En Blu-ray : Rimini Editions nous propose de (re)découvrir dans une belle édition vidéo Un Château en enfer (Castle Keep, 1969), un film de guerre atypique qui réunit un nombre incroyable de talents : Sydney Pollack, Burt Lancaster, Peter Falk, Bruce Dern, Jean-Pierre Aumont et Michel Legrand.
C'est d'ailleurs cette constellation d'étoiles et l'affiche qui m'ont donné envie de regarder ce film, dont je n'avais jamais entendu parler. L'histoire - pendant la deuxième guerre mondiale, un groupe de G.I.'s s'installe dans un château belge qu'ils vont devoir défendre face à l'avancée des troupes allemandes - me laissait penser que j'allais découvrir une oeuvre proche des Douze Salopards (The Dirty Dozen, 1967) ou De l'or pour les braves (Kelly's Heroes, 1970). A savoir un film de guerre impertinent, aux scènes d'action spectaculaires. Or, si le final répond aux canons (pun intended) du genre, avec des images très marquantes, Un Château en enfer se démarque profondément des films de Robert Aldrich et Brian G. Hutton.
L'art de la guerre, la guerre à l'art
L'art de la guerre, la guerre à l'art
Pour son 4e long-métrage, Sydney Pollack choisit de réaliser un film de guerre surréaliste, à la limite du fantastique. La première séquence donne le ton : la petite troupe, sale et fatiguée, avance sur un chemin boueux à travers la forêt. C'est alors qu'ils croisent la route d'une cavalière qui semble sortie du Moyen-Age, poursuivie par un homme en livrée de chasse à courre. Une vision fantasmagorique qu'accentuent le montage ainsi que la musique padapadesque de Michel Legrand, qui prend soin d'éviter de faire sonner le clairon ou résonner le tambour. Le ton est donné.
Les soldats du Major Falconer (Burt Lancaster) prennent possession des lieux (et même plus), un château comme sorti tout droit d'un conte et dans lequel le comte de Maldorais (Jean-Pierre Aumont) conserve une impressionnante collection d'oeuvres d'art. Le capitaine Beckman (Patrick O'Neal), historien de l'art dans le civil, souhaite à tout prix préserver cet inestimable patrimoine mais Falconer est prêt à le sacrifier pour défendre sa position et ralentir la contre-attaque allemande.
Les soldats du Major Falconer (Burt Lancaster) prennent possession des lieux (et même plus), un château comme sorti tout droit d'un conte et dans lequel le comte de Maldorais (Jean-Pierre Aumont) conserve une impressionnante collection d'oeuvres d'art. Le capitaine Beckman (Patrick O'Neal), historien de l'art dans le civil, souhaite à tout prix préserver cet inestimable patrimoine mais Falconer est prêt à le sacrifier pour défendre sa position et ralentir la contre-attaque allemande.
Avec ce débat philosophique pour toile de fond (pour quoi se bat-on ?), Sydney Pollack place ses personnages dans un espace hors du temps, sur lequel se serait abattu un sortilège. Etrange châtelain, dont l'épouse est deux fois plus jeune. L'une comme l'autre sont représentés sur des tableaux de la Renaissance comme sur des toiles impressionnistes. A moins qu'il ne s'agisse de leurs ancêtres. Le spectateur est d'autant plus décontenancé qu'il s'attendait à un film de guerre "classique". On en vient à se demander si le comte et sa femme ne seraient pas des sortes de vampires ou de fantômes.
Pollack prend un malin plaisir à brouiller les pistes, en jouant avec la mise en scène, le montage, la musique mais aussi les décors, avec ces couloirs circulaires dans lesquels déambulent les protagonistes. Et lorsque les soldats s'échappent momentanément de cet étrange endroit, ils se retrouvent dans un village désert, où seuls la boulangerie et le bordel semblent abriter un peu de vie. Le sergent Rossi (Peter Falk), boulanger de formation, y voit l'opportunité de retrouver un semblant de normalité, même si cette parenthèse est perturbée par l'arrivée d'un groupe d'objecteurs de conscience mené par un exalté (Bruce Dern). Autant d'occasions pour Pollack de signer des séquences (d)étonnantes, qui semblent presque déconnectées du récit principal. Les dialogues, très littéraires, participent aussi à ce sentiment d'étrangeté qui nous accompagne tout au long du film. Ils sont repris du roman de William Eastlake, dont est tiré le film.
Etonnante découverte donc, que Rimini Editions propose d'éclairer via deux bonus dans lesquels s'expriment plusieurs spécialistes de Sydney Pollack, dont le journaliste Samuel Blumenfeld. Ils reviennent sur le tournage et l'accueil du film, remettent l'oeuvre en perspective tout en revenant sur la carrière, l'approche et le style du cinéaste. Passionnant.
Pollack prend un malin plaisir à brouiller les pistes, en jouant avec la mise en scène, le montage, la musique mais aussi les décors, avec ces couloirs circulaires dans lesquels déambulent les protagonistes. Et lorsque les soldats s'échappent momentanément de cet étrange endroit, ils se retrouvent dans un village désert, où seuls la boulangerie et le bordel semblent abriter un peu de vie. Le sergent Rossi (Peter Falk), boulanger de formation, y voit l'opportunité de retrouver un semblant de normalité, même si cette parenthèse est perturbée par l'arrivée d'un groupe d'objecteurs de conscience mené par un exalté (Bruce Dern). Autant d'occasions pour Pollack de signer des séquences (d)étonnantes, qui semblent presque déconnectées du récit principal. Les dialogues, très littéraires, participent aussi à ce sentiment d'étrangeté qui nous accompagne tout au long du film. Ils sont repris du roman de William Eastlake, dont est tiré le film.
Etonnante découverte donc, que Rimini Editions propose d'éclairer via deux bonus dans lesquels s'expriment plusieurs spécialistes de Sydney Pollack, dont le journaliste Samuel Blumenfeld. Ils reviennent sur le tournage et l'accueil du film, remettent l'oeuvre en perspective tout en revenant sur la carrière, l'approche et le style du cinéaste. Passionnant.
Anderton
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