mardi 18 janvier 2022

Sexe, mensonges et vidéo : édition collector pour Palme d'or

Sexe, mensonges et vidéo Blu-ray CINEBLOGYWOOD


En Blu-ray, DVD et 4k UHD (le 15 février) : Trajectoire improbable que celle de Sexe, mensonges et vidéo (Sex, lies and videotape). Ce petit film indépendant, première réalisation de Steven Soderbergh réunissant quatre jeunes acteurs peu connus, a créé la sensation au Festival de Sundance et fini par remporter la Palme d'or au Festival de Cannes 1989, avant de réaliser une belle carrière en salle. Le film ne m'avait pas emballé plus que ça et j'aurais préféré que Do The Right Thing reparte avec la Palme. La très complète édition collector que lui consacre L'Atelier d'images m'a donné l'occasion de réviser mon jugement.


Ann est mariée à John. Comme elle l'explique à son psy, elle n'éprouve aucun plaisir à faire l'amour. Tout le contraire de John qui couche avec Cynthia, la soeur d'Ann. C'est alors que Graham, un ami d'enfance de John, débarque chez le couple. Il fait une confidence à Ann : il est devenu impuissant et filme avec son camescope des femmes qu'il interroge sur leur sexualité. Ann est troublée.

En revoyant le film, j'ai été frappé, comme en 1989, par l'incroyable maturité du film. Steven Soderbergh n'avait alors que 26 ans mais il a écrit un scénario extrêmement bien construit dans lequel il parvient à dévoiler progressivement la personnalité de personnages complexes, et je dirais même complexés, tout en déroulant un récit à la mécanique implacable. Nous sommes pris par cette histoire de confidences, de dissimulation et de trahison qui tourne autour du désir. Désir recherché, désir inassouvi, derrière lequel l'amour semble s'effacer.

Cette maturité vaut également pour la mise en scène. Pour son premier long-métrage, Soderbergh fait montre d'une impressionnante maîtrise aussi bien du cadre que du mouvement. Sans oublier sa direction d'acteurs : il permet à James Spader, Andie MacDowell, Peter Gallagher (qu'il retrouvera pour A fleur de peau) et Laura San Giacomo de donner le meilleur d'eux-mêmes.  

Combler le cinéphile

Comme à son habitude, L'Atelier d'images a soigné l'édition vidéo. Le film est proposé dans un nouveau master haute définition de toute beauté. Et il est complété par pas moins de onze suppléments très éclairants. Avec sa passion communicative, le critique Philippe Rouyer revient en détail sur la genèse du film, la succession d'"accidents" qui l'ont amené sur la Croisette, son impact sur l'essor du cinéma indépendant. Passionnant, tout comme son analyse d'une séquence-clé du film. Parmi les autres bonus : deux interventions de Soderbergh, un making of avec des témoignages des comédiens (James Spader excepté), un échange entre Cliff Martinez (le compositeur) et Larry Blake (en charge du mixage son), des scènes coupées, une featurette sur les 20 ans du film... Bref, le cinéphile est comblé.

Moi qui avais trouvé le film trop froid et trop cérébral à sa sortie, je dois dire que je l'ai davantage apprécié et que j'ai été beaucoup plus sensible au travail de Soderbergh et du quatuor d'acteurs. Il y a une profondeur et une authenticité que je n'avais pas perçues à l'époque. Palme d'or méritée donc, même si le Do The Right Thing de Spike Lee reste le film de la compétition qui m'a le plus emballé.

Anderton

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