Artistes : Ayé, donc, c'est donc Pedro Almodovar qui tiendra les manettes du jury du 70ème Festival de Cannes . Pas rancunier, le cinéaste qui court après une Palme depuis...bah depuis toujours ! Car aussi incompréhensible que cela puisse paraître - Cannes 2016 l'a encore confirmé - jamais le cinéaste espagnol ne reçut la récompense suprême. Déjà membre du jury en 1992 sous la présidence de Gérard Depardieu, le Madrilène fera-t-il entrer cette année Michael Haneke dans le club très fermé des tri-palmés ? Réponse le 27 mai. En attendant, examinons à froid les palmarès des 21 précédentes éditions, présidées par un réalisateur.
2016 : George Miller aux manettes : on espérait un palmarès furieux, pétaradant, décoiffant.....et on eut Ken Loach, pour sa 2ème Palme ! On peut apprécier le cinéaste britannique, et j'en suis, mais il est dommage que l'audace d'un Park Chan wook (Mademoiselle), la satire d'une Maren Ade (Toni Erdman), la poésie d'un Jim Jarmusch (Paterson) ou la légèreté grave d'un Bruno Dumont (Ma Loute) n'aient été être récompensées. Et que dire de la nouvelle absence au palmarès de Pedro Almodovar, qui signait avec Julieta son oeuvre la plus grave et profonde ?
2015 : Les frères Coen présidents ! Une voix pour deux ? Deux voix pour une présidence ? Mystère....Mais palmarès tièdement accueilli, et qui voit la France triompher avec Dheepan, le revenge movie social de Jacques Audiard, et le prix d'interprétation masculine décerné à Vincent Lindon pour La Loi du marché. Incontestable Grand prix du jury décerné à Lazlo Nemes (membre du jury en 2016, comme quoi...) pour Le Fils de Saul.
2016 : George Miller aux manettes : on espérait un palmarès furieux, pétaradant, décoiffant.....et on eut Ken Loach, pour sa 2ème Palme ! On peut apprécier le cinéaste britannique, et j'en suis, mais il est dommage que l'audace d'un Park Chan wook (Mademoiselle), la satire d'une Maren Ade (Toni Erdman), la poésie d'un Jim Jarmusch (Paterson) ou la légèreté grave d'un Bruno Dumont (Ma Loute) n'aient été être récompensées. Et que dire de la nouvelle absence au palmarès de Pedro Almodovar, qui signait avec Julieta son oeuvre la plus grave et profonde ?
2015 : Les frères Coen présidents ! Une voix pour deux ? Deux voix pour une présidence ? Mystère....Mais palmarès tièdement accueilli, et qui voit la France triompher avec Dheepan, le revenge movie social de Jacques Audiard, et le prix d'interprétation masculine décerné à Vincent Lindon pour La Loi du marché. Incontestable Grand prix du jury décerné à Lazlo Nemes (membre du jury en 2016, comme quoi...) pour Le Fils de Saul.
2014 :
Jane Campion présidente ! Palmarès quasi-sans faute : la Palme pour Nuri Bilge Ceylan, prix du jury pour Xavier Dolan et Jean-Luc Godard, Mise en scène à Bennett Miller, interprétation à Julianne Moore et Timothy Spall. Seul bémol : la France repart bredouille, et surtout rien pour Timbuktu, d'A. Sissako.
2013 :
Steven Spielberg couronne La Vie d'Adèle, d'Abdellatif Kechiche. Une Palme très controversée. Fait rarissime : le jury y associe les 2 principales actrices Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux. Les frères Coen accrochent un nouveau Grand prix du jury pour Inside Llewyn Davis, et Jia Zhangke, "seulement" le prix du scénario pour Touch of sin. mais rien pour Arnaud Desplechin, James Gray (encore !) ou Roman Polanski. Bilan mitigé, donc.
2012 : Nanni Moretti met tout le monde d’accord en remettant la palme à Haneke pour Amour. Mais pour le reste, aïe, aïe ! Cronenberg, Audiard, Carax, Dominik, Nichols ou Resnais repartent sans rien – à l’inverse de Matteo Garrone, Vinterberg et Reygadas
2010 : Tim Burton couronne Apichatpong Wheerasetakull pour Oncle Boomy. Les cinéphiles purs et durs sont aux anges, les autres moins….malgré un palmarès finalement consensuel : Beauvois, Amalric, Binoche, Iñaritu et le coréen Lee Chan Dong
2008 : Sean Penn sacre Laurent Cantet et Entre les murs « amazing movie », d’après lui. Rien pour L’Echange d’Eastwood, et… Two lovers de… James Gray, again !
2007 :
Stephen Frears consacre la Roumanie avec 4 mois, 3 semaines et 2 jours de Cristian Mungiu. Palme exigeante, beau succès. Mais 3 oublis majeurs : No country for old men des Coen, Zodiac de Fincher, La nuit nous appartient de James Gray – aïe !
2006 : le glamoureux Wong kar-wai surprend en décernant la palme à Ken Loach et Le Vent se lève. Rien à voir avec son univers d’origine. Belle palme néanmoins, malgré les oubliés du palmarès : Le Labyrinthe de Pan, Le Caïman, Les Climats ou Marie-Antoinette.
2005 : Emir Kusturica préfère sacrer les frères Dardenne avec L’Enfant aux dépens de Jarmusch et ses Broken Flowers. Pourquoi pas ? Mais pourquoi, quand sont laissés de côté History of Violence de Cronenberg, Election de Johnnie To, et surtout Three times de Hou Hsiao Hsien ?
2004 : Quentin Tarantino, très opportuniste, préfère sacrer Fahrenheit 9/11 de Michael Moore aux dépens de 2046 de WKW ou de La vie est un miracle de Kusturica. Gros malaise.
2003 : le Français Patrice Chéreau met tout le monde d’accord avec Elephant, de Gus Van Sant, au sein d’une sélection jugée alors catastrophique (Les côtelettes de Bertrand Blier représentent la France, c’est dire…). Seule ombre au tableau : Clint Eastwood et Mystic River repartent bredouille.
2002 : David Lynch aux manettes, c’était la promesse d’une Palme atypique. Et c’est le très beau, mais très classique Pianiste de Polanski qui triomphe. Scandale : Spider de Cronenberg n’obtient rien, ni Irréversible de Gaspard Noé...
2000 : Luc Besson préside. Lars von Trier triomphe avec son pire film, Dancer in the Dark. Heureusement, In the mood for love est récompensé, ainsi que Yi Yi d’Edward Yang. Premier échec de James Gray (The Yards) en sélection.
1999 : David Cronenberg radicalise son palmarès et récompense des oeuvres et auteurs aux antipodes de son univers : Bruno Dumont et L’Humanité : les frères Dardenne et Rosetta. Kitano (Kikujiro), Almodovar (Tout sur ma mère), Jarmush (GhostDog) repartent bredouilles.
1998 : Martin Scorsese aux commandes. Chic ! Un cinéaste populaire, cinéphile et exigeant. Hourrah pour Angelopoulos, pour un palmarès décevant qui oublie Hou Hsiao Hsien, Alexei Guerman ou Todd Haynes, au profit de Roberto Begnini.
1996 : Francis Ford Coppola, l’artiste majuscule à même de réconcilier toutes les exigences d’un cinéphile cannois ? peut-être : superbe palmarès, Mike Leigh décroche la Palme, Lars von Trier le Grand prix avec Breaking the waves, les Coen le prix de la mise en scène, Cronenberg un prix spécial pur Crash. Un sans faute.
1994 : Clint président ! Tarantino palmé ! Mais Kieslowski (Rouge) ou Chéreau (La Reine Margot) oubliés, ou quasi ignorés…
1993 : Louis Malle préside, Jane Campion et sa Leçon de Piano sont couronnées, ex-aequo avec le Chinois Chen Kaige pour Adieu ma concubine. Loach et Leigh également au palmarès au sein d’une édition assez terne, pour un palmarès qui en relève le niveau. Bien joué !
Et au final, le bilan n’est pas si négatif que cela : certes, Tarantino, Scorsese ou Wong kar-wai ont déçu ; oui, les palmés ne sont pas toujours à la hauteur du reste du palmarès – nécessité de faire des compromis avec le jury ? - quand ils ne cachent pas un palmarès indigne (cf Cannes 2012). Reste que les précédents Coppola, Malle, Burton, ou plus lointainement Polanski (qui sacre Barton Fink) ou Bertolucci (Sailor et Lula) montrent que la présence d’un cinéaste aux commandes du jury est un sérieux gage de, si ce n’est de clairvoyance, en tout cas de recherche d’exigence et de qualité.
Travis Bickle
2 commentaires:
C'est James GRAY, et le film THE Yards.
Of course, cher anonyme ! Voilà ce que c'est d'écrire trop vite. Erreur rectifiée, merci.
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