dimanche 16 octobre 2022

Sanglantes confessions : le dernier film du Nouvel Hollywood

Sanglantes confessions Blu-ray CINEBLOGYWOOD


En Blu-ray : L'Atelier d'images propose pour la première fois en Blu-ray Sanglantes confessions (True confessions, 1981). Un film un peu oublié, à l'image de son réalisateur Ulu Grosbard. Une belle occasion de (re)découvrir ce néo-noir qui réunit à l'écran Robert De Niro et Robert Duvall.


1948. Une petite église perdue au milieu du désert. Tom Spellacy vient rendre visite à son frère Desmond. Il y a de longues années de cela, à Los Angeles, le premier était un flic coriace, le second un jeune prêtre arriviste. Un jour, le cadavre atrocement mutilé d'une jeune femme a été retrouvé par le LAPD. L'enquête a été confiée à Tom. Ses investigations l'ont fait remonter à l'entourage de Desmond.

L'intérêt le plus évident du film réside dans le face-à-face entre Robert De Niro et Robert Duvall. Leur fraternité à l'écran est totalement crédible tant les deux comédiens partagent la même approche de jeu et dégagent chacun une rage sourde que l'on sent prête à éclater à tout moment. J'irais même jusqu'à dire qu'il y a une certaine ressemblance physique entre les deux hommes. A tel point que l'un aurait pu interpréter le rôle de l'autre. Mais Ulu Grosbard a eu la bonne idée de ne pas faire jouer le policier teigneux à De Niro. En homme d'église, il apparaît presque à contre-emploi et livre une prestation mezzo voce, débarrassée de tout excès. Evidemment, il est formidable pour nous faire ressentir le trouble qui gagne le père Spellacy. Quant à Robert Duvall, il joue aussi sur une certaine retenue, qu'il se permet de faire voler en éclats quand son personnage ne peut plus supporter le mensonge ou l'hypocrisie.

Les relations entre les deux frères sont formidables à voir. Des relations où l'amour est tu. On sent que Tom et Desmond le regrettent mais ils ne parviennent pas à dépasser cette retenue autant familiale que religieuse. Pourtant, ils sont là, l'un pour l'autre. De Niro et Duvall sont magnifiques. Ils sont accompagnés par d'excellents seconds rôles, qui sont bien plus que des faire-valoir : Charles Durning, Cyril Cusack, Burgess Meredith, Kenneth McMillan, Ed Flanders et Dan Hedaya.

Dahlia néo-noir

Comme l'explique remarquablement bien Samuel Blumenfeld dans un bonus du Blu-ray, Ulu Grosbard signe ce qui peut être considéré comme l'un des derniers films du Nouvel Hollywood. Un néo-noir désespéré qui, dans le droit fil de Chinatown, dévoile l'envers du décor paradisiaque de Los Angeles. Le directeur de la photo Owen Roizman (The French Connection, L'Exorciste) préfère au noir expressionniste une lumière finalement assez crue, qui prive la ville de ses reflets dorés. L'histoire est inspirée de celle du Dahlia noir telle que l'a raconté dans son roman John Gregory Dunne. C'est lui qui signe d'ailleurs le scénario, avec son épouse Joan Didion. Quant à Georges Delerue, il livre une somptueuse composition qui traduit les déchirements moraux et leurs aspirations religieuses des frères Spellacy, ajoutant au film une poignante mélancolie.

Proposé dans un beau master et accompagné d'un entretien je l'ai déjà dit passionnant, Sanglantes confessions mérite d'être redécouvert.

Anderton


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