En salles : A Cineblogywood, on suit la carrière de Reem Kherici avec intérêt. Parce que c'est une actrice talentueuse et pleine de vie, à l'opposé de certaines de ses collègues formatées (sourire triste, regard vide, posture pseudo intello). Et puis, pour l'avoir interviewée à quelques reprises, on peut vous assurer que Reem est quelqu'un de très sympa. Donc forcément, quand l'ex de la Bande à Fifi sort son premier film, Paris à tout prix, on a hâte de découvrir le résultat... tout en craignant le ratage, parce que c'est toujours difficile de dire du mal de quelqu'un qu'on apprécie.
Si tu es un lecteur fidèle, tu sais qu'ici, on ne cire pas les pompes. Quand on n'aime pas, on l'écrit... et quand on aime, on ne se prive pas pour le dire non plus. Et bien, que ça soit clair : Paris à tout prix est un premier film plein de charme, pétillant et même touchant. Voici pourquoi.
Péchue à tout prix
Etonnnant parcours, que celui de Reem Kherici. Sa prestation en bikini dans OSS 117 Rio ne répond plus aurait pu la cantonner aux rôles de bombasses plus ou moins marrantes. Tout en assumant sa plastique et son humour, l'actrice a tracé son sillon, à la télévision et sur les planches avec La Bande à Fifi (Le Grand Journal, Chut! Chut! Chut!). Au cinéma, je dois dire que je l'ai trouvée sous-exploitée, cantonnée à quelques rares seconds rôles (Fatal) ou des apparitions trop fugaces (Neuilly Sa Mère !). Mais la Miss développait des projets plus ambitieux : un film avec La Bande à Fifi (toujours au stade de l'écriture ?) et un autre, plus perso, Paris à tout prix. La preuve qu'elle en a dans la tête.
Inspiré d'une histoire vraie, le film raconte comment une Parisienne d'origine marocaine se voit renvoyée au bled pour une histoire de papiers pas en règle. Personnellement, je trouve ça fortiche que cette petite nana (j'écris ça, sans aucune condescendance) ait réussi à écrire un scénar puis à convaincre les frères Altmeyer (qui font trois fois sa taille) de le produire mais aussi d'accepter qu'elle le réalise et qu'elle interprète le personnage principal. J'en connais plus d'un(e) qui se serait liquéfié(e) devant le regard laser d'Eric Altmayer. Pas Reem. Elle y croyait à son projet et elle a embarqué tout le monde dans l'aventure : Mandarin, Gaumont et un cast composé d'acteurs connus (Stéphane Rousseau, Florence Foresti, François-Xavier Demaison, Lionnel Astier, Shirley Bousquet) et de jeunes espoirs prometteurs (Philippe Lacheau et Tarek Boudali, ses deux potes de la Bande à Fifi ; Cécile Cassel, Nadia Kounda, Salim Kechiouche, Joséphine Drai).
Reem a tout appris
Cette énergie que dégage Reem se retrouve à l'écran. La Miss a choisi ses partenaires et ils ont pris plaisir à jouer devant sa caméra, cela se sent à l'écran. Même les personnages un peu marqués - le styliste odieux (Stéphane Rousseau) ou la collègue salope (Shirley Bousquet) - sont interprétés avec finesse, et même empathie. Quant aux "p'tits jeunes", ils apportent une fraîcheur qui convient parfaitement au ton du film - Cécile Cassel et Tarek Boudali font montre de tout leur registre, Nadia Kounda est juste craquante et Salim Kechiouche devrait refaire parler de lui très vite. Et puis, évidemment, il y a Reem : elle porte l'histoire sur ses épaules. Comme elle, son personnage, Maya, est plein de vie, pétillant, bagarreur, fragile aussi. Reem se donne à fond et c'est un bonheur que de voir son talent enfin pleinement révélé.
Soutenue par une solide équipe technique, Reem signe également une mise en scène inspirée. Le premier plan du film annonce la couleur : un long mouvement de caméra balaie les toits de Paris, entre par la fenêtre d'un appartement, révèle un dressing très fourni et termine en nous présentant l'héroïne. Il y a de l'idée, et l'ambition de bien faire. Le reste est à l'avenant, avec quelques trouvailles sympas.
Alors, bien sûr, comme tout premier film, il y a quelques maladresses, quelques clichés, des gags ou des répliques qui tombent à plat. Mais là où on aurait pu s'attendre à une farce désinvolte, Paris à tout prix s'avère touchant et, mine de rien, délivre un joli message de tolérance, sans effet appuyé. La grande force du film réside dans sa sincérité. Je suis ressorti de la salle un peu ému et surtout content ; c'est déjà pas mal.
Anderton
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