Artistes : Voici la troisième partie de notre hommage à François Truffaut, qui sera célébré par la Cinémathèque à l'occasion du 30e anniversaire de sa disparition. Retour en vidéos sur la filmographie du cinéaste, avec les propres commentaires de Truffaut.
L'Enfant sauvage (1970)
1970 : "Il y a une scène (…) qui m'a déterminé à faire le film (…) : la punition injuste infligée par Itard à son élève afin de le faire se révolter. (…) Dans mon désir de faire ce film est entrée une part d'agacement contre ce dont on parle depuis quelque temps : l'incommunicabilité. (…) Je trouve qu'on a trop raffiné autour de cette idée. Antonioni, notamment. Je dis souvent de lui que c'est le seul bon cinéaste que je n'aime pas !"
1974 : "Il n'y a pas beaucoup de défauts dans ce film. Certes, on peut discuter les méthodes d'éducation d'Itard, on peut ne pas aimer la conception de base du film, mais on ne peut pas dire que le film ait de grandes faiblesses. Il me plaît parce que j'ai rendu intéressante une chose qui, au point de départ, semblait très ingrate lorsqu'on la racontait. J'ai réussi à faire de l'anti-documentaire avec une chose extrêmement vraie."
Domicile conjugal (1970)
"Je crois que ce sera le dernier. Je tournerai encore avec Jean-Pierre Léaud, mais il ne sera plus Antoine. Je ne peux pas le suivre dans la vie parce que je ne veux pas faire, en quelque sorte, l'histoire d'un cinéaste. Je ne veux pas l'installer dans la société. (…) Je ne vois pas quoi rajouter. J'ai l'impression, par contre, que le suite existe déjà. Elle est dans Tirez sur le pianiste, La Peau douce, et si on peut l'intégrer dans un rêve, dans Fahrenheit 451."
1979 : "Mes plus fortes réserves vont à Domicile conjugal qui a été aussi celui qui a été le moins bien traité par la presse. Sur le moment, j'ai trouvé ça très injuste (…) mais en le revoyant, je l'ai vraiment divisé en 3 parties : tout ce qui est dans le domicile conjugal est très bien ; tout ce qui se passe dans le bureau où travaille Jean-Pierre, c'est du mauvais gag ; la troisième qui est l'adultère, l'aventure avec la Japonaise, c'est mauvais aussi parce que j'ai voulu que cette Japonaise soit comique, mais elle est tellement belle, elle a un visage tellement noble qu'on ne peut pas faire rire sur elle."
1979 : "Mes plus fortes réserves vont à Domicile conjugal qui a été aussi celui qui a été le moins bien traité par la presse. Sur le moment, j'ai trouvé ça très injuste (…) mais en le revoyant, je l'ai vraiment divisé en 3 parties : tout ce qui est dans le domicile conjugal est très bien ; tout ce qui se passe dans le bureau où travaille Jean-Pierre, c'est du mauvais gag ; la troisième qui est l'adultère, l'aventure avec la Japonaise, c'est mauvais aussi parce que j'ai voulu que cette Japonaise soit comique, mais elle est tellement belle, elle a un visage tellement noble qu'on ne peut pas faire rire sur elle."
Les Deux Anglaises et le continent (1971)
1971 : "Si on n'aime pas entendre parler d'amour au cinéma, il ne faut pas aller voir Les Deux Anglaises. Il n'y a pas une image, pas une phrase qui ne s'y rapporte. Les personnages éprouvent des sentiments très forts. Ils les commentent pour eux, entre eux, sans relâche, et ils arrivent à un certain moment à être malades d'amour. C'est la différence essentielle avec Jules et Jim qui était un hymne à la vie, alors que celui-ci est un film de douleur. (…) Plutôt qu'un film sur l'amour physique, j'ai essayé de faire un film physique sur l'amour. (…) J'ai commencé ce film dans un mauvais état moral qui s'est amélioré au fur et à mesure du tournage. Ce qui m'a fait souffler cette phrase à Claude : 'Je suis mieux à présent, j'ai l'impression que ce sont les personnages du livre qui vont souffrir à ma place'."
1972 : "J'ai essayé de détruire le romantisme en étant très physique, d'où cette insistance sur la maladie, la fièvre, les vomissements, etc."
1981 : "Le traitement des Deux Anglaises allait délibérément dans un sens de crudité pour compenser ce qui était trop angélique dans Jules et Jim".
Une belle fille comme moi (1972)
1972 : "C'est un film d'une vitalité exagérée, que je voulais proche de certains Billy Wilder (…). Je voulais probablement faire un film d'Audiard filmé par Jean Rouch. Le monde fou, que je ne méprise pas, d'ailleurs, d'Audiard filmé par un ethnologue. (…) C'est un film cruel, sans une once de sentiment, un comique de la dérision où tout est bafoué, mais j'espère que c'est trop gai pour être amer. (…) C'est mon premier film vraiment comique."
1975 : "Le film a été vu comme méprisant, c'est une erreur car on ne se méprise pas soi-même. Le film a été fait contre moi, c'est cela qui n'a pas été compris. Le film est ambigu dans le sens où il est secrètement, mais pas moins autobiographique que mes autres films. Dans Une belle fille comme moi, je suis les deux personnages, Camille Bliss et Stanislas, le sociologue".
Tous les propos du cinéaste sont tirés de l'ouvrage Le Cinéma selon François Truffaut, textes réunis par Anne Gillain, aux éditions Flammarion.
Travis Bickle
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