mercredi 28 septembre 2022

The Northman : une quête épique et barbare à (re)considérer

The Northman Blu-ray CINEBLOGYWOOD

En Blu-ray et DVD : Ce petit coup de froid sur la France est bienvenu pour apprécier la quête d'un Viking revanchard. The Northman est sorti en vidéo chez Universal Pictures. Il faut (re)donner sa chance à un film épique qui n'a pas attiré les foules en salles. Robert Eggers nous immerge dans un univers aussi glacial que violent que traverse à coups de hache un guerrier impitoyable interprété par Alexander Skarsgard.

Amleth est un jeune prince destiné à régner sur un royaume nordique. Le voici initié par son père, le roi Horwendil, de retour d'une campagne outre-mer. Mais son oncle Fjölnir et ses hommes tendent une embuscade au souverain et l'assassinent. Amleth réchappe de justesse au guet-apens et parvient à quitter sa contrée dans une frêle embarcation. Les années ont passé et l'adolescent est devenu un guerrier féroce, déterminé à venger son père et sauver sa mère des griffes de son oncle.

C'est une histoire simple que nous raconte Robert Eggers, mais avec beaucoup de style. En privilégiant la profondeur de champ, le cinéaste donne à voir d'abord une civilisation inquiétante et sauvage qui semble lutter en permanence avec une nature hostile, oppressée par le froid et fouettée par le vent. La superbe photo de Jarin Blaschke, très contrastée et détaillée, fait jaillir les couleurs de cet environnement blafard. Eclats écarlates du feu et du sang. Dans ces terres qui semblent hors du monde, survivent des hommes et des femmes qui s'en remettent à des idoles païennes et à leur force brute. Mental et corps d'acier. La vie est un combat.

Guerriers en mode survie

Les protagonistes sont tous des guerriers, à leur manière. Alexander Skarsgard campe un homme qui a abandonné tout sentiment pour devenir une machine à tuer. Démarche un peu voûtée, regard bas, bas du front, un quintal de muscles... Amleth est un bourrin, ce qui ne veut pas dire qu'il n'est pas rusé. On pense à Conan le barbare auquel Arnold Schwarzenegger a prêté sa stature. Le film de John Milius est d'ailleurs clairement une référence. L'ouverture de The Northman - monologue par-dessus les ténèbres et les coups sourds de tambour - revisite celle du film de 1982, une des plus marquantes qu'il m'ait été donné de voir au cinéma.

Autour de lui, des figures (le souverain lâchement assassiné, la mère digne, le traître, la frêle esclave) qui n'ont reine de monolithiques et qui vont se révéler dans toute leur complexité. Dans ce monde brutal, les héros ne sont peut-être pas ceux que l'on croit. Dans cette société dominée par les hommes, les femmes ne doivent leur survie qu'à elles-mêmes, qu'elles soient reine, servante ou sorcière. Nicole Kidman et Anya Taylor-Joy incarnent parfaitement cette fragilité apparente associée à une impressionnante force de caractère. Ethan Hawke dégage une impressionnante puissance tandis que Claes Bang parvient à faire jaillir l'humanité d'un être qu'on hait dès son apparition. Willem Dafoe en sorcier/bouffon trouve un rôle qui lui permet à nouveau d'exprimer sa folle étrangeté. Laquelle se retrouve dans le personnage de sorcière jouée par Björk. 

J'ai beaucoup aimé The Northman, une tragédie nordique à la violence graphique, qui associe le réalisme sourcilleux (superbes reconstitutions autant dans les costumes que dans les décors, comme le montrent les nombreux bonus) avec des bouffées d'onirisme et des étincelles de poésie, et même d'humour. Grâce aux splendides images et à la musique païenne de Robin Carolan et Sebastian Gainsborough, l'immersion dans cet univers étrange et inquiétant est totale, comme l'était la plongée dans l'univers maya d'Apocalypto. Même dans votre salon, vous serez emportés par ce raid viking.

Anderton


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