En salles (le 21 septembre) : Avec Dans L'Ombre de Goya par Jean-Claude Carrière, le cinéaste José Luis López Linares et le producteur Stéphane Sorlat nous convient à un voyage. Un voyage dans l'art, dans le temps et dans les souvenirs d'un guide et conteur exceptionnel.
De Goya, le spectateur connaît forcément quelques toiles. Sa Maja desnuda qui nous dévisage et nous invite à l'admirer, ses patriotes espagnols qui se dressent face aux fusils des envahisseurs français, ses sorcières émaciées, ses paysages champêtres... Ombres et lumière, sol y sombra... comme dans la corrida dont le peintre a également immortalisé le rituel sanglant. Jean-Claude Carrière partage sa passion pour l'artiste et nous invite à en redécouvrir une oeuvre qui frappe autant par sa beauté que par sa violence. En quelques phrases, le génial conteur pose les enjeux d'un tableau ou d'un dessin, il en fait jaillir le sens caché ou en notifie l'insondable mystère. Des propos limpides, lumineux qui nous captivent autant que les oeuvres elles-mêmes. On ressent la passion intacte de Carrière pour ce peintre révolutionnaire.
C'est touchant de voir ce jeune homme engoncé dans un corps de vieillard marcher sur les traces de Goya, dans les musées ou dans le village qui a vu naître l'artiste. Le pas est lourd mais l'esprit vif, comme le regard, qui brille d'une curiosité inassouvie. Et en bon conteur, Carrière laisse sa langue vagabonder. Il revient sur la relation unique qu'il a entretenue avec Luis Buñuel, évoque la guerre d'Espagne, s'abandonne à des chants de son Occitanie natale. Avec malice ou émotion, il nous charme, nous envoûte tant par son savoir (qui n'est jamais professoral) que par sa voix grave et chaude, avec ce reste d'accent rocailleux qui s'exprime plus librement dans la langue de Cervantes.
La mort rôde, et pas seulement sur les toiles du peintre. Nous accompagnons Jean-Claude Carrière dans son dernier voyage, lui-même le sait. Et nous sommes bouleversés d'assister à ses tendres adieux à la Duchesse d'Alba ou à la belle Maja. Cette traversée des ombres, José Luis López Linares la met en scène avec intelligence et pudeur, collant au plus près des visages, vivants ou peints. Heureux les spectateurs, qui feront ce beau voyage.
Anderton
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