jeudi 12 janvier 2023

Winning Time : sexe, drogue et basketball

Winning Time série Blu-ray CINEBLOGYWOOD

En Blu-ray et DVD : Pas une seule nomination pour Winning Time aux Golden Globes 2023. Et c'est bien dommage, car la série HBO sur l'ascension des Lakers au début des années 1980 est une grande réussite, qui réunit une galaxie de talents (Adam McKay, John C. Reilly, Quincy Isaiah, Jason Clarke, Adrien Brody). A (re)découvrir illico à l'occasion de sa sortie en vidéo.

Créée par Max Borenstein et Jim Hecht à partir du livre Showtime de Jeff Pearlman, Winning Time nous ramène 40 ans en arrière à Los Angeles quand Jerry Buss, un businessman un brin magouilleur, rachète l'équipe de basket des Lakers. Avec un portefeuille pas très épais mais un immense bagout, le nouveau boss est persuadé que la recette du succès réside dans la capacité de la franchise à faire le show. Sur le parquet, avec la star Kareem Abdul-Jabbar et le rookie Magic Johnson ; et en dehors, en faisant du Forum, une salle de spectacle, avec danseuses, bar... et plus, si affinités.

Adam McKay a réalisé le pilote et donné son style à la série. A savoir, beaucoup de fluidité et de dynamisme, le recours à des plans de coupe à l'image granuleuse, comme tournés avec une caméra super-8, et des personnages qui pendant une scène n'hésitent pas à casser le quatrième mur pour s'adresser aux spectateurs. Les réalisateurs et réalisatrices suivants, dont Jonah Hill pour l'épisode 2, poursuivent dans cette voie qui alterne drame et comédie.

Back to the eighties

Belle reconstitution des années 1980, que ce soit dans les décors, les costumes, la bande son... et l'esprit. Les personnages boivent, fument, se droguent, baisent, avec une liberté totale. Cela pourrait presque donner envie, sauf que les conséquences de cette désinhibition ne nous sont pas épargnées : individus désespérés, familles malmenées, carrières brisées.

Les dix épisodes se déroulent tambour battant, avec rebondissements et cliffhangers. Pas besoin d'aimer le basket pour vibrer avec les personnages. Lesquels sont interprétés par un casting All-star. John C. Reilly est génial dans le rôle de Jerry Buss, à la fois grande gueule et à fleur de peau, toupet sur le crâne, lunettes de soleil sur le nez et chemise ouverte jusqu'au nombril. Pour rappel, son pote Will Ferrell espérait le rôle et s'est fâché à mort avec McKay, son partenaire de longue date, pour ne pas l'avoir obtenu. Avec son sourire craquant, Quincy Isaiah campe un Magic Johnson, tout aussi inconséquent que son patron mais ô combien charmeur. A l'un comme à l'autre, on leur pardonne leurs excès. Jason Clarke incarne la légende Jerry West, expert en dribbles, jurons et coups de sang ; Adrien Brody prête ses traits au déterminé coach Pat Riley et Jason Segel, au coach peu sûr de lui Paul Westhead. Solomon Hughes joue un Kareem Abdul-Jabbar à la limite de la dépression. On retrouve également au générique Sally Field, Michael Chiklis, Gaby Hoffmann, Tracy Letts, LisaGay Hamilton et Steve Harris (qui ont fait les beaux jours de The Practice) ainsi que Wood Harris (The Wire). Du très beau monde qui livre des prestations dignes d'une finale de NBA.

L'édition vidéo permet d'en savoir plus sur la production de la série, grâce à pléthore de bonus et d'entretiens avec les talents. Magic, Kareem, West et d'autres se sont élevés contre la manière dont l'histoire de leur club et leurs personnalités ont été adaptées à l'écran. Je serais bien incapable de distinguer les faits avérés de ce qui relève de la licence artistique. Reste que j'ai adoré cette première saison (une deuxième a été commandée par HBO) qui emballe autant par son ton, mêlant humour et mélancolie, que par son approche esthétique.

Anderton


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