mardi 4 octobre 2022

Novembre : une traque haletante au coeur de la terreur

Novembre Jean Dujardin CINEBLOGYWOOD

En salles : Après La French et Bac NordCédric Jimenez poursuit son exploration du réel à travers un cinéma tourné vers l'action, qu'il met en scène avec un sens du rythme et du mouvement qui détonne à tous points de vue. Dans l'haletant Novembre, avec Jean Dujardin, il nous plonge dans les cinq jours d'enquête qui ont suivi les attentats du 13 novembre 2015 en France.


De la première à la dernière image du film, le spectateur est scotché, emporté - et parfois balloté - par la traque de terroristes islamistes menée par l'anti-terrorisme français. Cinq jours où, sur le terrain comme dans les bureaux ou les cellules de crise au plus haut niveau, les équipes ne dorment plus, d'abord sonnées par l'ampleur des massacres au coeur de Paris puis résolues à arrêter les assassins. Et surtout à les empêcher de faire exploser leurs bombes.

Une traque menée tambour battant, chaque agent faisant feu de tout bois pour obtenir des renseignements, débusquer des pistes, identifier les terroristes alors que le pays, sous le choc, est au bord du chaos. Jimenez colle au plus près des personnages, dont les visages révèlent les frustrations, la fatigue, l'incompréhension, la colère mais aussi la détermination sans faille. Il est en cela aidé par un formidable groupe de comédiens. Jean Dujardin incarne le capitaine dans la tempête, celui qui tient la barre et maintient la cohésion de l'équipage. Sa "présence" et son autorité à l'écran n'ont jamais été aussi fortes. On pense à Lino Ventura, avec une prestance un peu moins massive ; le comédien fait remonter les doutes de son personnage dont on sent qu'il pourrait craquer à tout moment (et il se laissera emporter ponctuellement) s'il ne s'imposait pas le contrôle permanent de ses émotions. Son binôme est interprété par Sandrine Kiberlain : elle réussit à composer un personnage de haute fonctionnaire, celle qui fait le lien avec l'Elysée et toutes les huiles, qui garde la tête froide sans jamais être indifférente. La comédienne trouve le ton et l'attitude justes.

Et puis il y a deux beaux rôles féminins. Il y a d'abord celui de la flic de terrain, qui veut tout faire pour arrêter les terroristes. Sa bonne volonté brouillonne risque de compromettre l'enquête, elle encaisse les réprimandes, s'accroche, rebondit. Formidable Anaïs Demoustier dont la fragilité contenue est compensée par une incroyable force de caractère. Lyna Khoudri joue, quant à elle, une jeune femme qui prend le risque de contacter la police. Sa candeur et sa peur nous émeuvent. On prend aussi plaisir à retrouver Jérémie Rénier certes dans un second rôle mais dont chacune des apparitions est marquée par l'intensité qu'il dégage. Tous les seconds rôles - flics ou terroristes - sont d'ailleurs excellents : Stéphane Bak, Sofian Khammes et les autres.

La maestria de Jimenez

Le premier talent de Cédric Jimenez est de s'être entouré de ces comédiens qui donnent de l'humanité à des héros ou des salauds, des hommes ou des femmes qui ne sont jamais relégués à de la figuration. Ils font avancer le récit, ils lui donnent corps - littéralement. Le cinéaste n'oublie jamais ses personnages dans le maelstrom d'événements qu'ils traversent. Un maelstrom qui aurait pu être incompréhensible sans le savoir-faire de Jimenez. Ils ne sont pas nombreux les cinéastes français qui savent filmer l'action, et surtout la rendre lisible. Jimenez est de ceux-là. Il sait se servir d'une caméra et c'est un plaisir absolu de se laisser emporter par sa mise en scène.

Novembre prend aux tripes.

Anderton

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