mercredi 7 juin 2017

Wonder Woman : BD et livre pour combler les cases

A lire : Wonder Woman, réalisé par Patty Jenkins, avec Gal Gadot dans le rôle-titre, sort aujourd'hui au cinéma, précédé d'un excellent bouche à oreille. Pour ceux qui, comme moi, connaissent sommairement l'Amazone via quelques comics achetés dans les années 80 et la série kitsch avec Lynda Carter, l'éditeur Urban Comics a eu la bonne idée de publier une série d'albums consacrés à la super-héroïne. Focus sur deux ouvrages qui permettent de réviser ses connaissances avant d'aller voir le film, ou de prolonger le plaisir en sortant du cinéma.


Wonder Woman Terre-Un - tome 1 

Pour relancer l'intérêt des fans en même temps que leurs ventes, DC Comics et Marvel rebootent régulièrement leurs grandes sagas et revisitent les origines de leurs super-héros. Avantage : les nouveaux lecteurs ou ceux qui avaient lâché l'affaire peuvent plus facilement suivre une série qui repart de zéro. C'est le principe de Terre-Un, une démarche débutée avec Superman en 2010 et Batman en 2012. Au tour de Wonder Woman de bénéficier d'un album (re)fondateur. Publié en 2016 aux States, il a été réalisé par deux pointures de la BD US : Grant Morrison au scénario et Yanick Paquette au dessin. Le premier est Ecossais et sa carrière est notamment marquée par les reprises ou les réinventions de sagas super-héroïques, dont il a parfois dynamité les codes. 

 
Dans cette aventure, direction l'Ile du Paradis où les Amazones vivent en paix, séparées des hommes, sous l'autorité de la reine Hippolyte. Laquelle sait être bienveillante avec son peuple mais aussi implacable. Son sens de la justice lui impose de traiter de la même manière sa propre fille, la princesse Diana. Or, celle-ci est dôtée d'une force aussi grande que sa curiosité. Et quand un aviateur de l'armée américaine s'écrase sur l'île, elle décide de lui venir en aide, contrevenant à toutes les lois du royaume.


Grant Morrison reprend les éléments de base de la saga Wonder Woman, avec des personnages et des lieux qui parleront aux fans. La tradition est respectée... pour mieux être modernisée. Le scénariste insuffle au récit un discours résolument féministe, comme un retour aux sources (lire la chronique ci-dessous) : la découverte par Diana du "vrai" monde donne l'occasion de critiquer nos sociétés machistes dans lesquelles les femmes sont maltraitées, psychologiquement, intellectuellement et physiquement. D'ailleurs, les hommes sont montrés comme des couards ou des brutes. Par ailleurs, l'homosexualité des Amazones est abordée sans effets de manches. Comme le résume la Terrienne Beth Candy que rencontre Diana, Wonder Woman vit sur une île paradisiaque de science-fiction peuplée de lesbiennes. Le talent de Morrison fait qu'il ne s'agit pas d'un album à message. L'aventure est évidemment au rendez-vous. Mais comme toute oeuvre intelligente, ce Wonder Woman Terre-Un offre plusieurs grilles de lecture.


La réussite de ce reboot tient également à la splendeur des dessins signés du Canadien Yanick Paquette. Avec Franck Cho et Terry Dodson, c'est un des artistes dont le crayon est le plus sensuel. Il dessine des femmes très sexy mais également fortes, aussi bien physiquement que mentalement. Sachant s'affranchir des cases traditionnelles, il propose un découpage inventif duquel jaillissent ses personnages, comme en relief. Chaque page est un petit bijou sur lequel les yeux s'attardent. Pas uniquement pour la charge érotique évidente des dessins ! A ce propos, le bondage et WW, c'est une vieille histoire !

De l'association de Morrison et Paquette, naît une Wonder Woman rebelle, maligne (mais jamais manipulatrice), ingénue (mais jamais stupide), courageuse (mais jamais belliqueuse). A Star Is Re-born. On attend le tome 2 avec impatience.

Tout l'art de Wonder Woman

Il s'agit cette fois-ci d'un beau livre qui retrace la naissance et l'évolution de la célèbre Amazone. Sur plus de 200 pages richement illustrées, Robert Greenberger nous dit tout sur le créateur, William Moulton Marston, et son oeuvre. Ce psychologue à l'origine du détecteur de mensonge (rien à voir avec le lasso magique de son héroïne) était un féministe convaincu. D'où son envie de donner un modèle aux petites filles. Ainsi naît Wonder Woman, en 1941. 

75 ans plus tard, Diana n'a perdu ni son intelligence, ni sa force, ni sa beauté. Certes, elle s'est parfois égarée (elle a ouvert une boutique de mode dans les années 60) mais la guerrière s'est aussi faite diplomate. Greenberger revient sur le parcours de Diana, sur ses amants, ses alliés, ses adversaires... Il décrit son monde et celui des hommes. L'ouvrage est très complet et son format fait la part belle aux reproductions des pages d'albums. C'est un plaisir de voir les années défiler, les styles de dessins évoluer. De Harry G. Peter à Dick Giordano, en passant par Terry Dodson et George Perez (qui signe la préface), les dessinateurs voient leur travail bien mis en valeur. Un must pour les fans et les curieux.

Anderton


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