mercredi 3 février 2016

Enragés : bon choc, bon genre


En DVD et Blu-ray : Ce n'est jamais évident de réussir un film de genre. Trop de respect, trop d'hommage, trop de citations... et voilà un copié-collé sans âme de films cultes inégalables. Pour sa première réalisation, Eric Hannezo ne tombe pas dans le panneau. Enragés est un thriller qui porte bien son nom.



Un casse qui tourne mal. Pour échapper aux flics, les gangsters prennent en otages une femme puis un père de famille qui emmenait sa fille à l'hôpital. Si elle ne subit pas une transplantation dans les sept heures à venir, elle va mourir. Pas de quoi émouvoir les braqueurs qui cherchent à rejoindre la frontière à tout prix.

Dès les premières images, le ton est donné. Des plans stylés, une photo léchée, du rythme... Inutile de dire que le réalisateur a plus été marqué par les films d'action américains des années 80 que par les drames intimistes germanopratins. On perçoit d'emblée l'ambition d'Hannezo, son envie de s'inscrire dans un genre, quitte à parfois en bousculer les codes. Et ça fait plaisir. Hommage au ciné ricain dans les décors (le film a été tourné à Montréal et au Canada), les costumes - Lambert Wilson avec ses lunettes rectangulaires fait penser à Roy Scheider. Même si Enragés est inspiré de Cani arrabbiati (1974) de Mario Bava. Rien d'ostentatoire : Hannezo ne décline pas les références (Heat, Duel, Carpenter, Peckinpah...) comme un écolier appliqué, il les a intégrées et les balance à l'écran, digérées, assumées, maîtrisées.

Du coup, ni le récit, ni le rythme n'en pâtissent. Tant mieux car on embarque dans ce road trip sanglant avec un plaisir total. Et le film n'est pas pour autant vampirisé par l'action. Hannezo connaît son sujet : pas de bon film de genre sans des personnages solides. Lambert Wilson apporte toute sa finesse pour jouer le père désemparé... ou presque. Virginie Ledoyen parvient à faire exister son personnage, l'otage coincée entre tous ces mecs qui transpirent la testostérone. Elle est bonne. A tous points de vue. Côté malfrats : Guillaume Gouix est, comme d'hab, hypnotisant, Franck Gastambide continue de nous surprendre, François Arnaud incarne un psychopathe à belle gueule sans tomber dans la caricature et Laurent Lucas marque son territoire le temps qu'il passe à l'écran. A noter le retour d'une disparue, Gabrielle Lazure.

Voilà donc une bonne série B comme on les aime. Le Blu-ray, édité par Wild Side, contient par ailleurs un making of passionnant : Hannezo raconte sans langue de bois ses choix, ses joies, ses questionnements et ses galères pendant la prod. Un réal à suivre, dont on a hâte de découvrir le prochain long-métrage.

Anderton


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