jeudi 31 août 2023

Interdit aux chiens et aux Italiens : une saga touchante et magique

Interdit aux chiens et aux Italiens DVD CINEBLOGYWOOD

La France est une très ancienne terre d'immigration. Dans Interdit aux chiens et aux Italiens, Alain Ughetto revient sur le parcours de ses ancêtres transalpins qui ont fui la misère et le fascisme pour venir s'installer de l'autre côté des Alpes. Son film d'animation, acclamé et primé au Festival d'Annecy 2022, est désormais disponible en vidéo chez Blaq Out. Un petit bijou d'émotion, de poésie et d'inventivité.

A la fin du XIXe siècle, la famille Ughetto tente de survivre. Elle habite une maison de pierre, "à l'ombre du Mont Viso", dans le Piémont. La terre n'est pas généreuse et le travail, rare. On se serre la ceinture comme les coudes. La mort rôde et frappe les plus faibles. La construction d'une ligne de chemin de fer permet de mettre un peu d'huile dans la polenta. Mais voilà que le Duce force les paysans à s'enrôler pour aller faire la guerre contre le Negus. Encore de la souffrance, une tombe de plus dans le village. Luigi et Cesira, les grands-parents d'Alain, choisissent alors de partir pour la France. Ce n'est pas l'eldorado mais l'avenir y semble plus prometteur.

Du réalisateur, on entend la belle voix raconter les pérégrinations familiales et l'on voit ses belles mains d'artisan modeler la matière qui sert à créer les magnifiques personnages, vêtements, objets et décors de son film. Car Alain interagit avec les protagonistes animés en stop motion. Il parle beaucoup avec sa nonna, sa mémé, à laquelle Ariane Ascaride, elle aussi fille d'immigré italien, prête sa voix. Ces échanges, entre le créateur et son petit théâtre, entre le petit-fils et ses ancêtres, font tout le charme du film. 

Pudeur et magie

On est évidemment fasciné par le récit qui n'élude ni la morsure de la faim, ni les griffes de l'injustice ; Ughetto les aborde certes frontalement mais avec beaucoup de pudeur. La vie était dure mais personne n'avait loisir à se plaindre. Les blessures finissaient par devenir des cicatrices auxquelles on ne prêtait plus attention. Le quotidien était également rythmé par des chants (belle musique de Nicola Piovani), des bals, des rires et jeux d'enfants.

Le réalisateur nous emporte dans une saga intime. On est émerveillé par le spectacle magique qu'il nous offre et le touchant message qu'il nous délivre. Blaq Out propose dans son édition un passionnant making-of, qui illustre le puissant lien unissant un créateur et son producteur ainsi que la formidable créativité des nombreux corps de métier ayant participé à ce petit miracle.

Anderton


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