En salle (le 18 septembre) : Avec Brad Pitt pour étoile, Ad Astra mérite tous les superlatifs qui accompagnent sa mise en orbite depuis sa présentation à la Mostra de Venise 2019. Il faut aller voir le film de James Gray pour au moins 4 raisons.
1) Un récit qui mêle l'intime et le spectaculaire
Astronaute, le major Roy McBride échappe de peu à la mort alors qu'il menait une intervention dans l'espace. En cause, une "surcharge" en provenance de Neptune qui a conduit à diverses catastrophes sur la Terre. Les autorités lui proposent alors une mission pour mettre fin à ces phénomènes qui semblent liés au projet top secret Lima. Difficile d'en dire plus sans dévoiler une intrigue que j'ai pris plaisir à découvrir, alors que j'avais décidé d'en savoir le moins possible sur le film. Car James Gray nous invite à une odyssée spatiale au côté, non pas d'un Ulysse du futur mais de son fils Télémaque. Sa mission le met aux prises avec de multiples dangers, l'amène à côtoyer des personnages parfois étranges et l'entraîne dans des mondes froids et silencieux dont la beauté est révélée par l'éclat de millions d'étoiles mortes. Le major McBride traverse ces épreuves avec détermination. Obstination, même. Car son aventure se double d'une quête très personnelle. Au fur et à mesure qu'il se rapproche du but, se réveillent des sentiments enfouis au plus profond de son être.
2) Une mise en scène sidérante
James Gray sait que l'espace est une nouvelle frontière. Le territoire de l'aventure ultime sur lequel nous projetons tous nos espoirs et tous nos fantasmes, y compris cinématographiques. S'arrachant des lois de la pesanteur filmique, il joue avec les codes du genre et les références cinématographiques, tantôt avec respect, tantôt avec impertinence, pour proposer une mise en scène virevoltante et inspirée. Le cinéaste instaure tout au long du film une atmosphère lourde et tendue, qui explose parfois en séquences d'action haletantes ou donne lieu à des moments d'introspection chargée d'émotion. Gray sait quand allumer les moteurs de sa fusée Ad Astra et quand la laisser gracieusement flotter dans la belle lumière de Hoyte van Hoytema, le directeur photo de Dunkerque... et Interstellar.
3) Un Brad Pitt en apesanteur
Pas besoin de s'étaler sur le talent de Brad Pitt. Au fil d'une carrière savamment construite, l'acteur a su étoffer son jeu et reléguer son encombrante beauté au second plan. Affichant désormais un visage marqué par les joies et les peines d'une vie bien remplie, il dégage une gravité rare et dévoile sans fard les failles de l'American Hero qu'il a souvent incarné. Il n'en est que plus bouleversant. Quelle année pour Pitt, déjà phénoménal dans Once Upon a Time in Hollywood ! Saluons également la performance de Tommy Lee Jones, qui incarne la déchéance physique et morale sans fausse pudeur. Egalement impeccables : Ruth Negga, Donald Sutherland et Liv Tyler.
4) Des références assumées et digérées
A la fin de la projection d'Ad Astra à la Mostra de Venise, certains critiques n'ont pas hésité à comparer le film à 2001 L'Odyssée de l'espace et Apocalypse Now ! Deux chefs-d'oeuvre ! Contrairement à Alfonso Cuaron, qui n'a pas voulu revoir le monument de Stanley Kubrick lorsqu'il filmait Gravity, James Gray n'a pas hésité à s'inscrire dans le droit fil de ces références écrasantes, parsemant Ad Astra de clins d'oeil et d'hommages. Des influences assumées mais aussi digérées pour mieux s'en affranchir. James Gray continue de creuser son sillon, de développer ses thèmes de prédilection, tout en parvenant à se renouveler, y compris formellement.
Porté par l'interprétation éblouissante de Brad Pitt, Ad Astra est un film ambitieux à tous points de vue qui mérite d'être vu en salle. Une expérience épique, poignante et intelligente.
Anderton
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire