dimanche 10 septembre 2023

BD - La quête du film monstrueux

La Nuit de la goule BD comics CINBELOGYWOOD

La Nuit de la goule, qui donne son titre à cet album de BD publié chez Delcourt, est le nom d'un film maudit, dont certaines séquences ont été perdues et qui raconte la découverte d'un monstre immémorial. Scott Snyder et Francesco Francavilla signent un récit prenant où l'angoisse le dispute à l'horreur.


Alors que son couple bat de l'aile, mettant en péril sa famille, Forest Innman décide de se rapprocher de son fils en l'emmenant dans un voyage déroutant vers une maison de retraite isolée et lugubre. Y réside un vieillard au visage défiguré par de graves brûlures. Il se fait appeler Charles Patrick mais Forest sait que son véritable nom est T.F. Merrit, un réalisateur disparu en 1956 dans l'incendie du studio où il tournait la dernière scène de La Nuit de la goule, "un film qui aurait pu être le plus grand film d'horreur de tous les temps", assure Innman, qui a longuement enquêté sur le sujet. Il a d'ailleurs en sa possession une bobine incomplète de l'oeuvre. Le vieil homme dément être le cinéaste, avant de s'inquiéter : "Dites-moi au moins que vous n'avez montré ces extraits à personne d'autre !". Pendant ce temps, le fils de Forest erre dans les couloirs déserts de l'établissement dirigé par l'inquiétant docteur Skeen.

Scott Snyder nous offre un récit qui évoque les films d'horreur des années 1950-1960 (le titre est un hommage à lui seul). L'atmosphère est particulièrement angoissante et les personnages inspirent la suspicion, ou le dégoût. Même Forest Innman nous interpelle : quel père sain d'esprit entraînerait son enfant dans ce lieu cauchemardesque ? La rencontre tendue entre Innman et le vieillard réserve son lot de révélations ; elle est entrecoupée par des extraits du film dans lequel des GI's sur le front italien pendant la deuxième Guerre mondiale sont confrontés à une abomination des plus terrifiantes.

Les scènes de La Nuit de la goule se mêlent à la discussion entre son réalisateur supposé et Innman. On en vient à se demander si le film était bien une fiction. La troisième ligne du récit est liée au vagabondage du fils Innman, un peu trop curieux, qui s'enfonce dans les sous-sols de la maison de retraite pour y faire une découverte glaçante. L'histoire alors bascule dans une horreur plus frontale, le rythme s'accélère pour terminer dans un climax avec une fin digne d'une oeuvre de Stephen King ou John Carpenter.

Un album qui atteint son goule

La lecture de cet album est prenante (découvrez les premières planches). Les situations s'enchaînent sans temps mort. Le dessin expressif de Francesco Francavilla, son art de mettre en scène une ambiance à donner la chair de poule, participent pleinement à la réussite du récit. Clairement, le duo d'auteurs s'inscrit dans un genre qui a fait les belles heures du cinéma d'horreur, jouant sur les scènes attendues qu'il développe avec un hommage appuyé. Jubilatoire !

Anderton 

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