A lire : Urban Comics poursuit sa démarche de mise en valeur des classiques de la BD américaine. C'est au tour d'American Flagg de Howard Chaykin de bénéficier d'une belle et imposante édition. L'occasion de (re)découvrir une série de science-fiction aussi prémonitoire que bien barrée.
Publié aux Etats-Unis de 1983 à 1989, American Flagg fait partie des comics qui ont révolutionné le genre, aux côtés de Watchmen (1986) et The Dark Knight Returns (1986). La série de Chaykin partage avec les deux autres une approche résolument adulte (violence, érotisme) et critique (voire cynique) sur les héros de papier autant que sur notre époque, celle des 80's. Si la violence y est moins graphique que chez Moore-Gibbons et Miller, l'humour y est particulièrement corrosif.
La Terre en 2031 a connu un profond remaniement géopolitique tandis qu'aux Etats-Unis, les grandes métropoles se sont réorganisées autour d'immenses centres commerciaux. Les habitants y sont en permanence gavés de violence via des émissions TV abrutissantes qui balancent par ailleurs des messages subliminaux. La révolution est télévisée, contrairement à ce que chantait Gil Scott-Heron. Les forces de l'ordre se battent à heures fixes avec des rebelles selon un rituel bien établi. Débarque alors à Chicago Reuben Flagg. En provenance de Mars, où s'est installé le gouvernement américain à la suite d'une crise économique majeure, cette star de la télé-réalité intègre les Plexus Rangers. On découvre avec lui l'organisation, ou plutôt le chaos organisé qui règne sur place.
Chaos planétaire et graphique
Avec American Flagg, Howard Chaykin laisse s'exprimer son imagination débordante, qui s'appuie sur un dessin expressif. Chaque planche, que dis-je, chaque case est l'occasion pour lui de mettre en scène une trouvaille visuelle. Les personnages, leurs costumes, l'environnement dans lequel ils évoluent reflètent l'inventivité de l'auteur. Dessin et lettrage s'interpénètrent pour traduire le bombardement de messages auquel sont confrontés les Terriens du futur. Ce foisonnement graphique participe à l'originalité de l'oeuvre en même temps qu'il rend parfois touffu un récit qui part dans tous les sens. Le lecteur peut se sentir parfois légitimement paumé, tant il doit intégrer une masse d'infos. heureusement, le trait de Chaykin est d'une grande lisibilité.
Reconnaissons à l'auteur d'avoir anticiper l'omniprésence des écrans dans nos vies et même dans le contrôle de nos vies. Bienvenue dans le règne de la pub à outrance et de la superficialité. Une superficialité incarnée par Reuben Flagg himself, héros charmeur et queutard auquel on peine à s'identifier. C'est dire qu'American Flagg n'est pas une oeuvre facile d'accès. Elle plaira surtout aux lecteurs avertis et éclairés de comics. L'édition d'Urban Comics permet d'en saisir toute la portée, grâce à des propos de Michael Chabon, Jim Lee et Warren Ellis. Avec en prime, une galerie d'illustrations. Soit 456 pages intégrant les 14 premiers numéros de la série qui en compte 50. Prêts à vous attaquer à American Flagg ? En voici déjà un extrait.
Anderton
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