vendredi 17 février 2017

Les Sept Mercenaires : 3 préjugés à descendre en flêche

En DVD et Blu-ray : Y a-t-il un intérêt à faire un remake d'un remake ? Et surtout, à le regarder ? Cette double question se pose alors que Les Sept Mercenaires (The Magnificent Seven) est sorti en vidéo. Pour y répondre, il faut tordre le cou à trois préjugés.


Préjugé 1 : c'est un remake 
Il y en a certainement parmi vous que le principe même de remake horripile. Pas moi. Et pour cause, certains remakes sont excellents, voire meilleurs que les originaux, à l'instar de The Thing (1982, John Carpenter), le remake de La Chose d'un autre monde (1951, Howard Hawks), qui est quand même très bien. Certes, il y a des remakes ratés mais qui pourrait reprocher à Sergio Leone d'avoir réalisé un remake de Yojimbo (1961, Akira Kurosawa) avec Pour un poignée de dollars (1964) ? Et je rappelle que même Alfred Hitchcok a réalisé un remake de son film L'Homme qui en savait trop (1934 et 1956). Donc, pour moi, un remake n'est pas forcément frappé d'infâmie.

Préjugé 2 : c'est un remake de deux chefs-d'oeuvre
Bien sûr, Les Sept Samouraïs (1954, Akira Kurasawa) et Les Sept Mercenaires (1960, John Sturges) - sans oublier Trois Amigos ! (1986, John Landis) - sont d'excellents films. Mais il faut en faire abstraction pour apprécier cette nouvelle version. A nouveau film, regard neuf. Et cet opus 2016 est un bon western, qui s'inscrit pleinement dans une veine hollywoodienne classique. Des héros sans ambiguïtés (enfin, quasi), un méchant absolu, des calvacades au sein de paysages grandioses, des gunfights au saloon ou dans la rue principale... Antoine Fuqua ne cherche pas à révolutionner le genre, il signe au contraire une déclaration d'amour au cinéma populaire des années cinquante. Tout en lui insufflant ce qu'il faut de modernité : séquences spectaculaires, mise en scène dynamique, montage rythmé. La musique de James Horner (achevée par ses collaborateurs à la suite de son accident mortel), pleine de souffle, rend également hommage à l'emblématique score du film de John Sturges.  


Préjugé 3 : c'est un film politiquement correct
Un Noir, un Asiatique, un Indien, un Mexicain, des Blancs... Certains n'ont pas manqué de se gausser de la diversité des origines des Magnificent Seven. Ce sont certainement les mêmes qui ont hurlé lorsqu'ils ont découvert qu'un Stormtrooper ou que La Torche pouvait être incarné par des acteurs noirs. Je ne prendrai pas la peine de répondre à des propos racistes et ignorants. D'ailleurs, pour peu qu'on s'intéresse à l'Histoire, on sait que la conquète de l'Ouest n'a pas été uniquement le fait des Européens. En ce sens, Fuqua ne fait pas de politiquement correct, il nous ouvre les yeux sur une réalité méconnue car peu représentée à l'écran et dans les livres d'Histoire. Le casting est tout aussi magnifique que lesdits mercenaires : Denzel Washington apporte un supplément d'âme, Chris Pratt de l'humour, Ethan Hawk et Vincent D'Onofrio campent deux "caractères" avec conviction tandis que Peter Sarsgaard excelle une fois de plus dans le rôle du bad guy (certes, un poil caricatural).
L'autre preuve que ce film n'a rien de politiquement correct est qu'il oppose le peuple, aidé par des justiciers, à un businessman sans foi, ni loi. La violence du Far West n'est pas véhiculée par les cowboys mais par les hommes d'affaire prêts à tout pour s'enrichir. Une vision à contre-courant de ce qui se passe aujourd'hui outre-Atlantique.

Vous l'avez compris, j'ai aimé Les Sept Mercenaires pour ce qu'il est : un bon film de divertissement, bien réalisé et bien interprété. L'édition Blu-ray (Sony Pictures) contient par ailleurs quelques bonus riches en enseignements sur le tournage et sur la dernière partition signée James Horner.

Anderton 
  

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