En salles : Quoi de commun entre la chambre 237, Apollo 11 et la Shoah ? Shining, bien sûr ! Pour peu qu’on soit crédule, curieux, passionné ou paranoïaque, Room 237 vous apporte des réponses à toutes les questions que vous vous serez posé sur l’antépénultième film de Stanley Kubrick.
Pourquoi l’ombre de cet hélicoptère dans le plan général d’introduction ? Pourquoi une VW rouge se fait-elle écraser par un camion ? Pourquoi une vignette de nain Simplet orne-t-elle la porte de la chambre de Danny ? Pourquoi la chambre mystérieuse porte-t-elle le numéro 237 ? Pourquoi autant d’images et de posters d’Indiens ornent-ils les murs de l’hôtel ? Pourquoi Danny porte-t-il un pull over avec Apollo 11 pour effigie ? Bref, tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur ce film qui, à sa sortie, en a déçu plus d’un, mais qui avec le temps, s’imprime durablement dans nos mémoires.
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur Shining
Rodney Ascher signe un documentaire passionnant, sorte de fourre-tout interprétatif, méga-bonus pour une future édition de Shining ! Dommage néanmoins qu'il s'égare vers des pistes complotistes pas toujours bien étayées (Apollo 11) ou vers des interprétations souvent farfelues : les obsessions sexuelles de Kubrick, la Shoah qu’il aurait cherché à retranscrire via des symboles forts (amas de valises, etc.). En même temps, ce n’est pas très grave, vu l’hénaurmité de certaines d’entre elles : le public en rit, quand il ne les trouve pas grotesques. Involontairement. Sûr que ce doc deviendra un cas d’école pour les futurs étudiants en sociologie, qui met sur le même plan le farfelu et le vraisemblable, la rumeur et le scientifique.
Plus convaincant sur l’analyse filmique
Car la démonstration devient beaucoup plus convaincante quand elle traite de cinéma. Ainsi de la disposition des décors, de la géométrie mouvante des motifs de la moquette, des trajets impossibles de Danny en vélo à pédales, ou de la symbolique maçonnique, relevée par Laurent Vachaud. Le documentaire rend un véritable hommage à la puissance imaginaire et cauchemardesque du film de Kubrick. Au point de lui conférer une dimension arty et poétique : la superposition des images résultant de la projection simultanée de Shining en avant et en arrière donne lieu à de très beaux moments, troublants quant au rythme du film, stupéfiants quant au rapprochement d’images montrant la paix des ménages et la folie créatrice.
Bref, s’il est loin d’être totalement convaincant, par la variété de ses interprétations, Room 237 atteint parfaitement son objectif : envie de revoir Shining sous un autre angle. Et le replacer avec force comme un masterpiece de l'oeuvre de Stanley Kubrick.
Travis Bickle
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