En Blu-ray et DVD : Qu'on me parle d'un thriller danois et ma curiosité s'éveille. Que je découvre que Mads Mikkelsen est au générique et me voici chaud bouillant. Si Riders of justice n'était qu'un simple revenge movie, je serais déjà comblé. Mais le film d'Anders Thomas Jensen, édité par M6 Vidéo, va beaucoup plus loin. Et frappe donc beaucoup plus fort.
Markus est un militaire danois dont la mission en Afghanistan vient d'être prolongée de trois mois. Un coup dur pour sa femme et sa fille restées au Danemark. Elles décident de se changer les idées en allant faire un tour en ville. Alors qu'elles sont dans le train, un terrible accident se produit. La femme de Markus fait partie des victimes. Le soldat rentre précipitamment pour s'occuper de sa fille. C'est alors qu'Otto, un statisticien, frappe à sa porte : rescapé de la catastrophe, il est persuadé que l'accident était en fait un attentat commandité par un gang de mafieux, les Riders of justice.
Tu files cette histoire à des producteurs peu inspirés et les voici qui recrutent un réalisateur de série B avant de confier le rôle principal à Liam Neeson. Lequel fait une petite enquête puis trucide tous les gangsters dans un déluge d'hémoglobine. Et le fait est que le résultat peut répondre à notre attente, surtout si on a un besoin de faire un transfert sur le vengeur cogneur après avoir passé une journée de merde. Mais Anders Thomas Jensen ne s'est pas contenté de flatter nos instincts primaires. Il a soigneusement dosé dans son scénario action, drame et humour, en s'appuyant sur une galerie de personnages fêlés - dans tous les sens du terme. Et pour les interpréter, il s'est entouré de comédiens qui savent autant nous émouvoir que nous faire rire. Il y a d'abord Mads Mikkelsen.
Mad about Mads
Pas besoin de tartiner des lignes pour évoquer l'immense talent du bonhomme. Le premier plan sur son regard révèle tout de Markus : un taiseux vénère qui ne connaît que la violence pour régler les conflits - en Afghanistan comme chez lui. Il pourrait être une insupportable brute, Mads en fait un être complexe, dont on ressent immédiatement la souffrance refoulée. Le comédien réussit à nous piquer les yeux sans mot dire : la scène où il découvre à la morgue ce qu'il reste de sa femme. Un plan en contre-plongée : sur son visage, passe un voile fugace de détresse absolue. Du grand art.
Dans le rôle d'Otto, Nikolaj Lie Kaas (Les Enquêtes du département V, Britannia). Il campe un scientifique un peu perché et atteint d'un handicap au bras. Là encore, le comédien a un regard qui touche ton âme : il rend Otto immédiatement attachant. Le spectateur est ému par sa folie douce et sa bienveillance. Otto est affublé de deux partenaires geek et complètement barrés : Lennart (Lars Brygmann) et Emmenthaler (Nicolas Bro). Un trio caricatural, sorte de Three Stooges techos qui se balancent des beignes verbales. Il y a aussi Mathilde (Andrea Heick Gadeberg), la fille de Markus, et son petit copain féru de psychologie. Et puis Bodashka (Gustav Lindh). Anders Thomas Jensen nous fait marrer avec tout ce petit monde haut en couleurs, avant de nous cueillir, au détour d'une scène ou d'une réplique, en nous révélant le traumatisme de chacun.
Le film est en permanence sur le fil, avec en prime cette approche scandinave trash de la violence. Le cinéaste met en scène avec la même efficacité les joutes verbales et les affrontements à l'arme à feu. Avec en fond sonore, une chorale qui interprète The Little Drummer Boy. Car, cerise sur le gâteau, Riders of justice est aussi un film de Noël.
Anderton
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