En salles : Alors que la présidentielle permet à des populistes irresponsables de multiplier les anathèmes haineux à l'encontre de l'Autre, surtout s'il n'est pas blanc et qu'il a des origines étrangères, Louis-Julien Petit nous rappelle avec conviction que la générosité et l'ouverture d'esprit peuvent heureusement encore s'exprimer dans notre pays. Emmené par Audrey Lamy et François Cluzet, La Brigade, qui sort aujourd'hui au cinéma, le prouve de la plus belle des manières.
Cheffe de partie dans la brigade d'une cheffe très médiatique, Cathy raccroche son tablier. Marre de ne pas pouvoir proposer sa cuisine. Son rêve : ouvrir son propre restaurant. En attendant, il faut bien manger, et faire à manger. Cathy active son réseau, en vain. Jusqu'à ce qu'elle tombe sur une annonce : un établissement de grand standing recherche son chef. Arrivée sur place, Cathy déchante : l'établissement en question est un foyer pour jeunes migrants sans papiers. Le poste consiste à s'occuper de la cantine. Sans autre perspective, Cathy accepte de poser ses valises et de déplier son étui à couteaux.
A travers les yeux de Cathy, le spectateur découvre un endroit où des éducateurs se démènent avec peu de moyens pour prendre en charge des ados livrés à eux-mêmes, tenaillés entre la peur de l'expulsion et l'espoir d'une vie meilleure. François Cluzet n'a pas de mal à incarner le directeur de cet établissement tant il porte lui-même les valeurs de fraternité et de générosité qui guident les actions de son personnage. Il campe un homme d'action, dont l'optimisme affiché cache en fait une inquiétude sincère pour ses protégés. Il est assisté par Sabine (formidable Chantal Neuwirth), à la bonhommie simplette, exaspérante. Là encore, ce n'est qu'une façade. Idem pour Cathy à laquelle Audrey Lamy transmet sa belle énergie : cette fonceuse adepte de discipline va devoir s'adapter à ses "clients", apprendre à les connaître, à respecter leur nature et à former certains de ses jeunes pleins de bonne volonté. Tels GusGus (Yannick Kalombo), un gamin espiègle avide d'apprendre, Djibril (Mamadou Koita), apprenti footballeur qui a du mal à obéir à une femme, ou Alpha (Alpha Barry), qui illumine chaque jour d'un grand sourire. Le cinéaste a su capter le naturel de ces comédiens amateurs, dont les prestations s'avèrent aussi justes que touchantes. Evoquons également la présence au casting de Fatoumata Kaba, vue dans Validé saison 2 et qui nous a fait bien marrer avec ses sketchs la mettant aux prises avec sa maman : elle aussi transmet sa pêche et sa drôlerie à son personnage de jeune femme prête à croquer le monde pour devenir actrice.
Masques et tabliers
Grâce à ce bon casting, La Brigade nous incite à regarder des hommes et des femmes au fond des yeux, à ne pas s'arrêter à leur couleur de peau, pas plus qu'à leur fonction ou à leur posture. Louis-Julien Petit fait tomber les masques pour faire exploser les préjugés et révéler l'humanité de chacun. Il nous montre qu'on peut se débarrasser du cynisme, de la méfiance, voire de la peur, pour aller à la rencontre de l'Autre. Car cet Autre, il est comme nous : il aspire à vivre dans la sérénité, il veut travailler, avoir un toit au-dessus de sa tête, prendre soin de sa famille. Sa personnalité est aussi riche et complexe que la nôtre.
La Brigade, comédie engagée ? Oui, assurément. Mais Louis-Julien Petit refuse de faire la leçon ou de verser dans l'idéalisme béat. S'il met en lumière l'injustice, il n'occulte pas les difficultés. Et propose, plutôt que des grands discours, des pistes concrètes et finalement simples à mettre en place pour rendre notre société plus fraternelle et plus solidaire. Voilà pour l'engagement, n'oublions pas la comédie : le film est drôle, positif, inspirant.
Anderton
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