En salles : L’année 1969 en Italie est marquée par une vague de grèves et de manifestations. Le gouvernement conservateur s’inquiétant de l’avancée du parti communiste met en place un réseau d’informateurs et d’infiltrés dans les partis d’extrême-gauche et d’extrême-droite. Ce sont les fameuses "années de plomb".
Le 12 décembre, une bombe explose à la Banque Nationale d’Agriculture sur la Piazza Fontana, faisant 17 morts et 88 blessés. Le commissaire Luigi Calabresi est chargé de l’enquête. Très vite il recherche les terroristes dans les milieux d’extrême-gauche. Lors d’un interrogatoire à la préfecture de Milan, le non violent Giuseppe Pinelli, membre fondateur du cercle anarchique Ponte della Ghisolfa, tombe par la fenêtre. Calabresi, absent au moment du drame, doit se fier aux témoignages des policiers présents qui s’accordent sur une version officielle de "suicide comme aveu de culpabilité". Mais leurs explications, peu convaincantes, divisent l’opinion publique. Peu à peu, Calabresi a la certitude qu’il faut aller chercher les responsables dans les hautes sphères politiques. A ce jour, personne n’a été déclaré coupable dans l’attentat de Piazza Fontana qui reste l’une des affaires les plus sombres de l’histoire contemporaine d’Italie.
Un thriller "pour ne pas oublier"
Un thriller "pour ne pas oublier"
Quarante ans plus tard, Marco Tullio Giordana, réalisateur de Une Histoire Italienne (Sanguepazzo), revient sur ce drame et monte un film digne d’une enquête. La mise en scène est pointue, le jeu des acteurs impeccable. Chaque élément développé a son importance et son utilité dans l’histoire. Ils apparaissent les uns après les autres et se tissent pour former un drame qui quarante ans plus tard, reste incompris mais a son importance dans l’Histoire de l’Italie.
Cette combinaison donne un film sombre, poignant. Un thriller politique haletant qui ne laisse pas indifférent. Le film est clairement engagé. D’ailleurs, Marco Tullio Giordana prend parti dès le départ avec la théorie des deux bombes. Avec Piazza Fontana, le réalisateur italien souhaite faire un film "pour ne pas oublier". Un leitmotiv qui n’a jamais quitté son esprit. Marco Tullio Giordana était présent lors de l’attentat de la Piazza Fontana. Il raconte qu’il était sur place à 200 m de la Banca dell’Agricoltura : "J’étais là, j’ai vu la banque, les cendres, les gens, les blessés, la police en train d’arriver, les ambulances… c’était quelque chose de très choquant pour moi".
Un air de révolution
Visuellement, le film est magnifique. On garde en mémoire l’impressionnante scène de l’explosion de la Banca dell’Agricultura. L’immeuble vole en éclat. Et c’est toute une politique qui explose. Piazza Fontana est un long-métrage très dense. Il faut rester s’accrocher au début le temps que l’histoire s’installe. Mais une fois l’intrigue lancée, on peut apprécier la dynamique du film. Marco Tullio Giordana enchaîne les plans forts. Le film prend un air de révolution à lui seul. On sent que les scènes ont été méticuleusement pensées pour servir l’histoire.
Piazza Fontana ne laisse pas indifférent. En sortant, on garde en tête cette histoire sans fin, aux conséquences politiques, à toutes les victimes qui restent sans réponse et à la manière dont serait géré un tel drame aujourd’hui. N’attendez pas quarante ans pour aller voir Piazza Fontana. Allez-y maintenant !
Lois Lane
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