samedi 10 décembre 2022

Maestro(s) : la touchante bataille des chefs

Maestro(s) CINEBLOGYWOOD

En salles : Pas toujours simple de susciter l'admiration de son père, surtout lorsqu'on fait le même métier que lui. Bruno Chiche a choisi d'illustrer ce constat avec l'art (lyrique) et la manière dans le touchant Maestro(s). Dans ce face à face à l'opéra et au-delà, Yvan Attal et Pierre Arditi signent des compositions marquantes.


Chef d'orchestre réputé, Denis Dumar remporte une Victoire de la musique classique. Sa mère et son fils sont venus l'applaudir. Manque son père, François, également chef d'orchestre de réputation internationale, qui vit mal la gloire montante de son fils. Cette compétition familiale prend un tournant dramatique quand François apprend, fou de joie, qu'il a été choisi pour diriger la Scala, à Milan. Problème : il s'agit d'une erreur, la proposition devait être adressée à Denis.

Le quiproquos met à jour les non-dits, échauffe les esprits, provoque la confrontation. La comédie qui oppose un père irascible à son fils blessé prend alors une tournure poignante. La scène où Denis et François se disent leur quatre vérités bouleverse. Pas de cris mais des paroles qui claquent. On mesure toute la souffrance que Denis porte en lui depuis l'enfance tandis que celui que l'on prenait pour un homme aigri et jaloux dévoile le poids qu'il a porté depuis toutes ces années. Yvan Attal et Pierre Arditi ont cette justesse qui font de cette scène un moment fort et beau du film. Le premier a choisi de jouer moderato, en contrôlant les émotions de son personnage. Arditi y va largo, il campe une espèce de Karajan atrabilaire qui nous fait marrer avant d'apporter de la nuance à son interprétation. Beau duo qui fonctionne harmonieusement et contribue activement à la réussite du film.

Schubert et fils

Le casting est complété par de solides interprètes : Miou-Miou, Pascale Arbillot, Caterina Murino, Caroline Anglade, André Marcon et le jeune Nils Othenin-Girard. Dans le rôle du fils de Denis, il montre une belle présence à l'écran et joue avec beaucoup de justesse, notamment lors d'une scène miroir entre son personnage et Denis. Père et fils parviennent à se parler assis côte à côte devant un piano. Une belle idée de Bruno Chiche, qui utilise judicieusement la musique pour définir les protagonistes. Denis et François n'ont pas la même approche de leur métier et c'est un plaisir de comprendre comment un chef d'orchestre interprète une composition. Et quelles compositions ! La Sonate de Franz Schubert, un aria d’Antonin Dorak, la 9e Symphonie de Beethoven, le Laudate Dominum de Mozart, un intermezzo de Johannes Brahms, la Vocalise de Serge Rachmaninov ou encore l’Ave Maria de Caccini.

Autant d'atouts, jusqu'à un final réjouissant, qui font de Maestro(s) un film qui touche au coeur.

Anderton



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