A lire : Le cinéma se donne à voir et aussi à lire. Petite sélection de livres à mettre sous le sapin de Noël. Au sommaire : acteurs, cinéastes, directeur de studio, affichiste, tournages, histoires extraordinaires et faits-divers !
Gilles de Maistre, avec Stéphanie Belpêche : Le Loup et le lion - carnet de route et autres histoires extraordinaires (Le Cherche-Midi)
Etonnant parcours que celui de Gilles de Maistre. Ce grand reporter a baroudé sur les cinq continents, pour couvrir des zones de conflit et de catastrophe. Confronté à l'horreur, l'homme a voulu aller au-delà du journalisme et contribuer à faire évoluer les mentalités. Petit-neveu de René Clément, de Maistre s'est donc tourné vers le cinéma avec un objectif en tête : s'adresser aux enfants pour changer le monde. Celui qui se décrit comme "cinéaste, activiste et aventurier" raconte ainsi l'idée folle qu'il a eue : associer deux des plus grands prédateurs de la planète pour signer une fable humaniste et écologique. Il narre en détail le tournage du Loup et du lion, au Québec. Une production mue par la volonté de préserver le bien-être des animaux et qui s'est déroulée à leur rythme, y compris celui de leur croissance. Un pari fou qui a bien failli subir un coup d'arrêt avec l'apparition de la Covid-19 et des confinements et fermetures des frontières qu'elle a provoqués. On découvre au fil des pages les joies et difficultés d'un tournage ainsi que l'engagement, la passion, l'agilité et la patience qu'il requiert. Et Gilles de Maistre n'en manquait pas. Il a été récompensé puisque son film connaît aujourd'hui une belle carrière dans le monde entier.
Philippe Lombard : Ça s'est tourné près de chez vous ! (La Tengo)Après avoir levé le rideau sur les coulisses pas si lisses du cinéma français et du cinéma américain, Philippe Lombard a décidé de nous raconter "une histoire des faits-divers" à travers la production cinématographique hexagonale. Le lecteur fréquente ainsi quelques messieurs pas très recommandables, et je ne parle pas seulement des producteurs : assassins, malfrats, tueurs en série... Des pros de la gâchette comme des apprentis trucideurs - et deuses, d'ailleurs. Avec son style alerte, sa connaissance encyclopédique du 7e art et ses trouvailles au plus près des sources, Lombard nous enchante avec les pires horreurs et leurs adaptations sur grand écran. Ainsi croise-t-on d'un côté Landru, Mesrine, le père Dominici, le gang des Lyonnais et les frangins Zemour (!) ; et de l'autre, Miou-Miou, Gabin, Delon, Bébel, Serrault, Chabrol, Tavernier, Huppert. Le tout, vachtement bien mis en page et illustré par Mr Choubi. La Schnock touch.
Noël Simsolo et Vincenzo Bizzarri : Jean Gabin, l'homme aux yeux bleus (Glénat 9 1/2)
Les éditions Glénat continuent d'enrichir leur belle collection 9 1/2 qui aborde le parcours de géants du 7e art en bande dessinée : Lino Ventura et Sergio Leone, François Truffaut, Alfred Hitchcock, Jayne Mansfield, Patrick Dewaere... Cette fois-ci, Noël Simsolo s'attaque à un cador, Jean Gabin. De son enfance à Mériel (où je vous recommande de visiter le petit mais touchant musée consacré à la star) aux plateaux de cinéma, en passant par les planches du music-hall et du théâtre, sans oublier ses terres normandes, Gabin y apparaît charmeur, généreux, entier, mesquin, têtu, héroïque (il quitte le confort de son exil hollywoodien pour aller combattre pendant la deuxième guerre mondiale). Quel caractère ! Quelle carrière ! Quelle vie ! Simsolo parvient même à caser quelques bons mots et formules choc de celui qui a beaucoup influencé Audiard. Vincenzo Bizzarri met en images la vie du Pacha avec élégance, revisitant certaines scènes cultes et jouant avec les couleurs pour passer d'une époque à l'autre. Un bel album, à compléter pour ceux qui veulent aller plus loin par la bio passionnante d'André Brunelin, qui fut le secrétaire particulier de Gabin.
Jean-Pierre Zarader : Hugo Santiago, la rage de filmer (Art de rien)Grand spécialiste de Philippe de Broca, l'historien de la philosophie Jean-Pierre Zarader a également travaillé sur Bertrand Tavernier et Hugo Santiago, un "réalisateur hanté par la philosophie" auquel la Cinémathèque consacre une rétrospective. Entre France et Argentine, le cinéaste, qui fut l'assistant de Robert Bresson, a signé quinze films et téléfilms marqués par leur "originalité et [leur] rigueur formelle radicales". Zarader décrypte son oeuvre dans un ouvrage à la fois pointu et accessible. A lire en bonus : l'interview de Jean-Pierre Zarader sur son "coup de foudre" pour Hugo Santiago par les amis de Revus & Corrigés.
Découvrez également d'autres bons ouvrages que nous avons chroniqués au cours de l'année 2021 :
Robert Iger - Leçons de leadership créatif (Alisio) : le patron de Walt Disney raconte sa carrière et les transformations du groupe de divertissement, tout en partageant quelques conseils de management. Indispensable !
Dominique Thiéry et Catel Muller - Un monde hors champ, derrière la caméra de Xavier Beauvois (La Table ronde) : le journaliste et l'illustratrice associent leurs talents signer une belle galerie de portraits, ceux des principaux protagonistes du tournage d'Albatros.
Guillaume Boulangé et Christian Rolot - Histoire d'une passion, Yves Thos affichiste de cinéma (Deuxième époque) : à la rencontre d'un des plus grands affichistes français, qui revient sur la manière de travailler d'artistes-artisans dont les gigantesques peintures habillaient nos villes. Un ouvrage richement illustré.
David Niven - Mémoires (Séguier) : sous les drapeaux comme sous les projecteurs, le comédien britannique a vécu de sacrées aventures qu'il raconte avec beaucoup d'humour. Sa description d'Hollywood, de son fonctionnement et des rapports de force qui s'y jouaient (notamment entre acteurs, réalisateurs et producteurs) est passionnante.
Julien Frey et Nadar - Fatty le premier roi d'Hollywood (Futuropolis) : Roscoe "Fatty" Arbuckle fut un roi d'Hollywood jusqu'à ce qu'une soirée se termine tragiquement. Plus dure fut la chute... Un bon et beau roman graphique.
Michael Herr - C'était Kubrick (Séguier) : journaliste et scénariste, l'auteur évoque sa relation avec le cinéaste, nous faisant entrer dans son intimité et tordant le cou au passage à quelques idées reçues.
Anderton
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