A lire : Troisième et dernière partie de notre interview de Patrick Brion, à l'occasion de la publication chez Vuibert de son passionnant livre Les Secrets d'Hollywood. Monsieur Cinéma de Minuit évoque les grands cinéastes du Nouvel Hollywood et d'aujourd'hui. Sans concession !
Que pensez-vous du Nouvel Hollywood, qui a donné le pouvoir à une nouvelle génération de cinéastes ?
La génération arrivée dans les années 1970 – les Kubrick, Schaffner, Frankenheimer et autres – a frappé les gens de ma génération par la qualité des films réalisés : La Planète des Singes, Sept Jours en mai… Enfin, il y a eu des cinéastes formidables et d’autres pas bons du tout ou qui ont eu une carrière décevante car ils étaient livrés à eux-mêmes avec des producteurs indépendants qui n’étaient pas bons. Ces cinéastes auraient été meilleurs à la grande époque des studios ! Kubrick est un bon cinéaste car il s’est expatrié en Angleterre mais enfin de compte, sa carrière est petite comparée aux 150 films réalisés par Ford ! Que le meilleur l’emporte [The Best man, 1964 – NDLR] est un très bon film de Schaffner mais il n’en a pas fait dix comme ça. Un Nouvel Hollywood, il y en a tous les douze ans.
Récemment, Steven Spielberg et George Lucas ont prédit l’implosion d’Hollywood si trois à quatre blockbusters coûteux venaient à se planter au box-office. Vous y croyez ?
Non. Il y a toujours eu des échecs : Cléopâtre, La Fille de Ryan… mais la Fox existe toujours. Je ne crois pas à la fin d’Hollywood.
Quel regard portez-vous sur l’Hollywood d’aujourd’hui ?
Aujourd’hui, les studios ne sont plus dirigés que par des types issus d’écoles de commerce. On va de déception en déception. On s’accroche à la 3D, au son, aux effets spéciaux, aux images de synthèse… Les images de synthèse, c’est une catastrophe artistique et économique ! Moi, j’aime le cinéma, j’aime les acteurs. Et puis, les films sont trop longs. Prenez Les Stagiaires [The Internship, avec Owen Wilson et Vince Vaughn – NDLR] : le sujet est amusant mais il y a trente minutes de trop. Depuis que les grands studios ont été obligés de se séparer de leurs activités de distribution et d’exploitation, ils sont obligés de pleurnicher auprès des circuits de salles et ils prennent moins de risques.
Cela fait 25 ans que le cinéma américain est moins bon. Il n’y a plus de producteurs. Quant aux réalisateurs… La carrière de DePalma finit par être bien inégale. Je suis très déçu par Burton… Coppola tourne très peu : c’est quand même stupide que l’homme qui a réalisé Le Parrain passe désormais l’essentiel de son temps à faire du vin ! Malick ne tourne pas beaucoup et son dernier film n’est pas bien. Et que devient Carpenter ?
Spielberg tire son épingle du jeu, non ?
Sa carrière est très inégale. Je préfère Duel à certains de ses derniers films. Il est devenu un brasseur d’affaires. Non, celui qui a le mieux résisté au temps, c’est Clint Eastwood. Il débute comme figurant chez Universal puis il passe à la télé américaine où il rencontre le succès. Il aurait pu y faire carrière mais il part en Italie. Nouveau succès avec les westerns spaghetti mais il retourne à Hollywood. Il tourne des westerns, gagne beaucoup d’argent, achète un terrain à San Francisco, tourne des polars, devient richissime et le voilà qui détient les rênes de son indépendance en étant acteur, réalisateur et producteur. Aujourd’hui, il dicte sa loi à Warner. C’est lui le plus malin.
Lisez la première partie et la deuxième partie de l'entretien de Patrick Brion.
Lisez la première partie et la deuxième partie de l'entretien de Patrick Brion.
Anderton
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