Artistes : Jane Campion sera la présidente du jury du Festival de Cannes 2014. La Néo-Zélandaise est la seule réalisatrice à avoir obtenu la Palme d'or (pour La Leçon de piano) et la seule - homme et femme confondus - à avoir obtenu les Palmes d'or pour le meilleur film et le meilleur court-métrage.
Grâce à un micro espion, que j'avais caché dans le bureau parisien de Gilles Jacob, lors de notre entrevue en avril 2013, CINEBLOGYWOOD.com a pu enregistrer la conversation entre Thierry Frémaux et Gilles Jacob sur la nomination de Jane Campion. Découvrez-en la retranscritption en exclusivité ci-dessous.
Thierry Frémaux : Bonjour, Gilles. Bonne année.
Gilles Jacob : Bonne année, Thierry.
Thierry Frémaux : Je vous ai apporté des marrons glacés.
Gilles Jacob : Je déteste les marrons glacés.
Grâce à un micro espion, que j'avais caché dans le bureau parisien de Gilles Jacob, lors de notre entrevue en avril 2013, CINEBLOGYWOOD.com a pu enregistrer la conversation entre Thierry Frémaux et Gilles Jacob sur la nomination de Jane Campion. Découvrez-en la retranscritption en exclusivité ci-dessous.
Thierry Frémaux : Bonjour, Gilles. Bonne année.
Gilles Jacob : Bonne année, Thierry.
Thierry Frémaux : Je vous ai apporté des marrons glacés.
Gilles Jacob : Je déteste les marrons glacés.
[silence. Un léger grésillement se fait entendre, probablement celui de la lampe halogène]
Gilles Jacob : Voulez-vous un chocolat ? Les frères Dardenne m'ont envoyé une boîte de chocolat belge. C'est du Léonidas. Ils ont laissé l'étiquette "En soldes" sur le paquet...
Thierry Frémaux : A moi, ils m'ont envoyé un coupon pour une formule Moules-frites-café chez Léon de Bruxelles. C'est pour deux personnes.
Gilles Jacob : Je déteste les moules.
[silence prolongé. Grésillement. Petite toux. Reniflement]
Thierry Frémaux : Concernant le prochain président du jury...
Gilles Jacob : Ah, pas les Dardenne, hein !
Thierry Frémaux : Non, pas les Dardenne. J'ai préparé une liste et je souhaitais qu'on en discute. [Bruit de papier déplié]. Alors, j'ai d'abord pensé à...
[Eternuement bruyant]
Thierry Frémaux : A vos souhaits.
Thierry Frémaux : A vos souhaits.
Gilles Jacob : Merci.
Thierry Frémaux : J'ai donc pensé à...
[Quelqu'un se mouche bruyamment puis silence. Grésillement]
Gilles Jacob : J'ai attrapé froid. Vous n'avez pas froid ?
Gilles Jacob : J'ai attrapé froid. Vous n'avez pas froid ?
Thierry Frémaux : Non.
Gilles Jacob : Il faudrait qu'on pense à rallumer le chauffage le dimanche soir. Les bureaux sont glacés.
[silence. Grésillement]
Thierry Frémaux : Je disais donc...
[tonalité]
Gilles Jacob : Nicole, pouvez-vous demander aux services généraux de vérifier si les radiateurs ont bien été rallumés. Et pouvez-vous m'apporter un thé ? Voulez-vous un thé, Thierry ?
Thierry Frémaux : Non. Non, je ne veux pas de thé, ce que je veux...
Gilles Jacob : Juste un thé, Nicole. Merci.
[silence. Grésillement]
Gilles Jacob : Vous parliez d'une liste ?
[Quelqu'un souffle longtemps]
Thierry Frémaux : Pour présider le jury, j'ai pensé à quelques noms. Le premier...
[Quelqu'un frappe à la porte]
Gilles Jacob : Entrez, Nicole.
[Bruits de pas, d'un plateau déposé sur une table puis d'un liquide versé]
Gilles Jacob : Merci, Nicole. Vous ne voulez vraiment rien, Thierry ?
Thierry Frémaux : Vraiment, non.
Gilles Jacob : Merci, Nicole.
[Bruits de pas]
Gilles Jacob : C'est du thé vert que m'a envoyé Wong Kar-wai. Délicieux.
[bruit de cuillère qui tourne]. Il est un peu chaud mais délicieux. [bruit de cuillère]. Donc cette liste ? Vous allez bien, Thierry ? Vous êtes tout pâle.
Thierry Frémaux : Premier nom, Francis Coppola.
[toux bruyante]
Gilles Jacob : Vous plaisantez ? Il m'en veut toujours d'avoir dû partager la Palme d'or avec Schlöndorff. Il va nous faire attendre, se faire désirer, poser des conditions impossibles pour finir par dire non. Non, vraiment...
Thierry Frémaux : Deuxième possibilité, Al Pacino.
Gilles Jacob : Ah, très bien, Pacino, magnifique acteur. Mais après DeNiro, vous ne pensez pas que c'est un peu attendu. Et puis encore un Américain... Non, ce qui serait bien, ce serait une femme. La dernière présidente du jury remonte à 2009. Et puis, avec toutes ces polémiques récentes...
Thierry Frémaux : Pourquoi pas. Vous avez quelqu'un en tête ?
[Bruit de tiroir puis d'un papier déplié]
Gilles Jacob : Gina Lollobrigida. Grande, grande actrice.
[raclement de gorge]
Thierry Frémaux : Oui, elle est très bien...
[gloussement]
Gilles Jacob : Très, très bien !
Thierry Frémaux : Mais ne trouvez-vous pas que pour notre festival, très cinéphilique, très pointu, il faudrait quelqu'un d'un peu plus étoffé ?
Gilles Jacob : Hum. Peut-être, oui. Dommage... Voyons voir, j'avais noté d'autres noms... Ah, tiens, voilà, Sofia Loren ! Magnifique actrice, Sofia Loren. De grands films ! Ou Claudia Cardinale ? Sublime, Claudia Cardinale !
Thierry Frémaux : Oui, oui, bien sûr, mais après Isabelle Huppert, Liv Ullmann, Isabelle Adjani, Jeanne Moreau, encore une actrice. Ne pensez-vous pas que...
Gilles Jacob : Bon, bon. [bruit de tiroir qui se referme violemment]. A qui pensez-vous ?
Thierry Frémaux : Que diriez-vous de...
[Quelqu'un frappe à la porte]
Gilles Jacob : Entrez !
[Voix de femme] : Ce sont les services généraux, pour le radiateur...
Gilles Jacob : Plus tard, Nicole, merci ! Vous disiez, Thierry ?
[Bruit qui ressemble à un sanglot étouffé]
Thierry Frémaux : Je... Je pensais à Jane Campion. Deux palmes d'or, une grande cinéaste, une enfant de Cannes...
Gilles Jacob : Ah, Jane Campion ! Un talent immense. Très bonne idée. Mais attention, elle avait refusé de s'asseoir à côté de Chirac lors du dîner de clôture du festival. On a frôlé l'incident diplomatique !
Thierry Frémaux : Elle protestait contre les essais nucléaires dans le Pacifique. C'est fini, tout ça. Tout se passera bien.
Gilles Jacob : Alors, c'est parfait, va pour Jane Campion.
Thierry Frémaux : Je lui envoie un texto illico, elle est en Europe en ce moment... "Dear Jane"... voilà, c'est parti.
[Bourdonnement de téléphone]
Thierry Frémaux : Déjà ! Elle est d'accord !
Gilles Jacob : Formidable ! Et bien, voilà une nomination qui est allée vite.
Thierry Frémaux : Moui. Je vais de ce pas annoncer la nouvelle à l'équipe.
[bruits de pas]
Gilles Jacob : Dites-moi, Thierry...
Thierry Frémaux : Oui ?
Gilles Jacob : Me laisseriez-vous envoyer le premier tweet ?
Thierry Frémaux : Bien sûr, bien sûr
[bruits de la porte qui se referme]
[hurlement étouffé provenant vraisemblablement du couloir] : ON A LA CAMPION ! ON A LA CAMPION ! ON A, ON A, ON A LA CAMPION !
Anderton
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