vendredi 5 novembre 2021

Barbaque : une bonne tranche de rire

Barbaque Fabrice Eboué Marina Foïs CINEBLOGYWOOD


En salles : Un homme et une femme, empêtrés dans les problèmes financiers, assistent au délitement de leur mariage. On imagine sans peine le film dramatique que cela aurait pu donner s'il avait été tourné Rive gauche ou dans une cité minière du Nord-Pas de Calais. Dans Barbaque, on a bien le droit à des scènes de couple qui s'engueule dans sa cuisine mais c'est pour mieux nous faire marrer. Fabrice Eboué, accompagné de Marina Foïs, signe une comédie qui déborde de romance et de tripes.


Vincent Pascal aime sa viande. Il te la coupe, te l'attendrit avec toute la délicatesse d'un artisan boucher fier de son métier. Malheureusement, ça ne fait pas venir le client, ça le fait même attendre un peu trop longtemps, au grand dam de Sophie, sa femme qui tient la caisse. D'autant que la caisse est vide. Et quand une bande de militants végans vient vandaliser la boutique, c'est le litre de (faux) sang qui fait déborder le vase. Madame Pascal demande le divorce. Vincent perd pied, et pas seulement paquet. C'est alors qu'il reconnaît un de ses agresseurs animalistes à vélo. Son (vrai) sang ne fait qu'un tour. Il l'écrase. Bon, en même temps, il était en voiture, il a perdu les pédales, notamment celle du frein. Que faire du corps ? Fan de Christophe Hondelatte et de ses émissions consacrées à des serial killers, Sophie propose à son mari de découper le corps et de s'en débarrasser. Le boucher se met au travail et transforme l'activiste en jambon. Qui se retrouve malheureusement dans l'étal de la boutique. Les clients en raffolent. Sophie et Vincent imaginent alors comment sauver leur commerce et leur couple.

Very good tripes

Barbaque est un film méchamment drôle. Fidèle à lui-même, Fabrice Eboué ne fait pas dans la demi-mesure, pas plus qu'il ne tourne autour du pot au feu. Les répliques sont mordantes et les situations, sanglantes. Le film est d'ailleurs interdit aux moins de 12 ans, des fois que cela leur donnerait des idées. En cette période où il faut tourner sept fois la langue de boeuf dans la sauce gribiche, le réalisateur et coscénariste pique, griffe, mord et tranche dans le lard des pires amis des steaks (cf en hors-d'oeuvre son one man show Plus rien à perdre), des viandards, des beaufs, des jeunes, des racistes, des antispécistes. Il dépasse allègrement le point Godwin. Mais Barbaque est inattaquable car la connerie y est universelle. Et les Pascal n'y échappent pas. Pas plus qu'à la lâcheté ou la mesquinerie. Comme dans une bonne comédie italienne, tout le monde est affreux, sale et méchant. Fabrice Eboué et Marina Foïs l'ont bien compris, qui ne cherchent jamais à faire de leurs personnages des pauvres victimes. Leurs regards hébétés et leurs petits sourires sadiques illuminent le film.

Incorrect de bout en bout, Barbaque régale. La réalisation est soignée et la bande son, aussi. On y entend les Village people mais curieusement, pas Abba (tu l'as ? Hein, tu l'as ?). On se marre et qu'est-ce que ça fait du bien ! On en redemande encore et en gore !

Anderton

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