samedi 24 novembre 2018

Batman White Night : le Joker, ce héros

A lire : Et si le peuple se rebellait contre son héros ? Voilà ce qui arrive à Gotham lorsque le Joker, guéri, mène une croisade contre les excès du "Chevalier noir". Batman White Knight, écrit et dessiné par Sean Murphy, apporte un regard original sur l'une des plus célèbres oppositions de l'univers des comics.



Batman ne supporte plus les crimes du Joker. Après une course-poursuite destructrice au coeur de Gotham, le justicier masqué force son ennemi dément à ingérer des pilules qui lui font retrouver la raison. Exit le Joker, revoici Jack Napier. Reconnaissant ses torts, ce dernier s'engage dans un combat, politique cette fois-ci, en se présentant comme un "Chevalier blanc". Son objectif : mettre un terme aux interventions de Batman, qui menacent la sécurité des citoyens et dont les dégâts qu'elles provoquent coûtent des millions aux contribuables. Le super-héros ne facilite pas la tâche des autorités et du commissaire Gordon en poursuivant ses opérations de manière implacable. 

Planche tirée de la version originale.
Belle idée de Sean Murphy de renverser le regard que nous portons sur les super-héros. Il n'est pas le premier à le faire : Alan Moore, Mark Millar ou Garth Ennis (pour n'en nommer que quelques-uns) l'ont fait avant lui. On songe aussi, évidemment, à Frank Miller, dont le Dark Knight a présenté un Batman vieilli, violent et revanchard. Comme dans cette illustre mini-série, Murphy met en scène un Chevalier noir obnubilé par la lutte contre le crime, persuadé d'avoir raison contre tous, sourd à tout dialogue, montrant peu de considération pour les autres. Au point que ses alliés (Gordon, Nightwing et Batgirl) ne peuvent plus le suivre dans sa quête jusqu'au-boutiste.

Planche tirée de la version originale.
Murphy fait parler les habitants de Gotham, et notamment ceux des quartiers populaires. Les laissés pour compte qui subissent, en plus, les dégâts provoqués par les affrontements entre Batman et le super-vilain. En résonance avec l'époque, l'artiste montre comment un leader charismatique et populiste (Jack Napier) parvient à mobiliser les foules, à les manipuler, aidé en cela par les médias. Pour autant, Murphy ne délaisse pas son récit qu'il mène à l'allure de la Batmobile lancée à pleine vitesse. Le lecteur a le droit à son lot de combats spectaculaires. Tous les ennemis emblématiques de Batman sont convoqués, ainsi que non pas une mais deux Harley Quinn et plusieurs versions de la Batmobile - clins d'oeil aux films de Tim Burton et Christopher Nolan ainsi qu'à la série TV. L'émotion est également au rendez-vous. Enfin, Murphy éclaire avec brio l'étrange fascination qui lie Batman et le Joker.

Planche tirée de la version originale.
Son trait est vif, sa mise en page enlevée. L'ambiance est sombre, le noir domine mais le coloriste Matt Hollingsworth a fait un superbe travail, recourant à des tonalités ocres, violettes, et parfois rouges pour certaines séquences violentes. Urban Comics offre aux lecteurs une galerie de couvertures et de croquis pour conclure ce bel album, appelé à devenir un classique.

Anderton

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