samedi 6 octobre 2018

3 Amigos (1/3) : Guillermo Del Toro un monstre en son genre

Artistes : Déjà réalisateurs d'une passionnante séries d'entretiens avec des cinéastes cultes des années 80 (découvrez notre dossier), les journalistes Jean-Pierre Lavoignat et Christophe d'Yvoire se sont associés à Cyril Bron pour signer 3 Amigos, trois documentaires consacrés aux cinéastes mexicains Guillermo Del Toro, Alfonso Cuaron et Alejandro Gonzalez Inarritu. Trois amis devenus associés, qui ont obtenu une reconnaissance internationale et une pelletée de prix. Avant leur projection au Festival Lumière 2018, ces docs sont diffusés sur OCS City. Premier rendez-vous ce dimanche 7 octobre à 15h10 avec Guillermo Del Toro.



Les trois documentaires commencent par l'histoire de la rencontre entre ces trois cinéastes d'exception. Chacun y va de son anecdote, démontant parfois en riant les versions des autres. Del Toro a rencontré Cuaron sur un tournage et c'est ce dernier qui l'a présenté à Inarritu. Le trio devient inséparable et hérite d'un surnom : Los Tres Mosqueteros au Mexique, les Three Amigos aux States. Le principe de leur amitié : une franchise absolue. Quand l'un présente aux autres ses projets ou le premier montage de son film, il accepte toutes les remarques, toutes les critiques. Car elles sont désintéressées et viennent d'un frère qui est aussi un grand cinéaste.

Dans l'antre du monstre

Guillermo Del Toro ne ressemble en rien aux monstres qui peuplent ses films ou ceux des autres, et dont il parle avec passion et intelligence. Sa silhouette s'est arrondie au fil des ans, le transformant en une sorte de gros nounours aux yeux qui brillent et au grand sourire. Il arpente festivals et conventions de geeks avec une joie adolescente, ravi de rencontrer les fans et de discuter avec eux, ponctuant ses propos de vannes et jurons jubilatoires. On est aussi heureux que lui de le voir poser au côté du créateur de Goldorak, au Festival d'Annecy. Del Toro est un geek assumé, qui a transformé une mansion de L.A. en petit musée personnel qu'il a rempli de figurines, posters, gadgets et objets collector représentant ses héros de toujours : Frankenstein, loups-garous et autres créatures issues de la littérature, de la BD et du cinéma. C'est sa forteresse de solitude. 


Derrière sa bonhomie joviale, Del Toro cache les angoisses et les doutes d'un artiste, mais aussi les peurs et les questionnements d'un enfant. Toute notre vie est dictée par nos sept premières années, affirme-t-il. Les siennes furent marquées par une éducation austère et très religieuse. Un catholicisme influencé par les croyances aztèques et mayas. En ce sens, Del Toro est certainement le plus mexicain des Three Amigos. Déçu par le monde qui l'entoure et l'hypocrisie des adultes, le jeune Guillermo est fasciné par la mort et la maladie. S'il admire les monstres, c'est qu'ils sont "sincères" et fidèles à ce qu'ils sont profondément. Il dévore livres puis films - jusqu'à ce jour, il en regarde deux par jour -, et se constitue progressivement un univers bien à lui.

Génial touche-à-tout

Contrairement à Cuaron et Inarritu, Del Toro indique qu'il ne souhaite pas révolutionner le cinéma mais au contraire, se servir pleinement de tout ce que cet art peut offrir. Idem pour le cinéma de genre, qu'il adopte dans une démarche très premier degré. Il y a des films subtils, intelligents, où on se demande s'il y a un fantôme ou pas, explique-t-il. Et puis il y a les films de monstres où le monstre est omniprésent : le "porn of monsters, c'est mon univers", lâche-t-il à Lavoignat & co, que l'on entend glousser hors caméra et que l'on s'empresse d'imiter.


Comment ne pas aimer Del Toro ? Ce type est un créateur génial qui a gardé son âme d'enfant et sa passion de geek. C'est l'un des nôtres ! Aux journalistes français, il revient sur son parcours, ses premières expériences ratées à Hollywood avec Weinstein (Mimic), son rebond en Espagne grâce à Almodovar (Le Labyrinthe de Pan), ses blockbusters qui le révèlent au grand public (Blade 2, Hellboy, Pacific Rim), ses projets avortés (Bilbo le Hobbit), sa consécration avec La Forme de l'eau (Oscars du meilleur film et de la meilleure réalisation). Le doc montre que le cinéaste est un formidable touche-à-tout, passant du grand au petit écran, en passant par le livre et le jeu vidéo.


Chaque épisode de 3 Amigos est construit autour d'un entretien avec le cinéaste, dans lequel il aborde en détail ses méthodes de travail. Sur des extraits de films et des photos, la voix de Jean-Pierre Lavoignat apporte des précisions sur la filmographie et les thématiques du Mosquetero. Des docs aussi passionnants qu'indispensables.

A lire :
3 Amigos (2/3) : Alfonso Cuaron l'inclassable
3 Amigos (3/3) : Iñárritu le défricheur

Dimanche 7 octobre : 3 Amigos - Guillermo Del Toro à 15h10 puis Le Labyrinthe de Pan à 20h40.

Anderton

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