Après le splendide album Toutes les morts de Laila Starr, Ram V et Filipe Andrade remettent le couvert avec Le Dernier festin de Rubin. Une fable philosophico-gourmande au coeur de l'Inde. Savoureux.
Au sein du panthéon hindou. Bakasura est un dévoreur insatiable qui ne rechigne pas à bouloter de la chair humaine. Vaincu par le puissant Bhima, l'ogre a vécu reclus et s'est fait oublier mais le suicide du chef et critique culinaire Anthony Bourdain lui donne l'idée de sortir de sa tanière et de se lancer dans une ultime quête de saveurs. Il s'adjoint les services de Mohan, un jeune réalisateur qui ignore tout de l'identité de son mécène. Car Rubin Baksh, comme se présente désormais Bakasura, veut que son périple gastronomique soit immortalisé dans un film. Le duo prend la route. Dans leur sillage, deux chasseurs de démon...
Recette savoureuse
Ram V et Filipe Andrade ont repris les ingrédients qui ont fait la réussite de Toutes les morts de Laila Starr. Une belle pièce de mythologie cuite longuement et à feu doux dans un savoureux et coloré bouillon de culture indienne, assaisonnée de réflexions philosophiques et relevée avec une quête pimentée à souhait. Mais en bons chefs, ils ont su se renouveler. Le résultat se déguste avec délectation. Dans son récit, le scénariste d'origine indienne intrique réalisme et fantastique, présent et passé, humour et gravité, rebondissements et méditations. Dans les justes proportions. Et il associe à chacun des six chapitres de cet album, une recette de cuisine indienne, celle du plat, de la boisson, du dessert que Rubin souhaite déguster. Une recette détaillée avec précision.
Le lecteur part à la découverte de l'Inde moderne et de sa culture millénaire. Les mets racontent les femmes et les hommes qui les concoctent, ils reflètent leurs croyances comme leurs rapports à l'autre. Amour, générosité, ouverture d'esprit, don de soi, nécessité... L'ogre inquiétant se révèle être un guide érudit et sensible. Un monstre aux dents aiguisées mais au grand coeur.
Le dessin de Filipe Andrade, comme croqué sur le vif, va à l'essentiel tout en fourmillant de détails. Il apporte de la vivacité et confère de la vraisemblance à l'histoire, tout en étant traversé par un souffle poétique. La mise en couleurs, réalisée par l'artiste portugais assisté d'Inês Amaro, font de chaque planche une splendeur qui captive le regard (découvrez les premières pages). Urban Comics rend hommage au travail d'Andrade en proposant une édition grand format de toute beauté. Le Dernier festin de Rubin est un régal intégral.
Anderton
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