En salles : Parmi les films marquants sur l'enfance, il y avait Le Kid de Charlie Chaplin, Le Petit voleur d'Eric Zonca, Le Petit criminel de Jacques Doillon, La Petite voleuse de Claude Miller – il y aura désormais Le Petit Fugitif (Little Fugitive). A la toute première place.
Curieux destin que cette oeuvre tombée aux oubliettes depuis 1954, malgré son Lion d'Argent à Venise et la renommée dont elle a joui à son époque ! Merci donc à Carlotta, encore elle, d'avoir déniché ce trésor pour le ressortir en salles dans une sompteuse copie. Et avec le recul, cinq ans avant A bout de souffle et Les 400 coups, ce Petit fugitif apparaît comme l'ancêtre de la Nouvelle vague. Pas moins.
Un formidable film d'apprentissage
L'histoire ? Toute simple : Joey (interprété par Richie Andrusco), 7 ans, erre dans Brooklyn, à la suite d'une mauvaise blague de son frère aîné qui en a la garde. Sinistre prétexte à une errance dans les rues de Brooklyn, puis sur les plages de Coney Island, un week-end d'été caniculaire. Filmée à hauteur d'enfant, avec une caméra conçue pour l'occasion – que Godard chercha à récupérer pour son propre cinéma ! - cette chronique fait partie de ces oeuvres apparemment fragiles mais dont la puissance, la vitalité et la liberté sont inversement proportionnelles à leur budget : énormes.
C'est tout d'abord un formidable film d'apprentissage : le temps d'un week-end, l'espace d'une fête foraine sur Coney Island, un gamin fait l'apprentissage de la solitude, de l'ennui, de l'amour, de l'errance, de la peur, du jeu, de l'argent, de la bagarre – bref, de la vie ! Sans que jamais ce ne soit sentencieux ou grave : léger, en apensanteur, à l'image de la canicule qui s'abat sur Coney Island, précédant un orage salvateur.
Un formalisme stupéfiant
Ensuite, de par ses conditions de tournage, de montage et de destin, ce film annonce par bien des points le cinéma de John Cassavetes, notamment Shadows. Réalisé avec 3 dollars 6 pences, en souscription, par Morris Engel, photographe de son état, en plein air, à l'aide d'une caméra si petite pour l'époque qu'elle permet de saisir le quotidien dans toute sa saveur, ce film fait preuve d'une belle énergie. Et d'un formalisme à tomber : plongée sur la plage désertée après l'orage, rais de lumière sous les pontons, sur fond entêtant d'harmonica...
Au final, il apparaît comme un témoignage unique sur une Amérique en train de se défaire de ses mythes – le cow-boy, le western, la famille – au profit de l'argent, du consumérisme et de la télévision qui pointent leur nez. Le trailer est à voir ci-dessous et dans notre playlist Wat.
Ironie de l'histoire : Le Petit Fugitif fait la une du numéro 31 des Cahiers du cinéma – détail a priori futile, sauf que cet exemplaire est passé à la postérité : un certain François Truffaut y fustigeait "Une certaine tendance du cinéma français" - article qui pose les jalons de la Nouvelle Vague.
Travis Bickle
Un formidable film d'apprentissage
L'histoire ? Toute simple : Joey (interprété par Richie Andrusco), 7 ans, erre dans Brooklyn, à la suite d'une mauvaise blague de son frère aîné qui en a la garde. Sinistre prétexte à une errance dans les rues de Brooklyn, puis sur les plages de Coney Island, un week-end d'été caniculaire. Filmée à hauteur d'enfant, avec une caméra conçue pour l'occasion – que Godard chercha à récupérer pour son propre cinéma ! - cette chronique fait partie de ces oeuvres apparemment fragiles mais dont la puissance, la vitalité et la liberté sont inversement proportionnelles à leur budget : énormes.
C'est tout d'abord un formidable film d'apprentissage : le temps d'un week-end, l'espace d'une fête foraine sur Coney Island, un gamin fait l'apprentissage de la solitude, de l'ennui, de l'amour, de l'errance, de la peur, du jeu, de l'argent, de la bagarre – bref, de la vie ! Sans que jamais ce ne soit sentencieux ou grave : léger, en apensanteur, à l'image de la canicule qui s'abat sur Coney Island, précédant un orage salvateur.
Un formalisme stupéfiant
Ensuite, de par ses conditions de tournage, de montage et de destin, ce film annonce par bien des points le cinéma de John Cassavetes, notamment Shadows. Réalisé avec 3 dollars 6 pences, en souscription, par Morris Engel, photographe de son état, en plein air, à l'aide d'une caméra si petite pour l'époque qu'elle permet de saisir le quotidien dans toute sa saveur, ce film fait preuve d'une belle énergie. Et d'un formalisme à tomber : plongée sur la plage désertée après l'orage, rais de lumière sous les pontons, sur fond entêtant d'harmonica...
Au final, il apparaît comme un témoignage unique sur une Amérique en train de se défaire de ses mythes – le cow-boy, le western, la famille – au profit de l'argent, du consumérisme et de la télévision qui pointent leur nez. Le trailer est à voir ci-dessous et dans notre playlist Wat.
Ironie de l'histoire : Le Petit Fugitif fait la une du numéro 31 des Cahiers du cinéma – détail a priori futile, sauf que cet exemplaire est passé à la postérité : un certain François Truffaut y fustigeait "Une certaine tendance du cinéma français" - article qui pose les jalons de la Nouvelle Vague.
Travis Bickle
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