mardi 30 avril 2024

The Fall Guy : pourquoi Spielberg a adoré

The Fall Guy Steven Spielberg CINEBLOGYWOOD

Adaptation réussie de la série L'Homme qui tombe à pic, The Fall Guy déboule sur nos écrans ce mercredi. Lors de la cérémonie des Golden Globes, Ryan Gosling a raconté que Steven Spielberg est venu vers lui et lui a déclaré qu'il avait adoré le film. L'acteur, qui interprète le cascadeur Colt Seavers, ne s'en est pas remis. Pour avoir vu et beaucoup aimé le long-métrage réalisé par David Leitch, avec Emily Blunt en costar, je crois avoir compris pourquoi Tonton Steven a pris son pied. 


Back to the 80's

Le film est l'adaptation de L'Homme qui tombe à pic (The Fall Guy), un feuilleton - comme on disait à l'époque - qui fit les beaux jours de la télévision au début des années 1980. Chez nous, c'était le dimanche que ça passait, devant le rosbif-pommes de terre rissolées. Une production de Glen A. Larson, l'homme derrière Galactica, Magnum ou K2000. Cinq saisons (1981-1986), 112 épisodes. Au programme : humour et action. On suivait les aventures de Colt Seavers, un cascadeur qui se transformait en chasseur de primes pour arrondir ses fins de mois. Dans le rôle principal, Lee Majors (L'homme qui valait trois milliards), sourire enjôleur et cigare au bec. Colt avait pour side kicks le chien fou Howie (Douglas Barr) et Jody, la blonde californienne loin d'être stupide (Heather Thomas). C'est certain que, comme les plus hum matures d'entre nous, Steven Spielberg a kiffé ce voyage en nostalgie. D'autant qu'il l'a ramené à une époque où le jeune barbu régnait sur Hollywood en mogul absolu.

Par ailleurs, The Fall Guy le film m'a rappelé une belle séance du samedi soir de la fin des années 1970 : La Fureur du danger (Hooper, 1978) de Hal Needham, avec Burt Reynolds, Sally Field et Jan-Michael Vincent. Une autre action comedy qui rend hommage aux cascadeurs.

Popcorn movie assumé

De la série TV, David Leitch a gardé l'esprit. Je répète : de l'action et de la comédie. L'histoire n'est qu'un gigantesque MacGuffin dont on se contrefiche un peu. On veut juste voir des cascades : ça tombe bien, le réalisateur est un ancien cascadeur. Les cascades sont autant spectaculaires que disproportionnées par rapport au récit. Les courses-poursuites de véhicules divers et variés (auto, bateau, hélico) se terminent invariablement en explosions grandioses, avec Kiss en bande son. Le titre n'est pas mensonger puisque le héros n'arrête pas de tomber, de hauteurs également variables, et de passer à travers pléthore de matériaux. Il se fait évidemment mal mais se relève, continue de courir, de sauter, de donner coups de poing et punchlines et d'en encaisser d'autres. Sans jamais oublier de lever le pouce pour dire que tout va bien. The Fall Guy dynamite cynisme, pessimisme et rationalité. Il assume son premier degré et son côté parfois un peu crétin pour afficher un unique objectif : nous divertir. Je pense que ça n'a pas été pour déplaire à Spielberg de retrouver ce mood so 80's, d'en prendre plein les yeux et les oreilles, en se marrant, avec un seau de popcorn sur les genoux. Comme sur cette photo publiée dans le Time magazine daté du 15 juillet 1985.

Steven Spielberg Time magazine 1985 CINEBLOGYWOOD

Romance contrariée

Au début du film, Colt Seavers file le parfait amour avec Jody Moreno, assistante réalisatrice. Puis un événement les sépare. Les années passent, le cascadeur se retrouve embauché sur le premier long-métrage de son ex en tant que réalisatrice. Forcément, elle lui en veut et lui en fait voir de toutes les couleurs. Mais Colt encaisse, le pouce levé bien sûr. Ce type de relation amoureuse alimentée par de constantes chamailleries et vacheries, Spielberg adore. Nombre de ses films ont mis en scène des couples qui bataillent pour mieux s'étreindre : Indiana Jones et Marion, Indiana Jones et Willie, Donna et Loomis (1941), Pete et Dorinda (Always)... Dans The Fall Guy, même si parfois les confrontations durent parfois un poil trop longtemps et ralentissent l'action, la love story débouche en laugh story.  

Casting de rêve

L'alchimie entre Ryan Gosling et Emily Blunt est manifeste. Ils sont parfaits l'un pour l'autre, comme diraient les Rita Mitsouko. Le Canadien, à qui on a trop longtemps et injustement reproché le jeu minimaliste, s'éclate dans ce rôle où il expose à nouveau son sens de la comédie et sa capacité à jouer des scènes d'action. Sans jamais se prendre au sérieux. Quant à la Britannique, elle donne à son personnage sa malice, sa verve et son charme. Aaron Taylor-Johnson, Winston Duke, Hannah Waddingham, Teresa Palmer et Stephanie Hsu font d'honorables sparring partners. Sans oublier, Jean-Claude, un chien qui ne comprend que le français. Après Messi dans Anatomie d'une chute, c'est la meilleure prestation canine que vous verrez au cinéma. A quand un Oscar pour les toutous ? Toujours est-il que Steven Spielberg a forcément aimé ce casting haut et en couleurs, lui qui a toujours su mettre en valeur ses comédiens.

Mise en scène virevoltante

David Leitch sait autant mettre en scène les nombreuses séquences d'action que les nombreuses disputes entre Colt et Jody. Pour les premières, sa caméra colle au plus près des bolides, elle file à toute vitesse, plonge au ras du sol et décolle si besoin. Le réalisateur nous fait plaisir en filmant avec beaucoup d'originalité une baston au cours de laquelle les sens de Colt Seavers sont altérés. Et il démontre qu'il sait faire un usage malin et marrant du split screen lorsque les tourtereaux se cherchent des poux au téléphone. Evidemment que Spielberg est aux anges devant une telle mise en scène.

Universal Seavers

N'oublions pas les liens qui unissent Steven Spielberg à Universal, le premier studio à lui avoir fait confiance. Celui avec lequel il entretient un long partenariat, renouvelé l'an passé. The Fall Guy propose d'ailleurs une course-poursuite en bateau qui m'a fait penser à l'attraction du parc Universal Studios de Los Angeles. Attraction que j'ai découverte en 1988 sous le nom Miami Vice mais rebaptisée aujourd'hui The Fall Guy. Ryan Gosling est d'ailleurs venu y faire un tour récemment.


The Fall Guy devrait faire un grand bien au studio, aux salles de cinéma et surtout au public, qui a besoin d'échapper à une actualité anxiogène. Et ça, Spielberg l'adore et nous aussi !

Anderton


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