Devenu star grâce à la trilogie du dollar et Sergio Leone, Clint Eastwood s'en retourne en Amérique où il coproduit un western dont il est l'acteur principal : Pendez-les haut et court (Hang 'Em High, 1968), que réalise Ted Post. Une oeuvre étonnante, à mi-chemin entre le film de cowboy hollywoodien et sa version spaghetti. Une belle édition vidéo, signée Sidonis Calysta, permet de le (re)découvrir et d'en apprécier toute l'originalité... et la noirceur.
Jedediah Cooper mène tranquillement son troupeau de vaches quand une bande de cowboys déboule à bride abattue et l'accuse d'avoir volé le bétail. Malgré ses dénégations et un acte de propriété, les hommes l'encerclent et le pendent à un arbre avant de quitter les lieux. Un cavalier solitaire surgit et sauve Jed in extremis. Il le conduit auprès du juge Fenton, qui reconnaît son innocence. Le magistrat l'engage comme marshall. Cooper part à la recherche de ses assassins.
Le film frappe par son approche âpre : les scènes de pendaison sont nombreuses et toutes, traumatisantes. Du lynchage de Jedediah aux exécutions publiques ordonnées par le juge et qui se déroulent devant une foule familiale venue se divertir. L'homme de loi, brillamment interprété par Pat Hingle, est implacable ; pour autant, il est bouleversé à chaque fois que la trappe s'ouvre sous les pieds des condamnés. Impossible de rester insensible à ces séquences qui font sortir le récit du western traditionnel pour inciter le spectateur à réfléchir sur la peine de mort. Une oeuvre engagée ? Peut-être, mais sans démonstration appuyée. Les images se suffisent à elles-mêmes.
Classique et décalé
Pendez-les haut et court oscille en permanence entre scènes dignes du grand Hollywood et une approche décalée. La mise en scène de Ted Post suit la même démarche, entre une forme de classicisme et des plans qui se rapprochent du western spaghetti, l'aspect baroque en moins. Le réalisateur conclut même son film par un affrontement filmé comme un film d'horreur. Gothique ! L'excellent score de Dominic Frontiere englobe également ces multiples influences.
Clint Eastwood compose à nouveau un cowboy taiseux et animé par une rage plus ou moins contenue qui appelle à la vengeance. On retrouve l'homme sans nom de la trilogie du dollar mais avec une noirceur en plus. L'inspecteur Harry n'est pas loin. C'est fascinant de voir le comédien parfaire un personnage qu'il déclinera tout au long de sa carrière. A ses côtés, on retrouve fugacement Ben Johnson ainsi que Dennis Hopper et, avec plus de présence à l'écran, Bruce Dern. Le vieil et le nouvel Hollywood associés. Et, surprise, James MacArthur (Hawaï Police d'Etat) interprète un prêcheur !
Toutes ces associations atypiques auraient pu déboucher sur un résultat bancal. C'est tout le contraire. Le film tient bien la corde, si j'ose dire. Sidonis Calysta le propose dans un coffret combo (DVD + Blu-ray), qui intègre un livret signé Patrick Brion et, parmi les bonus, deux entretiens passionnants avec Olivier Père et Jean-François Gire. Les deux spécialistes reviennent sur la production de ce western atypique et en détaillent toute l'originalité.
Anderton
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire