ancêtre de l'exosquelette ; la mallette-projecteur... font toujours autant effet.



Gaumont propose une belle version (qui donne l'impression aux moins jeunes comme moi de redécouvrir le film), accompagné d'un bonus dans lequel Didier Kaminka et Thibault Decoster, spécialiste de Zidi, reviennent sur cette petite comédie devenue grand succès. Plus de 3 millions d'entrées en salle, mieux qu'Inspecteur la bavure ! D'où la mise en chantier des Sous-doués en vacances (1982), également dispo en Blu-ray : une suite moins réussie mais qui a légué à la postérité la chanson Destinée, composée par Vladimir Cosma et interprétée par Guy Marchand. Un slow langoureux qui devient un hit et se retrouve au générique du Père Noël est une ordure. Avis aux fans de Claude Zidi : Gaumont éditera en mars prochain un DVD des Rois du gag. En attendant, redoublez... de plaisir avec ces sympathiques Sous-doués.

Anderton

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