dimanche 28 avril 2019

Superman : un nouvel envol


A lire : Alors qu'Avengers Endgame prend d'assaut le box-office mondial, les super-héros de DC Comics continuent d'exister en librairie. Le concurrent de Marvel a d'ailleurs fait appel à Brian Michael Bendis, scénariste phare de la Maison des Idées pendant 17 ans, pour donner un nouvel envol à Superman. Urban Comics publie les deux premiers volumes de ces nouvelles aventures très réussies.



Et pour cause, BMB est l'un des tous meilleurs auteurs actuels de comics. Il sait donner du souffle à un récit, avec ce qu'il faut de séquences d'action, sans jamais oublier les personnages, leur psychologie, leurs interactions. Une recette qu'il applique à nouveau dans les tomes O et 1 de Clark Kent Superman. Comme le titre de la série l'indique, il s'intéresse ici autant au super-héros encapé qu'à son identité secrète - celle du journaliste brillant et timide du Daily Planet. Et sur les deux fronts, Kal-El connaît une passe difficile : son épouse et son fils ont quitté le domicile familial pour accompagner Jor-El, son père, dans un voyage intersidéral tandis que la Terre est menacée par l'arrivée d'un guerrier extra-terrestre. Rogol Zarr - c'est son nom - entend débarrasser notre planète du Kryptonien. Force est de constater que les pouvoirs de Superman sont inefficaces face à cette menace colossale. Et la Ligue de Justice ne lui est pas d'une grande aide... Sans compter que Metropolis est ravagée par une série d'incendies destructeurs.

Planche tirée de la version originale

L'Homme d'acier révèle sa fragilité et se laisse parfois déborder par ses émotions, y compris la rage et la violence. Brian Michael Bendis a compris qu'il fallait exploiter les failles du super-héros pour rendre la lecture trépidante. Car la principale faiblesse de Superman, du point de vue du lecteur, n'est pas sa vulnérabilité à la kryptonite mais son invincibilité. Je m'explique : si le super-héros est toujours le plus fort, comment vibrer pour lui ? Dans ces deux albums, il semble dans une impasse, à la fois physique (il n'arrive pas à battre Rogol Zarr) et psychologique (le sort de sa famille l'inquiète et sa forteresse de solitude ne lui sert plus à rien). Tout en respectant les canons de la saga, BMB apporte sa vision d'un personnage qui a célébré ses 80 ans l'an passé. Une idée pleine d'humour : lors d'un dialogue entre Superman et un autre personnage, Kal-El s'interrompt à plusieurs reprises pour aller sauver des citoyens en danger ou combattre une créature menaçante, avant de revenir poursuivre sa conversation.  

Couvertures réalisées par Ivan Reis

J'ai pris plaisir à lire les deux tomes, très rythmés. Le premier est dessiné par plusieurs artistes, qui donnent une atmosphère et une coloration particulières à chaque chapitre. Ivan Reis prend en charge le dessin du tome 2. Son style tout en puissance est tout à fait adapté au récit, marqué par une série de combats épiques. L'artiste leur donne une large place sur des pleines doubles qui rendent compte de la fureur des batailles. Et Brian Michael Bendis finit de rendre le lecteur accro en annonçant une nouvelle relation entre Kal-El et son fils. Vivement la suite.

Anderton

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