Cher Claude Brasseur,
Vous vous êtes enfin décidé à revenir sur votre carrière et quelques moments forts de votre vie dans un livre touchant intitulé Merci ! Discrétion et modestie, c'est tout à fait vous. En parcourant ce long entretien que vous avez accordé à Jeff Domenech, vous avez ravivé quelques-unes de mes belles émotions de cinéphile, cher Claude. Vous permettez que je vous appelle Claude ? Après tout, vous et moi sommes plus proches que vous l'imaginez.
D'abord, nous sommes "païs". J'habite cette petite commune de la région parisienne où vous avez élu domicile, entre Oise et Vexin. Chaque jour, j'emprunte l'avenue qui a été baptisé en l'honneur de votre père, Pierre Brasseur (découvrez son portrait via l'Ina). Il m'est même arrivé de vous croiser à la Fnac du grand centre commercial à quelques kilomètres de chez nous.
Et puis, j'ai fréquenté le même établissement scolaire que votre fils Alexandre, que j'ai brièvement côtoyé via une amie commune, au milieu des années 80. Je me souviens notamment de l'émotion que j'avais ressentie en voyant le plus jeune représentant de la "Maison Brasseur" en train de répéter une pièce de théâtre (sur la révolution française, me semble-t-il) pour un spectacle de l'école. D'autant que le fiston avait hérité de l'humilité de son paternel : ce n'était pas l'enfant (de) star qui se la racontait sur les planches, mais un gamin déjà passionné par les feux de la rampe. Vous étiez venu parler de votre métier lors d'une journée consacrée à l'orientation. Grosse affluence. Trop grosse : impossible de rentrer dans la salle tellement il y avait de monde. Peut-être que Marcel Martial et Travis Bickle - deux autres rédacteurs du blog qui fréquentaient le même établissement - ont eu plus de chance que moi.
Je vous avais tout de même vu, d'un peu plus loin, lors du tournage à Pontoise de La Gitane. Pensez donc : un film de l'un de mes réalisateurs fétiches, Philippe de Broca, tourné près de chez moi... Immanquable ! Je faisais partie de la foule des curieux qui regardaient le grand cirque provoqué par une équipe de tournage. C'était la nuit mais la place du Grand Martroy était illuminée comme en plein jour, par de puissants projecteurs. De Broca était à une fenêtre, Martin Lamotte affublé d'un noeud pap et d'une pipe plaisantait avec un technicien. Vous êtes entré dans une voiture, qui est sortie du cadre, poussée à la main par trois machinos - ce qui a beaucoup fait rire l'assistance.
Je vous ai revu, de plus près, lorsque j'ai assisté à une représentation de George Dandin, à Paris. Brasseur, Molière et Roger Planchon à la mise en scène. C'était la première fois que mon père emmenait toute la famille au théâtre. Inoubliable. Vous comprenez pourquoi nous sommes si proches. Surtout que vous veniez souvent à la maison. Et oui, avec mes frères, nous repassions en boucle les VHS de certains de vos films : Un éléphant ça trompe énormément, Nous irons tous au paradis, Le viager, Le grand escogriffe, Signes extérieurs de richesse. Et puis, tous les samedis, il y avait Vidocq !
Le jeune cinéphile que j'étais vous a "découvert" via ce feuilleton (on disait comme ça, à l'époque) et ces comédies. Lesquelles m'ont donné envie de vous voir dans des rôles plus dramatiques : Les seins de glace, La guerre des polices, La banquière, La Crime, Les loups entre eux, Le souper et tant d'autres. Et je n'oublie pas le Pif Gadget dans lequel on vous voyait, au mitan des années 70, jouer au foot - je ne sais pas pourquoi, ça m'a marqué.
Et là, cher Claude, vous vous demandez peut-être, comme toi ami lecteur, pourquoi je parle autant de moi alors qu'il s'agit de votre autobiographie. Ce n'est pas par égocentrisme, non. C'est parce qu'en vous racontant, vous avez ravivé de beaux souvenirs personnels, liés au cinéma ou pas. On parle souvent du glamour des stars inaccessibles. Vous êtes tout l'inverse : un grand acteur, dont moi et beaucoup d'autres cinéphiles se sont sentis proches à différents moments de leur vie.
Grâce aux questions pertinentes de Jeff Domenech, vous avez levé le voile sur votre parcours. Sur votre famille de comédiens (depuis 1820 !). Sur vos parents, Pierre Brasseur et Odette Joyeux, qui n'ont pas été aussi présents que vous l'auriez voulu mais qui, vous le reconnaissez, vous ont ouvert au monde des arts (avoir pour parrain Hemingway et grimper sur les genoux de Simone Signoret, quelle chance !) et ont finalement facilité votre vocation. Sur votre épouse, à qui vous rendez hommage avec beaucoup de pudeur ; sur votre fils Alexandre, que vous avez à votre tour encouragé dans son choix de carrière. Sur Jean-Paul Belmondo, que vous aimez comme un frère ; sur Marcel Bluwal et Roger Planchon, vos mentors du petit écran et sur les planches. Sur votre goût pour le sport et l'aventure. Ce qui ne vous empêche pas de balancer quelques coups de griffe.
Car, tout en vous excusant de réagir comme "un vieux con", vous livrez une sorte de philosophie de vie. L'amour du travail bien fait, la tolérance, la haine de toute forme de discrimination, le respect, l'humilité, la fidélité sont autant de valeurs que vous avez fait vôtres. Pour cet ouvrage passionnant et tous ces bons moments que vous m'avez donnés au fil des ans, je n'ai qu'une chose à vous dire : merci !
PS : Si vous passez un de ces quatre par l'avenue Pierre Brasseur, sachez que je garde un cabernet sauvignon mis en bouteille par Francis Coppola. L'occasion parfaite de boire un coup, de parler du cinéma et du bon temps.
Claude Brasseur avec Jeff Domenech : Merci !, éditions Flammarion
Anderton
Et là, cher Claude, vous vous demandez peut-être, comme toi ami lecteur, pourquoi je parle autant de moi alors qu'il s'agit de votre autobiographie. Ce n'est pas par égocentrisme, non. C'est parce qu'en vous racontant, vous avez ravivé de beaux souvenirs personnels, liés au cinéma ou pas. On parle souvent du glamour des stars inaccessibles. Vous êtes tout l'inverse : un grand acteur, dont moi et beaucoup d'autres cinéphiles se sont sentis proches à différents moments de leur vie.
Grâce aux questions pertinentes de Jeff Domenech, vous avez levé le voile sur votre parcours. Sur votre famille de comédiens (depuis 1820 !). Sur vos parents, Pierre Brasseur et Odette Joyeux, qui n'ont pas été aussi présents que vous l'auriez voulu mais qui, vous le reconnaissez, vous ont ouvert au monde des arts (avoir pour parrain Hemingway et grimper sur les genoux de Simone Signoret, quelle chance !) et ont finalement facilité votre vocation. Sur votre épouse, à qui vous rendez hommage avec beaucoup de pudeur ; sur votre fils Alexandre, que vous avez à votre tour encouragé dans son choix de carrière. Sur Jean-Paul Belmondo, que vous aimez comme un frère ; sur Marcel Bluwal et Roger Planchon, vos mentors du petit écran et sur les planches. Sur votre goût pour le sport et l'aventure. Ce qui ne vous empêche pas de balancer quelques coups de griffe.
Car, tout en vous excusant de réagir comme "un vieux con", vous livrez une sorte de philosophie de vie. L'amour du travail bien fait, la tolérance, la haine de toute forme de discrimination, le respect, l'humilité, la fidélité sont autant de valeurs que vous avez fait vôtres. Pour cet ouvrage passionnant et tous ces bons moments que vous m'avez donnés au fil des ans, je n'ai qu'une chose à vous dire : merci !
PS : Si vous passez un de ces quatre par l'avenue Pierre Brasseur, sachez que je garde un cabernet sauvignon mis en bouteille par Francis Coppola. L'occasion parfaite de boire un coup, de parler du cinéma et du bon temps.
Claude Brasseur avec Jeff Domenech : Merci !, éditions Flammarion
Anderton
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